La relève agricole et la vie sur une ferme sont possibles même en pleine ville. Sauf que ça prend plus de doigté qu'en «vraie» campagne pour la cohabitation avec les urbains.

La relève agricole et la vie sur une ferme sont possibles même en pleine ville. Sauf que ça prend plus de doigté qu'en «vraie» campagne pour la cohabitation avec les urbains.

Le jeune couple Richard Lemay et Sonia Delude en sont la preuve vivante, eux dont la ferme laitière est à moins d'un demi-kilomètre du coeur de Brompton.

«C'est sûr qu'il faut toujours faire attention dans nos différentes activités car notre ferme est tellement collée sur la ville. L'épandage (des fumiers), on n'a pas le choix de le faire mais il faut prendre les dispositions pour limiter au possible les inconvénients (pour les nez sensibles des citoyens). Malgré ça on entend des remarques des gens quand on va en ville (de l'autre côté de la rivière Saint-François mais ce n'est pas agressif... Disons que la proximité de la ville est plus contraignante même si on est parfaitement dans nos droits de produire», signale M. Lemay.

Celui-ci a pris la relève de son père, le bien connu Gilles Lemay, sur cette deuxième ferme qu'il a acquise à l'extrémité du chemin Asselin. Graduellement, il y a développé un troupeau laitier qui ferait l'envie de bien des producteurs: 125 têtes dont 65 vaches laitières. Et à une moyenne annuelle de quelque 9600 kg de lait par productrice, c'est plus que la moyenne québécoise. Des quelque 625 acres de la ferme, environ 400 sont en culture.

C'est à 17 ans, après avoir essayé la vie de travailleur chez Kruger, que Richard Lemay a su qu'il serait agriculteur.

«À ce moment-là, c'est devenu clair pour moi. Comme j'avais appris le travail sur la ferme paternelle (du boulevard Saint-François ça n'a pas été difficile de me faire à ce mode de vie», explique celui dont la préférence va pour l'amélioration du rendement des animaux.

«J'aime mieux ça (améliorer le cheptel) que les travaux aux champs. Le tracteur, ça va mieux à Sonia qu'à moi», lance-t-il d'un éclat de rire.

Fille de ville

De fait, sa conjointe, vraie fille de ville, a au cours des ans acquis tous les rudiments de productrice agricole. Même que l'infirmière de formation s'est inscrite à l'enseignement en agriculture à Coaticook (au CRIFA). Et si de surcroît elle est fille de mécanicien, Mme Delude préfère incidemment conduire le tracteur que d'avoir à le réparer.

Ceci étant dit, elle a développé la passion pour le travail à la ferme. «Ça m'a pris deux ans pour m'adapter... Au début, je ne comprenais pas que pendant que mes chums allaient faire du bateau, sur la ferme il fallait faire les foins par beau temps. Mais au fur et à mesure, j'ai appris à connaître et à aimer ça. C'est plus qu'une job, le travail à la ferme, c'est un mode de vie», dit-elle. Malgré les longues heures et l'ingéniosité qu'il faut y mettre pour faire face aux dépenses et vivre décemment.

Parents de garçons de 11 et 13 ans, le couple Lemay-Delude espère qu'il se trouvera de la relève parmi eux.

«Ils sont jeunes et on essaie de leur montrer que ce n'est pas juste beaucoup de travail vivre sur une terre. Ils seront libres de leur choix plus tard mais c'est sûr que comme tous les producteurs agricoles, on rêve de voir nos enfants continuer ce qu'on a entrepris», soumet Richard Lemay.