Montréal a réussi à développer au fil des ans une capacité d’attraction certaine pour amener de grandes entreprises internationales à s’y implanter. La métropole québécoise intéresse aussi aujourd’hui le reste du Canada, comme en témoigne l’ouverture d’un bureau de l’important cabinet d’avocats d’affaires albertain Bennett Jones, qui réalise son implantation au centre-ville.

Historiquement, le développement économique canadien s’est fait depuis des siècles d’est en ouest et l’expansion de l’Ouest vers l’Est reste un évènement plutôt rare, surtout dans le domaine du droit des affaires.

Si les grands bureaux montréalais comme Norton Rose Fulbright ou McCarthy Tétrault ont des bureaux à Calgary, c’est la première fois qu’une firme d’avocats albertaine de l’envergure de Bennett Jones décide de s’implanter à l’est de la rivière des Outaouais.

En cette ère de transition énergétique, l’intérêt de la firme spécialisée en droit des affaires n’est pas étranger à l’expertise et à la capacité d’innovation que le Québec a développées en matière d’énergie renouvelable.

L’Alberta, important producteur gazier et pétrolier, dispose lui aussi d’une forte expertise en énergie, mais la province de l’Ouest est engagée dans la transition énergétique et c’est pourquoi le rapprochement avec le Québec a du sens, selon Hugh MacKinnon, président et chef de la direction de la firme Bennett Jones.

La transition énergétique a certainement été un facteur de notre implantation à Montréal. Le Québec et l’Alberta sont deux provinces productrices d’énergie et il s’agit d’un secteur clé de l’économie.

Hugh MacKinnon, président et chef de la direction de la firme Bennett Jones

« On veut accompagner les entreprises de l’Ouest à réaliser des transactions au Québec dans tous les secteurs d’activité, tout comme on souhaite le faire avec les entreprises québécoises qui veulent faire des acquisitions ou des partenariats avec des sociétés de l’Ouest », m’explique Hugh MacKinnon.

Depuis le mois de janvier, la firme Bennett Jones a pris possession d’un étage entier de la Maison Manuvie, 20 000 pieds carrés, boulevard De Maisonneuve. Preuve de son engagement, la firme albertaine a signé un bail de dix ans et a même pris des options pour un éventuel agrandissement.

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Pascale Dionne-Bourassa, première avocate associée de Bennett Jones à Montréal

Pascale Dionne-Bourassa, spécialisée en litige commercial, est la première avocate associée de Bennett Jones à Montréal et c’est elle qui est responsable du recrutement de l’équipe dans la métropole.

« J’ai réalisé avec ma firme d3b Avocats plusieurs mandats pour eux au Québec et ils m’ont demandé de me joindre à eux. Pour moi, c’est un tournant de me joindre à ce grand bureau. Je suis la première associée de Montréal et on cherche maintenant des talents et on voit qu’il y a de l’intérêt.

« On a une belle culture à faire partager et on veut participer à la revitalisation du centre-ville. La firme se classe depuis 22 ans comme un des meilleurs employeurs au Canada. On prévoit avoir à Montréal une équipe de 100 avocats d’ici cinq ans », souligne Pascale Dionne-Bourassa.

Une firme centenaire

Bennett Jones a été fondée en 1922 à Calgary par R. B. Bennett, qui allait devenir en 1930 premier ministre du Canada. Le groupe a pris un essor considérable durant les années 1970 avec le boom pétrolier et gazier qui a fait exploser l’activité économique en Alberta.

Durant ces années de forte croissance, la firme a recruté des avocats qui venaient de partout au Canada, ce qui a un peu forgé la culture de l’entreprise.

« Le pétrole et le gaz ont été le moteur de nos affaires, mais on s’est beaucoup diversifiés par la suite dans tous les secteurs d’activité. J’ai ouvert le bureau de Toronto en 1999 et là on ouvre notre bureau de Montréal parce qu’on voit beaucoup de potentiel en matière de droit commercial, de litige, d’infrastructures, de fusions et acquisitions », résume Hugh MacKinnon.

Bennett Jones compte 500 avocats dans ses différents bureaux canadiens. La firme compte évidemment plusieurs clients dans le domaine du pétrole et du gaz – Total, Canadian Natural Resources, Cenovus, Irving, Trans Mountain Pipeline… –, mais représente aussi de nombreuses grandes entreprises dans tous les secteurs d’activité, telles que la Banque Royale et Ernst & Young.

C’est Bennett Jones qui a accompagné le CP pour réaliser sa fusion de 31 milliards avec Kansas City Southern. La firme a aussi accompagné son client Volkswagen pour son projet d’implantation d’une usine de batteries en Ontario.

Bennett Jones a aussi des entreprises québécoises comme clientes, notamment Vidéotron, Osisko, Air Transat et Pharmascience.

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Hugh MacKinnon, PDG de Bennett Jones

L’Alberta et le Québec se ressemblent. On partage une fibre entrepreneuriale et un sens civique commun.

Hugh MacKinnon, PDG de Bennett Jones

Hugh MacKinnon vient toutes les semaines à Montréal pour épauler Pascale Dionne-Bourassa et il découvre avec ravissement la ville. Il apprivoise tranquillement le français en affirmant être rendu à 1000 jours d’exercices sur Duolingo, un site d’apprentissage de langues.

« On pensait s’implanter plus rapidement, mais il y a eu la COVID qui a repoussé nos projets. Là on vient s’implanter pour de bon. Ce n’est pas un bureau satellite », précise bien le PDG.

Bennett Jones en bref

  • Années d’existence : 101
  • Nombre d’employés : 1000, dont 500 avocats
  • Bureaux : Calgary, Edmonton, Montréal, Ottawa, Toronto, Vancouver, New York
  • Plus gros bureau : Toronto, 220 avocats