La banque Merrill Lynch (MER), touchée de plein fouet par la crise des «subprime», aurait fait appel à des fonds spéculatifs pour masquer certaines pertes, des manipulations comptables suspectes sur lesquelles enquête la SEC, affirme vendredi le Wall Street Journal.

La banque Merrill Lynch [[|ticker sym='MER'|]], touchée de plein fouet par la crise des «subprime», aurait fait appel à des fonds spéculatifs pour masquer certaines pertes, des manipulations comptables suspectes sur lesquelles enquête la SEC, affirme vendredi le Wall Street Journal.

Cette information, que la banque a refusé de commenter auprès du quotidien, a eu un effet désastreux sur le marché, et l'action Merrill Lynch chutait de près de 10% en matinée à la Bourse de New York.

Plusieurs transactions ont été effectuées entre des fonds spéculatifs et Merrill Lynch relatives à des obligations adossées à des prêts hypothécaires à risque («subprime»), permettant à la banque de sortir de ses comptes certains titres liés à à des crédits à risque, selon des sources proches du dossier citées par le WSJ.

Celui-ci cite notamment une cession de titres pour 1 milliard $ entre un fonds - non cité - et une entité rattachée à Merrill Lynch, avec un engagement de la part du fonds de ne pas revendre ces titres avant un an à Merrill.

Ces opérations ont permis à la banque de différer un certain nombre de dépréciations liées à des titres adossés à des créances non recouvrables - celles de particuliers ne pouvant rembourser leur prêt hypothécaire - pour ne pas présenter des résultats encore plus catastrophiques qu'ils ne l'ont été au troisième trimestre.

Plusieurs transactions suspectes sont dans le collimateur du régulateur boursier SEC, qui cherche à savoir si la banque était au courant depuis cet été de l'ampleur de ses problèmes et les aurait dissimulés, toujours selon les sources du quotidien.

Merrill Lynch a annoncé la semaine dernière les pires pertes du secteur pour le trimestre, avec près de 8 milliards de dollars de dépréciations en raison d'un grand nombre d'obligations adossées à des créances de mauvaise qualité.

Ces dépréciations ont choqué les marchés et le patron Stanley O'Neal a été poussé à la démission trois jours plus tard, car Merrill avait annoncé début octobre des dépréciations de «seulement» 4,5 milliards.

L'intérêt de la SEC ne se limite actuellement pas à Merrill Lynch: depuis plusieurs semaines, le régulateur se penche sur les comptes des grandes banques américaines pour tenter d'évaluer l'ampleur des dégâts de la crise financière.

La crise, qui a débuté par le ralentissement du marché immobilier américain et a déstabilisé le secteur des prêts hypothécaires à risque - ceux accordés aux ménages au profil financier fragile -, a eu un effet domino sur plusieurs types de placements, en raison de la multiplicité sur le marché de titres dérivés de créances.

Ces titres, qui présentaient en théorie de forts rendements, sont devenus des coquilles vides en raison du grand nombre d'emprunteurs incapables d'honorer leurs créances, notamment les foyers qui ont emprunté à des taux très élevés pour acheter un logement quand le marché immobilier s'envolait.

Le nombre de procédures de saisies immobilières aux États-Unis a d'ailleurs doublé au troisième trimestre: un foyer américain sur 196 fait l'objet d'une telle procédure, selon le cabinet RealtyTrac.

Le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, avait estimé mi-octobre qu'il y aurait un peu plus d'un million de procédures de saisies engagées cette année.