Longtemps, l’acteur, auteur et producteur télé Louis Morissette a mis entre parenthèses son bagage entrepreneurial parce qu’il n’était pas particulièrement glorieux dans le milieu artistique d’être associé au monde des affaires. Une gêne qui s’est estompée avec le temps, alors qu’il assume aujourd’hui pleinement son rôle et ses devoirs d’entrepreneur.

C’est d’ailleurs le Louis Morissette inc. que je rencontre dans les bureaux de la rue Notre-Dame du Groupe KO pour discuter de ses derniers projets d’affaires et de son implication philanthropique avec la Fondation Véro & Louis, qu’il a mise sur pied avec sa conjointe Véronique Cloutier pour soutenir les adultes autistes.

Sa fibre entrepreneuriale, il l’a héritée de son père Jacques Morissette qui a été cofondateur de l’entreprise de ventilation Venmar à Drummondville, qui a été vendue en 1995. L’entreprise était présidée par Pierre Marcouiller, qui est passé par la suite chez Camoplast, devenue Camso, et qui a été vendue depuis à Michelin.

« J’ai travaillé dans tous les départements de Venmar, j’y ai fait mes stages lorsque j’étudiais en commerce international et en marketing à l’université. Étudier à McGill, ça m’a permis d’apprendre l’anglais, et je suis content aujourd’hui parce que cela me sert bien », m’explique le président du Groupe KO.

Après ses études en administration, Louis Morissette s’inscrit à l’École de l’humour, et fonde un groupe d’humoristes qui obtient une émission de télé à l’ancienne chaîne Quatre-Saisons. C’est là qu’il décide de devenir producteur.

« Il y a beaucoup de choses qu’on coupait en invoquant toujours le budget. J’ai demandé à voir le budget et j’ai compris qu’il y avait moyen de faire mieux autrement », raconte-t-il.

Il écrit et coproduit une première série, C.A., qui raconte justement la vie de jeunes étudiants en administration… C’est comme ça qu’est né le Groupe KO.

Aujourd’hui, l’entreprise chapeaute cinq divisions : KO TV, pour la production télé (de 20 à 30 productions par année), KO Scène, qui fait de la production de spectacles d’humoristes (Pierre-Yves Roy-Desmarais, Laurent Paquin…), KO Média, active dans l’édition de magazines (Véro, Elle Québec, Elle Canada…) et de livres, KO 24, qui produit des films (coproduction du film Le mirage, Le guide la famille parfaite…), et enfin KO Croissance.

Cette dernière division réalise des investissements dans des secteurs qui ne sont pas nécessairement liés à la culture, notamment une participation avec le groupe Messier, Savard dans la propriété du golf Le Mirage. C’est le nouveau chef de la direction du Groupe KO, Stéphane Rochon, qui supervise KO Croissance.

« Dans chacune des divisions, je suis actionnaire majoritaire, mais j’ai des employés clés qui sont aussi actionnaires… Dans KO TV, on est six associés, dont trois femmes, et dans toutes les autres divisions, mes directrices générales sont également actionnaires », précise Louis Morissette.

Prendre de la distance

Outre les activités du Groupe KO qui mobilisent une centaine d’employés, Louis Morissette réalise aussi des investissements personnels, dont certains avec sa compagne Véronique Cloutier.

« Ça fait des années qu’on est installés rue Notre-Dame, mais nos équipes sont sur trois étages différents. On va déménager en décembre prochain à Longueuil dans un tout nouvel édifice. Toutes nos divisions vont occuper le rez-de-chaussée », souligne l’homme d’affaires.

Sa femme et lui sont partenaires avec le groupe GesDev et le Fonds de solidarité FTQ dans le projet Novia qui est en voie d’être achevé. Composé de deux tours qui regroupent plus de 350 logements, tout juste à côté du métro Longueuil, le Novia est l’un des éléments de la revitalisation de ce secteur-clé de la Rive-Sud qui va accueillir prochainement une salle de spectacle.

Il y a deux ans, la nomination de Louis Morissette au conseil d’administration d’Investissement Québec a causé une certaine surprise. Il a quitté le bras financier du gouvernement québécois 14 mois plus tard.

« C’est Jean Saint-Gelais, président du conseil d’Investissement Québec, qui m’avait demandé de rejoindre le C.A. Il voulait avoir un intervenant du monde de la culture autour de la table. J’ai connu Jean St-Gelais lorsqu’on a créé la Fondation Véro & Louis, il nous a beaucoup conseillés. »

J’ai accepté de siéger au conseil d’Investissement Québec, mais rapidement je ne me suis pas senti à l’aise, je voyais des risques qu’on m’associe à la CAQ ou qu’on prétende que je favorise certains projets plutôt que d’autres. Je suis encore trop actif.

Louis Morissette

Trop actif, même s’il a nommé un chef de la direction pour superviser le Groupe KO à sa place ?

« Je reste là pour assurer la planification stratégique et la gestion de certains projets, mais je veux avoir plus de temps, notamment pour revenir sur scène et écrire des séries », explique-t-il.

Et aussi s’occuper de la Fondation Véro & Louis qu’il a cofondée avec Véronique Cloutier pour créer des milieux de vie pour les personnes autistes adultes.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Véronique Cloutier et Louis Morissette ont annoncé la semaine dernière la construction prochaine de deux nouvelles maisons d’hébergement pour personnes autistes adultes.

La Fondation Véro & Louis a annoncé la semaine dernière la construction prochaine de deux nouvelles maisons d’hébergement qui viennent s’ajouter à une première ressource existante depuis 2021 à Varennes.

« On a eu un bon coup de pouce de M. Marcel Lussier qui a gagné une grosse somme à la loterie et qui a fait un don de 7 millions. Planifier et construire un nouveau centre d’hébergement coûte environ 6,5 millions, on va en ouvrir dans les Laurentides et un autre à Victoriaville grâce également au soutien de la Fondation François Bourgeois », indique Louis Morissette.

Pour le président du Groupe KO, la Fondation Véro & Louis est un peu la sixième division du groupe qu’il a créé, c’est un engagement qui lui tient à cœur et qui le tient occupé. Un entrepreneur qui réussit doit aussi participer à la réussite des autres.