Ghislaine Blais avait payé 1400 $ dans un encan de Repentigny pour un mobilier de salon de style victorien. Un canapé, deux fauteuils et une table basse en noyer massif. Quelques mois plus tard, après un déménagement, l'ensemble ne lui convenait plus. En mai 2005, elle décide de s'en départir.

Ghislaine Blais avait payé 1400 $ dans un encan de Repentigny pour un mobilier de salon de style victorien. Un canapé, deux fauteuils et une table basse en noyer massif. Quelques mois plus tard, après un déménagement, l'ensemble ne lui convenait plus. En mai 2005, elle décide de s'en départir.

Impossible de le revendre à l'endroit où elle l'avait acheté : l'encan se spécialise désormais dans les tapis. Attiré par sa réputation, Mme Blais se tourne vers Iegor de Saint Hippolyte.

Au bout du fil, le commissairepriseur montre de l'intérêt. Après avoir vu des photos, M. de Saint Hippolyte lui retourne le courriel suivant : " Comptez de 2000$ à 3000 $ pour cet ensemble de salon de style Louis XV et d'époque XXe. Nous pourrions l'inclure dans notre prochaine vente aux enchères cataloguée, qui aura lieu le 24 mai au Nouvel Hôtel des Encans, 872 rue du Couvent à Montréal. Appelez-moi. Bien à vous. "

Mme Blais est emballée. Un camion vient chercher ses meubles... qu'elle laisse partir sans reçu de consigne.

Mais en septembre, Mme Blais tombe en bas de sa chaise ! M. de Saint Hippolyte l'informe que les meubles ont été vendus pour 400 $. Fin novembre, elle reçoit par la poste un chèque et un état de compte. Prix d'adjudication : 400 $. Frais de vente : 81,60 $, soit 20 % du montant de la vente. Transport : 75 $. Frais d'ouverture de dossier : 20 $. Au bout du compte, son paiement n'est que de 223,40 $.

Elle rappelle M. de Saint Hippolyte. Elle veut savoir le nom des acheteurs pour renverser la transaction. Pas question ! Mme Blais laisse retomber la poussière sur sa mésaventure, jusqu'au jour où elle fait appel à nous.

Que s'est-il passé ? Les versions divergent.

M. de Saint-Hippolyte explique qu'au moment où il a reçu l'ensemble de salon, il a bien vu qu'il ne s'agissait pas de véritables antiquités, mais plutôt de copies de fabrication récente.

La valeur est par conséquent bien différente. Incapable de joindre Mme Blais avant la tenue de l'encan du 24 mai, M. de Saint Hippolyte explique qu'il a décidé de ne rien vendre. En effet, la dame était partie en vacances. À son retour, à la fin mai, elle est allée le rencontrer au Nouvel Hôtel des encans.

M. de Saint-Hippolyte raconte qu'il lui a alors offert de reprendre ses meubles ou de les vendre au plus offrant. "Au plus offrant " signifie sans aucune " réserve ", c'est-à-dire sans prix plancher en dessous duquel le vendeur n'est pas prêt à vendre. Les meubles ont été vendu à l'encan du 22 juin, pour 400 $, le juste prix du marché, réitère M. de Saint Hippolyte.

Mais les souvenirs de Mme Blais sont complètement différents. Elle dit que M. de Saint Hippolyte ne l'a pas informé que ses meubles étaient des copies et que, en conséquence, leur valeur était beaucoup plus faible que prévu.

Sachant cela, la dame assure qu'elle n'aurait jamais accepté de vendre ses meubles au plus offrant. Par contre, Mme Blais confirme qu'elle n'a jamais fixé un prix de réserve avec M. de Saint Hippolyte. Elle n'a pas cru bon de le faire, compte tenu de l'évaluation préliminaire de 2000 à 3000 $. " Il était tellement confiant que ça allait se vendre, que c'était chose faite. Son courriel allait dans ce sens ", dit-elle.

Comment démêler les versions de chacun ? Impossible de revenir dans le temps pour revoir la scène. En plus, Mme Blais n'a jamais eu de contrat ou de document précisant les conditions de la vente. Seul un juge pourrait trancher.Or, Mme Blais n'a pas l'intention d'aller aux petites créances. Pas l'énergie. Trop long. Blessantet humiliant, aussi. Mme Blais préfère considérer ses " antiquités " comme de l'histoire ancienne.

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