Depuis un an, la hausse marquée de l’inflation et la forte augmentation des taux d’intérêt ont été les faits dominants de l’activité économique et ils ont constitué surtout une très grande source de préoccupation pour les consommateurs et les emprunteurs.

La combinaison de ces deux facteurs devait aussi nous conduire expressément en récession, une fatalité qui semble moins probable alors que le scénario d’un ralentissement fait de plus en plus consensus.

Il y a un mois, je vous faisais part de certaines statistiques qui démontraient que les risques qu’une récession survienne d’ici la fin de l’année semblaient s’estomper.

Je citais notamment le suivi hebdomadaire de risques de récession aux États-Unis que publie chaque semaine la Banque Nationale qui fait la recension de plusieurs indicateurs économiques et financiers américains et compare leur valeur par rapport à celle observée avant les huit dernières récessions.

Plutôt que de se dégrader, les données de plusieurs des 17 indicateurs économiques – tant objectifs (les prix de certaines commodités) que subjectifs (la confiance des consommateurs, des PME ou des PDG) – ne faisaient qu’aller en s’améliorant.

Un coup d’œil au dernier suivi hebdomadaire du risque de récession de la Banque Nationale nous démontre que la situation est stable et continue même de s’améliorer pour ce qui est de la consommation réelle, le prix du cuivre ou le comportement de l’indice S&P 500.

Si l’économie américaine évite la récession, cela augmente les probabilités que l’économie canadienne puisse aussi passer à travers.

J’évoquais également les dernières perspectives économiques du Conference Board du Canada qui écartaient les risques d’une récession pour l’année 2023 tout en confirmant cependant un ralentissement certain de l’activité économique au pays.

Plusieurs économistes écartent maintenant l’éventualité qu’une récession survienne au Québec en 2023. C’est notamment le cas de la Banque Nationale qui estime que la récession reste évitable en dépit de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt.

Le Mouvement Desjardins est aussi surpris de la résilience de l’économie et repousse à la fin de l’année ou même au début de 2024 une éventuelle contraction de l’économie.

La firme Deloitte Canada est toujours d’avis que l’économie canadienne n’échappera pas à la récession, mais a revu à la baisse l’ampleur du recul de l’activité économique canadienne, alors que le PIB pourrait reculer de 0,5 % en 2023 plutôt que de 1 % comme elle le prévoyait il y a trois mois seulement.

Des gouvernements optimistes

Dans les perspectives économiques de leur dernier énoncé budgétaire, tant le gouvernement fédéral que celui de Québec évoquent un ralentissement de la croissance économique pour 2023, mais aucun des deux n’anticipe une contraction de l’activité pour l’ensemble de l’année.

Même si la ministre fédérale des Finances évoque le scénario d’une faible récession en 2023, Chrystia Freeland anticipe tout de même une croissance économique positive du produit intérieur brut canadien de 0,3 % pour l’année.

Il s’agit certes d’un fort recul par rapport à la croissance de 3,4 % enregistrée en 2022, mais on reste bien loin de la contraction de 4,4 % qui avait été encaissée au cours de la dernière récession de 2008-2009.

C’est pourquoi il semble plus juste d’évoquer un ralentissement économique anticipé pour 2023 plutôt que de parler d’une récession qu’on associe habituellement à un recul beaucoup plus marqué de l’activité économique.

La ministre Chrystia Freeland se réjouit d’ailleurs que son scénario d’une modeste croissance de 0,3 % traduise un ralentissement moins sévère de l’activité économique que prévoyait le scénario pessimiste de son énoncé économique de l’automne dernier qui faisait état d’une possible contraction du PIB canadien de 1,6 % en 2023.

Du côté de Québec, on appréhende aussi l’année en cours de façon prudente en rappelant l’effet combiné de la flambée de l’inflation et de l’augmentation forte et rapide des taux d’intérêt qui ont freiné la croissance au cours des derniers mois.

Le ministre Eric Girard anticipe tout de même une hausse de l’activité économique de 0,8 % en 2023, évidemment en baisse comparée au 2,8 % enregistré en 2022, mais une croissance positive tout de même.

Tant à Ottawa qu’à Québec, on décrit 2023 comme étant une année de transition au cours de laquelle on espère que les efforts qui ont été déployés pour freiner l’inflation et la ramener à un niveau acceptable permettent de redonner à l’économie son élan des beaux jours.

On souhaite ainsi ouvrir la voie à un retour à une croissance économique plus soutenue en 2024. Il s’agit certes d’un scénario tout à fait plausible et envisageable à la condition bien évidemment que l’inflation soit jugulée de façon probante et durable. On parlera alors du ralentissement économique de 2023 plutôt que de se souvenir de la récession de 2023.