La Bourse de Toronto a perdu près de 600 points durant la séance de jeudi, du jamais vu depuis six ans, avant de se reprendre partiellement en fin de journée. Les places boursières du monde entier ont navigué dans la tourmente, celles d'Europe et d'Asie clôturant sur de forts reculs.

La Bourse de Toronto a perdu près de 600 points durant la séance de jeudi, du jamais vu depuis six ans, avant de se reprendre partiellement en fin de journée. Les places boursières du monde entier ont navigué dans la tourmente, celles d'Europe et d'Asie clôturant sur de forts reculs.

Le TSX a terminé en baisse de 200 points ou 1,5 % à 12 848,7. Plus de 708 millions d'actions ont été échangées, ce qui constitue de loin un record. Le précédent sommet, atteint le 12 juillet dernier, était de 499,8 millions.

La dégringolade des derniers jours, qui a maintenant effacé tous les gains de l'indice canadien depuis le début de l'année, a forcé le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, à intervenir pour tenter de rassurer les Canadiens en soulignant la santé de l'économie.

«Il ne fait aucun doute que nos facteurs économiques fondamentaux sont des plus solides – cela s'applique autant à la situation financière des entreprises qu'à l'épargne des ménages – et que notre système financier demeure très bien capitalisé», a indiqué M. Flaherty par voie de communiqué.

Il dit suivre la situation de près et rester en étroite communication avec le gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge.

La journée de jeudi a provoqué des glissades spectaculaires, comme celle de la minière Redcorp, qui a perdu le quart de sa valeur. La vancouvéroise a annoncé qu'elle détient 102,2 M$ d'obligations de la financière Coventree, touchée par la crise des liquidités.

Dans une étude parue durant la tumultueuse journée de jeudi, la Banque CIBC estime que les pressions de vente qui s'exercent maintenant sur les marchés des actions et du crédit relèvent plus de la peur que de la réalité.

La Bourse de croissance, qui a encouru des pertes de plus de 11 % en milieu de journée, a terminé en recul de 215 points ou 8,1 % à 2445,2.

À New York, le Dow Jones a eu une journée particulièrement instable: si son recul a dépassé les 300 points en cours de journée, il ne perdait plus que 46 points ou 0,4 % à la fermeture, à 12 815,3.

Le Nasdaq et le S&P 500 se sont aussi stabilisés, terminant la séance sur des baisses respectives de 0,7 % et 0,1 %.

Les indices américains s'étaient aussi enfoncés profondément dans le rouge dès le début de la journée et ne sont remontés que dans les toutes dernières minutes précédant la clôture, le Dow Jones faisant même une brève incursion dans le vert.

Le rebond de la Bourse a été accueilli par des cris de soulagement sur le parquet du New York Stock Exchange.

Cette volatilité du marché était sans doute due, selon Peter Cardillo d'Avalon Partners, à l'expiration d'options en fin de semaine.

«C'est un signe que le marché pourrait être en train de se stabiliser, que la fin de la correction est proche», a-t-il aussi ajouté.

Durant la séance, les trois indices boursiers ont en effet été en baisse de plus de 10% par rapport à leur plus hauts de juillet. Une baisse de 10% sur une courte période est considérée par les spécialistes comme une «correction boursière».

Selon Michael Malone, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à liquider leurs placements risqués financés par l'endettement («leverage» en anglais).

La Réserve fédérale américaine (Fed) a déjà annoncé qu'elle injectait 5 G$ US, puis 12 G$ US de liquidités sur les marchés portant le total de ses interventions en une semaine à 88 G$ US.

Des institutions financières se sont entendues jeudi à Montréal pour affronter la crise des liquidités. L'accord a été signé par ABN AMRO, Barclays Capital, la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Mouvement Desjardins, la Deutsche Bank, HSBC, Investissements PSP, Merrill Lynch, la Banque Nationale et UBS, en présence de représentants de DBRS.

Les participantes ont présenté leur plan comme une solution visant à favoriser l'établissement d'activités normales au sein du marché canadien des obligations liées à des actifs adossés à des titres de créances (Asset-Backed Commercial Paper ou ABCP, en anglais).

Les signataires recommandent aux acteurs du marché de convertir toutes les obligations ABCP à court terme en obligations à terme à taux variable échéant au plus tôt à la date d'expiration des actifs sous-jacents correspondants. Les intérêts sur ces nouvelles obligations seraient alors exigibles mensuellement ou trimestriellement, selon les cas.

La panique en Europe

La Bourse de Londres a clôturé en chute de 4,1 %. Aucune valeur ne résiste à la dégringolade générale, les financières étant les plus touchées par cette lame de fond, avec des reculs de 4% à 8%.

Les minières côtées à Londres reculent aussi fortement, les investisseurs craignant que la crise financière ne ralentisse l'économie des pays fortement consommateurs de matières premières. Rio Tinto clôture ainsi en baisse de 6,48%.

La baisse est à peine moins marquée à Paris, qui termine la journée 3,26% moins haut que la veille, atteignant son plus bas niveau de l'année.

«Il y a presque un vent de panique, le mot commence à circuler sur les marchés», a expliqué un vendeur d'actions d'une société de Bourse spécialisée à Paris.

«Les marchés restent tétanisés sous le coup des annonces concernant l'exposition des fonds aux subprime», a expliqué Valérie Plagnol, analyste chez Crédit Mutuel CIC.

L'Asie a aussi connu une journée noire. À Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei des principales valeurs a terminé en forte baisse de 1,99%, son plus bas niveau depuis fin novembre. L'indice coréen a clôturé en chute de 6,9%.