L’édition génomique demeure méconnue pour la plupart des Canadiens. Mais voici pourquoi nous devrions tous être reconnaissants qu’Ottawa accorde son approbation à cette nouvelle technologie.

L’approbation environnementale de l’édition génomique par la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, représente probablement l’une des principales nouvelles de l’agroalimentaire du mois. À vrai dire, l’édition génomique constitue un sujet plutôt ennuyeux et peu attrayant pour engager les consommateurs, mais elle est de la plus haute importance pour la sécurité alimentaire mondiale. Ottawa a donc pris la bonne décision en approuvant cette technologie prometteuse.

La ministre Marie-Claude Bibeau a récemment annoncé la mise en œuvre par l’Agence canadienne d’inspection des aliments de la partie 5 du Règlement sur les semences. Cela s’aligne avec la décision prise par Santé Canada l’an dernier qui avait classé l’édition génomique « non nouvelle », ce qui faisait en sorte qu’elle nécessitait une réglementation en conséquence. Il s’agit d’un pas en avant très critique et important pour la sécurité alimentaire mondiale. Maintenant, une consultation et une évaluation de l’édition génomique des plantes destinées à l’alimentation du bétail constituent les dernières étapes avant l’approbation finale qui pourrait avoir lieu dès l’automne.

En termes simples, l’édition génomique dans les aliments fait référence à l’utilisation de techniques comme CRISPR (courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées) pour modifier l’ADN de plantes, d’animaux ou de micro-organismes utilisés dans la production alimentaire. L’édition de gènes diffère des OGM (organismes génétiquement modifiés), lorsqu’un matériel génétique étranger d’une espèce différente est inséré dans le génome d’un organisme. L’édition de gènes permet aux scientifiques d’apporter des modifications précises au génome d’un organisme, améliorant sa valeur nutritionnelle, sa résistance aux maladies ou d’autres caractéristiques souhaitables. Essentiellement, l’édition génomique créera des cultures qui résistent davantage aux ravageurs, aux maladies et aux stress environnementaux. Elle peut également améliorer leur saveur, leur apparence ou leur durée de conservation.

L’édition génomique aidera sans aucun doute l’agriculture à affronter les changements climatiques et les conditions de croissance en constante évolution. Cela permettra également au processus de recherche et de développement de devenir plus efficace, permettra peut-être d’économiser des millions de dollars en recherche, et rendra la science plus adaptable à notre paysage environnemental et écologique en transition continuelle. L’augmentation des rendements ne peut que diminuer les risques de voir des fluctuations de prix soudaines comme on l’a vu à l’épicerie dernièrement.

Il faut cependant fournir un étiquetage clair, car nous voulons tous savoir ce que nous mangeons et avoir la possibilité de nous lier d’amitié avec les technologies qui ont une incidence sur les cultures des agriculteurs du monde entier, y compris celles du Canada. Nous devrions célébrer le fait que le Canada devienne un chef de file mondial en génie génétique, mais tout ce travail passe sous le radar du consommateur moyen. Démystifier les vertus du génie génétique pour les consommateurs s’avère essentiel pour mieux préparer l’agriculture et les agriculteurs à faire face aux changements climatiques. Le génie génétique a également le potentiel de rendre certaines catégories d’aliments plus abordables. Le blé sans gluten représente certainement un bon exemple. Pour les personnes souffrant d’allergie ou d’intolérance au gluten, l’édition génomique pourrait devenir un avantage indispensable au fil du temps.

Des groupes contre l’édition génomique, comme CBAN et Vigilance OGM, ont mené des campagnes de peur, déclarant qu’aucune surveillance ne sera fournie pour l’édition génomique. Ils ont récidivé dans le cadre de cette dernière annonce en accusant le gouvernement d’être irresponsable en rendant l’agriculture contre nature. Or, Ottawa a déclaré qu’il établirait des mesures de contrôle et de surveillance pour garantir la précision et la fiabilité de la base de données accessible au public, selon les recommandations du comité directeur nommé par le gouvernement. Des lignes directrices strictes rendent l’industrie responsable et transparente.

La science nous dit jusqu’à présent que les risques associés à l’édition génomique pour les humains et l’environnement restent extrêmement limités. Pourtant, le débat se poursuit sur la sécurité et les implications éthiques de l’édition de gènes dans les aliments, et comme le cadre réglementaire varie d’un pays à l’autre, cette discussion doit se poursuivre. La science n’étant pas absolue, il devient essentiel de surveiller les risques longitudinaux. Les groupes anti-OGM ont le droit d’exprimer leurs préoccupations, sans tomber dans l’exagération et le ridicule comme ils l’ont fait ces dernières décennies.

Mais pour l’instant, nous pouvons dire en toute sécurité qu’Ottawa et la ministre Marie-Claude Bibeau ont fait ce qu’il fallait et méritent des félicitations. Même si la plupart des consommateurs n’estiment pas pleinement la valeur des avancées technologiques dans le domaine agroalimentaire, ils devraient en être reconnaissants, même si les efforts se font dans nos champs, loin du supermarché.