Vincent Lacroix croyait bien avoir démontré qu'il héritait d'un trou de plus de 20 M$ avec l'achat de Capital Teraxis auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec, mais sa thèse s'est écroulée mercredi après-midi.

Vincent Lacroix croyait bien avoir démontré qu'il héritait d'un trou de plus de 20 M$ avec l'achat de Capital Teraxis auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec, mais sa thèse s'est écroulée mercredi après-midi.

En contre-interrogeant lors de son procès pénal le juricomptable François Filion, qui a enquêté pour l'Autorité des marchés financiers dans l'affaire Norbourg, M. Lacroix a eu une mauvaise surprise.

Au départ, l'ex-PDG de Norbourg faisait un rapprochement peu subtil entre le «trou comptable» que lui aurait légué la Caisse avec Teraxis et l'argent remboursé à Desjardins à l'été 2004.

Rappelons que de 2000 à 2004, Desjardins a emprunté 20 M$ au géant bancaire américain Citibank pour investir chez Norbourg. Toutefois, sa filiale Opvest a rappelé l'argent en juin 2004 et obtenu 22,3 M$. M. Lacroix est accusé d'avoir pigé le remboursement dans les poches des investisseurs.

M. Lacroix jugeait qu'un écart de presque 22,3 M$ existait dans 5 fonds surnommés Perfolio à la fin d'avril 2004 ainsi que deux fonds de type REER (Américain RER et Leaders Mondiaux RER).

La mécanique exposée était la suivante : les 5 fonds comprenaient un peu plus de 20 M$ au bilan le 31 mars 2004 chez le gardien de valeurs Trust Banque Nationale.

Au moment où Norbourg a cueilli ces fonds transférés vers «son» gardien Northern Trust, le solde était négatif de 1,16 M$. À la lecture des documents, le témoin François Filion un écart d'environ 21,2 M$. Ensemble, les fonds Américain RER et Leaders Mondiaux RER creusaient cet écart pour le porter à environ 22,3 M$.

Vincent Lacroix a donc demandé à M. Filion s'il voyait un «manque d'actifs» au bilan à la fin d'avril 2004. Le témoin s'est voulu prudent, répondant qu'il aurait fallu faire un suivi sur l'argent pour savoir où les sommes sont allées, au même titre que lors de son enquête sur Norbourg.

C'est là que M. Lacroix a posé sa question incendiaire, demandant à François Filion quelle était la différence entre l'écart constaté dans les fonds Evolution et les sommes remboursées à Desjardins Opvest deux mois plus tard, soit en juin 2004.

La réponse ? Seulement 16 147 $, une différence mince dans des fonds où transitaient des dizaines de millions de dollars.

Mais en après-midi, François Filion a sorti un lapin de son chapeau. Il a longuement expliqué comment les millions «manquants» au départ ont pu transiter à titre d'encaisse dans des comptes en fiducie ou être transférés ailleurs pour Evolution.

En août et septembre 2004, les valeurs en question sont revenues chez Northern Trust afin que Norbourg puisse les gérer. M. Filion dit soutenir cette thèse autant avec les rapports annuels des fonds qu'avec les documents des vérificateurs et les données de Northern Trust.

«Les gens chez Norbourg ne travaillaient pas sur des valeurs irréelles comme nous l'avons vu [plus tard] avec les retraits irréguliers», précisait le juricomptable.

En entendant cette révélation, Vincent Lacroix a été visiblement interloqué. Toutefois, il a trouvé le moyen de s'accrocher à une nouvelle bouée de sauvetage.

En effet, l'ancien PDG a sorti un rapport daté de septembre 2005 de l'administrateur provisoire Ernst & Young. Le document a fait état d'un «trou» de 16,9 M$ dans les fonds Perfolio au 31 juillet 2005, un problème qui n'est pas attribué à Norbourg si l'on tenait compte des retraits irréguliers déjà faits.

Ressortant un scénario déjà connu dans la salle d'audience, François Filion a suggéré qu'il fallait faire des vérifications pour mieux comprendre...