Tandis que le plus important surplus de copropriétés en plus de 30 ans continue de grossir, les constructeurs de Miami bâtissent et bâtissent encore.

Tandis que le plus important surplus de copropriétés en plus de 30 ans continue de grossir, les constructeurs de Miami bâtissent et bâtissent encore.

Ce surplus provoquera une baisse des prix susceptible d'atteindre 30%, pire dégringolade depuis les années 1970, et il pourrait contribuer à provoquer une récession en Floride dès octobre, selon Mark Zandi, économiste en chef de Economy.com, une division de Moody's établie à West Chester, en Pennsylvanie. M. Zandi possède une maison à Vero Beach, en Floride.

«La Floride est l'épicentre de tous les problèmes que rencontre l'industrie de l'habitation», avance pour sa part Lewis Goodkin, président de Goodkin Consulting Corp., et un conseiller en matière de propriétés à Miami depuis les 30 dernières années. M. Goodkin, qui prévoit également une récession, ajoute: «Les problèmes que nous constatons maintenant sont sans précédent et des tas de gens vont écoper.»

Pas moins de 37 nouveaux grands bâtiments de copropriétés et 20 000 unités sont en construction à l'heure actuelle au centre de Miami, sur une superficie de 1040 acres, là où les ventes ont chuté de près de 50% en mai dernier, d'après les données de Florida Association of Realtors.

Ces nouvelles habitations s'ajouteront aux 22 924 copropriétés existantes qui étaient en vente en avril dernier dans le comté Miami-Dade.

Selon Jack McCabe, PDG de McCabe Research & Consulting, à Deerfield Beach, en Floride, c'est le plus grand nombre d'habitations non vendues depuis que M. McCabe a commencé à recueillir des données sur les ventes en 2002.

«Avez-vous été à Miami récemment?», demandait Charlie Crist, le gouverneur de la Floride, lors d'une conférence des constructeurs d'habitations la semaine dernière à Orlando.

«On dirait que la Floride a un nouvel emblème aviaire, ajoutait-il, la grue de construction.»

À l'échelle nationale aux États-Unis, l'industrie de l'habitation fournit 10,6% des emplois, mais cette proportion grimpe à 20% en Floride, selon M. Zandi.

En mai dernier, le nombre d'emplois dans la construction en Floride a baissé de 2,9% à 626 200 par rapport au sommet atteint en juin 2006, d'après le Bureau of Labor Statistics des États-Unis.

La faiblesse de l'industrie de l'habitation aux États-Unis a incité les décideurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) à revoir à la baisse leurs prévisions touchant la croissance économique au cours des deux prochaines années.

L'économie connaîtra un essor de 2,25% à 2,5% au quatrième trimestre de 2007 par rapport à un an plus tôt, comparativement à une prévision de 2,5% à 3% que la Fed avait émise en février dernier.

La vigueur de l'économie floridienne de 2001 à 2005 a été alimentée par les milliers d'emplois bien payés liés au marché immobilier et aux propriétaires qui ont utilisé la valeur nette de leur maison pour acheter des articles tels que des bateaux et de gros téléviseurs, explique M. McCabe.

«Tous ces emplois s'envolent maintenant et nous en constatons les effets, soit la baisse des ventes chez les gros détaillants et les manufacturiers de meubles de maison, ajoute-t-il. La Floride se dirige vers une récession.»

Toutefois, un tel scénario pourrait être évité et les «graves problèmes» de l'industrie de l'habitation en Floride pourraient être réglés par l'apport des retraités américains et des acheteurs étrangers, croit David Denslow, un économiste de l'Université de la Floride à Gainesville.

«La vague des retraités baby boomers prend de la vigueur et le dollar plus faible semble faire de la Floride une aubaine aux yeux des Européens», précise M. Denslow. «Avec un peu de chance, cela nous fera passer à travers», ajoute-t-il.