Les prix à la consommation hors énergie et produits frais au Japon ont reculé de 0,4% en août, montrant que la déflation que beaucoup croyaient morte reste une relative menace pour la deuxième économie mondiale, selon des statistiques publiées vendredi.

Les prix à la consommation hors énergie et produits frais au Japon ont reculé de 0,4% en août, montrant que la déflation que beaucoup croyaient morte reste une relative menace pour la deuxième économie mondiale, selon des statistiques publiées vendredi.

Cette mauvaise surprise s'ajoute à la douche froide qu'avait provoqué fin août l'annonce d'un taux d'inflation beaucoup plus bas que prévu en juillet, fruit d'une révision du "panier" de produits servant à calculer l'indice.

Les prix à la consommation hors produits frais (mais incluant l'énergie) avaient alors progressé de 0,2%, alors que le marché prévoyait 0,5%.

La raison: l'inclusion dans le "panier" de nouveaux produits électroniques grand public --comme les téléviseurs LCD et les enregistreurs DVD-- dont les prix ont facilement tendance à dégringoler à cause de la concurrence féroce.

En août, les prix à la consommation hors produits frais (énergie incluse) ont augmenté de 0,3% sur un an, leur dixième hausse mensuelle consécutive. Les économistes prévoyaient en moyenne une progression de 0,2%.

Mais cette hausse est largement à mettre au crédit des carburants et de l'électricité, dont les prix ont bondi de 4,2%.

Les autres produits du "panier" affichent une croissance beaucoup plus molle, voire négative.

L'indice des prix à la consommation excluant les volatils prix de l'énergie et des produits frais, considéré comme le meilleur indicateur des tendances de fond de l'inflation ou de la déflation, a ainsi accéléré son déclin. Il a reculé de 0,4% en août sur un an, après avoir perdu 0,3% en juillet.

Ces statistiques "suggèrent que les prix du pétrole ont été virtuellement le seul moteur de la hausse des prix à la consommation" ces derniers mois, note Hiromichi Shirakawa, économiste au Crédit Suisse à Tokyo.

"Les prix du pétrole ont fortement chuté depuis début août, ce qui devrait se répercuter sur le prix de l'essence à partir d'octobre. Cela fait présager un ralentissement graduel des prix", a-t-il expliqué.

"Si l'on exclut les prix de l'énergie, les prix à la consommation diminuent. Il est donc difficile d'affirmer que le Japon a éliminé la déflation", commente pour sa part Junichi Makino, économiste à l'Institut de recherche Daiwa.

Un point de vue partagé par le gouvernement japonais, qui se refuse depuis des mois à proclamer la fin de la déflation, phénomène pernicieux qui s'était installé dans l'économie nippone durant l'été 1998.

La Banque du Japon, quant à elle, a déclaré la déflation morte et enterrée en mars dernier. Elle a confirmé son diagnostic le 14 juillet, en abolissant la politique de taux d'intérêt zéro qu'elle menait depuis 2001 et en augmentant le loyer de l'argent d'un quart de point.

Une décision que certains économistes ont vivement critiqué après le faible chiffre de l'inflation de juillet dernier.

La BoJ défend vigoureusement son point de vue. Selon elle, il ne faut pas être obnubilé par les prix à la consommation mais prendre en compte tous les indicateurs qui prouvent que la reprise de l'économie nippone est solide, et que des risques de surinvestissement existent.

Une théorie que soutiennent d'autres statistiques publiées jeudi et vendredi: la production industrielle a augmenté de 1,9% en août, tirée par l'automobile et l'électronique.

Le taux de chômage est resté stable à 4,1%, les revenus des ménages salariés ont augmenté de 2,8% et les ventes de détail de 1,3%, confirmant la bonne tenue de l'investissement et de la consommation.

"Il n'y a rien dans les prix à la consommation qui puisse choquer la BoJ, tandis que les chiffres de l'économie réelle confirment que la reprise continue. Nous continuons à penser que la BoJ relèvera les taux d'intérêt d'un quart de point supplémentaire avant la fin 2006", prédit Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities.

roc/agr/pg