BOUCHONS MAC EN BREF

BOUCHONS MAC EN BREF

Bouchons MAC est l'un des plus importants fabricants de bouchons en plastique au Canada. L'entreprise possède une usine à Waterloo, où se trouve son siège social, et une autre à Oakville, en Ontario.

La PME de 200 employés se spécialise dans la fabrication de bouchons pour les produits pharmaceutiques (elle domine 80 % du marché canadien) et de soins personnels (shampooing, savon, etc.). Elle est le plus important fournisseur en Amérique du Nord pour les marques privées dans le secteur des produits de lessive (assouplisseurs, eaux de Javel, etc.).

Près de quatre millions de bouchons sont produits chaque jour. La moitié de la production est vendue aux États-Unis et l'autre moitié au Canada. Le chiffre d'affaires est de 45 millions $.

L'entreprise appartient à 80 % à NovaCap, une société de capital de risque, de même qu'à trois personnes de Bouchons MAC: le président-directeur général Gilles Decelles, ainsi que Norm Taylor et Daniel Desjardins.

Innover pour survivre

L'industrie du plastique ne pouvait y échapper: tout ce qui a trait à la production en grand volume a foutu le camp dans les pays émergents. Par conséquent, les entreprises de plasturgie d'Amérique du Nord doivent innover pour survivre, croit Gilles Decelles, président-directeur général de Bouchons MAC.

" Et la seule façon de réussir, dit-il, c'est d'investir dans de l'équipement de haute technologie, mais aussi dans les ressources humaines de très haut niveau. Il faut aussi mettre tout en oeuvre pour se différencier. Dans notre cas, on fait du reverse planning. Notre planification est très, très serrée. Avant, les délais de livraison étaient de 10 à 12 semaines. Nous avons ramené ça à trois semaines. "

Gilles Decelles a d'ailleurs pris les moyens pour insuffler une nouvelle dynamique à la plasturgie au Québec. Constatant qu'il n'y avait aucune formation universitaire au Canada en la matière, M. Decelles a supervisé et trouvé du financement (avec le concours des gens de l'industrie) pour la mise sur pied en 2000 d'un certificat en plasturgie à l'Université Laval. Un autre programme du genre est sur le point de voir le jour à l'École polytechnique de Montréal.

" Le problème avec la plasturgie au Québec, c'est qu'à peu près tous les travailleurs avaient appris sur le tas. Il fallait que ça change, que ne soit plus simplement un métier, mais une science exacte. Les Américains et les Européens offrent depuis longtemps des programmes de formation. Ça nous faisait défaut. Nous sommes maintenant capables d'être concurrentiels à l'échelle mondiale. "

Haro sur les règlements

S'il est une chose qui irrite au plus haut point Gilles Decelles, c'est la façon dont certains règlements sont appliqués au Québec. " Quand on engage un travailleur, on devient responsable de lui à 100 % après seulement 30 jours d'embauche et ça, je trouve que ça n'a pas d'allure ", s'exclame le pdg de 59 ans.

" C'est un fardeau incroyable qui peut coûter très cher à une entreprise. Les décisions sont toujours arbitraires et ça crée souvent des précédents. J'aime le Québec et je ne déménagerai jamais d'ici. J'aime 90 % de mes employés, mais il y a un 10 % qui prend avantage de la mollesse du système qui, à mon avis, a dépéri depuis cinq ou six ans. "

Le camp des enfants

La PME de Waterloo a une approche personnalisée de l'équilibre travail-famille.

Par exemple, dès que sonne la fin des classes, Bouchons MAC met sur pied son propre camp d'été. Théâtre, musique, activités en tous genres et sorties hebdomadaires sont au menu pour les enfants des employés.

" Comme nos travailleurs ont des quarts de travail de 12 heures, on prend les enfants en charge de 6h30 jusqu'à 19 h. Ça répond vraiment à un besoin, on accueille 40 enfants chaque été ", explique Gilles Decelles.

Par ailleurs, l'entreprise de Waterloo appuie financièrement des initiatives de ses employés et de leur famille. Elle paie notamment les coûts d'inscription à différents cours. La PME se fait également un devoir d'offrir des bourses d'études aux enfants de ses employés: 500 $ par année au cégep et 1000 $ par année d'université.

PME à vendre

NovaCap, le principal actionnaire (80 % des actions) de Bouchons MAC, est sur le point de tirer sa révérence. Bref, la PME de Waterloo est à vendre. " C'est à peu près certain que ça va être un autre groupe de financiers qui va faire l'acquisition de l'entreprise. Il y a beaucoup de gens qui se sont montrés intéressés, des fabricants américains et européens, mais aussi des gestionnaires de fonds ", affirme Gilles Decelles. Y a-t-il lieu de s'inquiéter de l'avenir de l'entreprise, qui, selon M. Decelles, possède " le plus gros payroll " de Waterloo, une municipalité d'environ 5000 âmes? " Tous nos employés sont au courant que nous allons être achetés. Il y en a qui sont inquiets. Mais il y a ici tellement de talents et tellement d'expertise que ceux qui achèteront jetteraient carrément leur argent à l'eau en fermant l'usine. "

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