Le banquier offshore Martin Tremblay a plaidé coupable lundi à une accusation réduite d'avoir accepté, en mars 2005, de blanchir de l'argent qu'il croyait provenir du trafic de la drogue.

Le banquier offshore Martin Tremblay a plaidé coupable lundi à une accusation réduite d'avoir accepté, en mars 2005, de blanchir de l'argent qu'il croyait provenir du trafic de la drogue.

En échange de ce plaidoyer de culpabilité longuement négocié, la poursuite a accepté de laisser tomber les deux chefs d'accusation les plus substantiels qui pesaient sur le Saguenéen de 44 ans.

Ces accusations abandonnées lundi impliquaient huit fraudeurs et narcotrafiquants non accusés et alléguaient que plus d'un milliard de dollars avaient été blanchis par Tremblay et sa firme, Dominion Investments, des Bahamas.

Au terme de tractations entre la défense et le procureur fédéral chargé de la cause, Tremblay a accepté de reconnaître sa culpabilité à un seul chef d'accusation alléguant trois transactions criminelles totalisant 220 000 $.

«Je savais que c'était mal», a avoué Tremblay, vêtu de son uniforme de détenu et s'adressant à un tribunal fédéral à New York.

Il connaîtra sa sentence le 13 février prochain.

Le financier offshore faisait allusion à sa rencontre, le 19 mars 2005, à New York, avec deux agents fédéraux se faisant passer pour un trafiquant de drogue russe et son complice.

La rencontre avait été filmée à l'insu de Tremblay lors d'une opération d'infiltration orchestrée par une escouade fédérale comprenant le FBI, la police des narcotiques et les enquêteurs du fisc.

«Durant cette rencontre, ces gens m'ont demandé de les aider à blanchir le produit du trafic de la drogue», a avoué M. Tremblay hier après-midi en s'adressant au juge John F. Keenan. «Ils m'ont dit qu'ils avaient investi dans diverses entreprises le produit du trafic des narcotiques.»

«En mai 2005, j'ai reçu un transfert (électronique) d'une de ces entreprises, au montant de 20 000$, et je savais que c'était mal.»

Son aveu verbal ne reconnaît que 20 000$. Deux autres transactions totalisant 200 000$ ayant transité dans «des comptes liés à Dominion Investments» font partie du chef d'accusation auquel Tremblay a plaidé coupable, a cependant dit hier à La Presse Yusill Scribner, porte-parole du bureau du procureur fédéral.

Ces 200 000$ supplémentaires ont suivi le transfert initial, de la même source vers les Bahamas, mais aux soins d'un avocat des Bahamas que la poursuite a décrit comme «l'avocat de longue date de Tremblay», peut-on lire dans des documents déposés en cour au printemps dernier.

La poursuite et la défense se sont engagées à ne pas en appeler si la peine se situe entre 70 mois (5 ans et 10 mois) et 84 mois (7 ans et 3 mois) de prison et une amende allant de 12 500$ à 125 000$US.

Cela n'empêche pas la défense de plaider pour une peine moindre. Jason Solotaroff, un des avocats de Tremblay, a indiqué qu'il tentera de réduire la peine à moins de 70 mois.

Le juge Keenan a expliqué qu'il n'est pas lié à cette recommandation. La peine maximale est de 20 ans de prison et 500 000$ d'amende.

Le teint blafard, Martin Tremblay est resté plutôt stoïque au cours de sa comparution. Il a seulement montré des signes de nervosité au début de l'audience.

«Il est résigné», a déclaré Solotaroff, au sortir du tribunal.

«C'est une chose très difficile pour un jeune homme avec de jeunes enfants», a enchaîné Martin Auerbach, l'autre avocat de Tremblay. «Il passera plusieurs années en prison. Mais c'est une personne forte. Il survivra.»

«Au bout du compte, il savait que c'était mal. Et il est prêt à vivre avec les conséquences.»

Le procureur fédéral Glen McGorty n'a fait aucune déclaration.

John Gagliardo, un des agents fédéraux, a assisté hier au plaidoyer de culpabilité de Tremblay. Il s'est dit satisfait. «En 26 ans de carrière, je n'avais jamais participé à une cause de blanchiment d'argent aussi importante.»

Aucun membre de la famille de Tremblay n'était dans la salle d'audience. Mais sa mère, Danielle Vaillancourt, qui se trouve à New York, verra son fils ce matin, a appris Le Quotidien de Chicoutimi.

«La décision de se rendre en procès comportait des risques importants.(...) Il aurait été perçu par le jury comme un requin de la finance sans scrupule et c'est tout. Il risquait de se retrouver en bout de ligne avec une sentence de 10 ans. Il ne serait pas sorti vivant d'une telle sentence», croit Danielle Vaillancourt, qui continue de croire que toute l'affaire «est un complot de la GRC».

En attendant sa sentence, le Québécois est retourné dans la prison de Brooklyn où il est détenu depuis près d'un an.

Avec la collaboration de Louis Tremblay, du Quotidien de Chicoutimi