Sur le marché des options où les investisseurs les plus futés font fi de la sagesse conventionnelle, la Réserve fédérale américaine (Fed) fait face à des pressions de plus en plus vives pour majorer les taux d'intérêt.

Sur le marché des options où les investisseurs les plus futés font fi de la sagesse conventionnelle, la Réserve fédérale américaine (Fed) fait face à des pressions de plus en plus vives pour majorer les taux d'intérêt.

Ainsi, les options sur les contrats à terme sur les fonds fédéraux au Chicago Board of Trade indiquent qu'il y a 41% de chances que la banque centrale américaine haussera son taux cible des prêts d'un jour entre les banques à 5,5% par rapport au niveau actuel de 5,25%, selon des données compilées par Bloomberg.

Il y a un mois, elles n'indiquaient aucune prévision de hausse de taux.

Si l'économie américaine a crû à son rythme le plus lent en plus de quatre ans au premier trimestre, l'inflation demeure toutefois dans la partie supérieure de la «zone de confort» de la Fed, l'activité des entreprises a rebondi, le taux de chômage est près d'un creux de six ans et les indices boursiers atteignent des sommets records.

Il y a trois mois à peine, les négociateurs d'options faisaient le pari que le marché de l'habitation le plus faible en 16 ans allait contraindre la Fed à abaisser les taux d'intérêt à 4,5% d'ici janvier prochain.

«L'économie est en meilleur état que ce que les gens voulaient bien reconnaître», assure Jamie Jackson, responsable des transactions sur des titres de dette gouvernementaux chez RiverSource Investments, à Minneapolis, qui gère pour 100 milliards US en obligations.

«Les gens ont exagéré les répercussions de la faiblesse du marché de l'habitation, ajoute-t-il. Si la Fed devait faire quelque chose d'ici la fin de l'année, ce serait un resserrement du crédit.»

La possibilité d'au moins une réduction du taux de prêts d'un jour entre les banques a chuté à 29% par rapport à 83% depuis le début de mai, indiquent les prix des options.

Les décideurs de la Fed «ont commencé à nous dire pas mal clairement qu'ils ne sont pas satisfaits de voir que l'inflation se situe dans la partie supérieure de leur cible», explique Stan Jonas, qui négocie des options sur titres de créance à New York chez Axiom Management Partners.

«Le tiers des négociateurs pensent que la prochaine décision en sera une de resserrement», ajoute-t-il.

Les options reflètent avec plus d'exactitude les changements de politique monétaire que les contrats à terme, baromètre le plus largement utilisé, parce qu'elles comprennent la plus grande gamme de paris, selon des études réalisées par la Banque de réserve fédérale de Cleveland, en 2005, et la Banque de réserve fédérale de St. Louis, en 2006.

Le travail de la Fed de Cleveland a influencé l'étude des prévisions touchant la politique monétaire et il suit «une procédure parfaitement valable», selon James Hamilton, professeur d'économie de l'Université de la Californie, à San Diego.

Le Chicago Board of Trade a commencé à proposer les options en 2003 et il offre des contrats qui permettent des paris sur le taux cible de la Fed depuis juillet dernier.

Les options dites binaires paient 1000$US si un investisseur fait le bon pari quant à la décision de la Fed portant sur les taux d'intérêt lors de ses réunions régulières. L'investisseur ne touche rien si son pari n'est pas le bon.

Les dépenses personnelles des consommateurs sur les éléments excluant l'alimentation et l'énergie, la mesure d'inflation que préfère la Fed, ont augmenté de 2% en avril dernier, soit au sommet de la fourchette de 1 à 2% que vise la Fed. Cette mesure a été supérieure à 2% au cours des 12 mois précédents.

«La croissance économique va s'accélérer à mesure que nous avançons dans l'année», indiquait la semaine dernière Randall Kroszner, un gouverneur de la Fed.

«Les risques associés aux perspectives d'inflation sont principalement à la hausse», ajoutait-il.