La valeur des terres agricoles au Canada a augmenté de 334 % depuis 2001. Certains pourraient interpréter cela comme un défi pour les agriculteurs, en particulier pour les plus jeunes, mais cela signifie plutôt qu’une nouvelle ère dans la gestion des terres agricoles émerge tranquillement et permet à l’expertise en investissement de capitaux de devenir une partie intégrante de la production alimentaire.

Nous savons tous ce qui se passe dans l’immobilier ces temps-ci. Une hausse constante des prix, alimentée par des taux d’intérêt presque nuls. L’agriculture a également subi les contrecoups de ces taux d’intérêt très bas qui attirent des investisseurs à la recherche de meilleurs rendements.

L’augmentation de la valeur des terres agricoles au Canada est tout simplement spectaculaire. La valeur par acre des terres agricoles au Canada a grimpé en flèche de 334 % depuis 2001. L’acre moyenne au Canada vaut maintenant près de 3800 $, comparativement à 862 $ en 2001, selon Statistique Canada.

La valeur d’une acre de terre agricole en Saskatchewan a augmenté de 391 % depuis 2001, la valeur la plus élevée au pays. Certaines évaluations de terres agricoles ont augmenté plus que d’autres en raison de divers facteurs comme l’emplacement, la qualité du sol et les revenus potentiels. Depuis 2001, l’augmentation au Québec reste en deçà de la moyenne canadienne.

En revanche, depuis 2016 aux États-Unis, la valeur moyenne a augmenté de 27 %, selon le dernier rapport du département de l’Agriculture. Une acre de terre agricole aux États-Unis vaut maintenant en moyenne environ 3800 $ US, de sorte que le Canada a quelque peu rattrapé les États-Unis ces dernières années.

Les raisons qui poussent la valeur des terres agricoles à la hausse au Canada englobent une série de forces économiques. La liste comprend des prix élevés pour les cultures de base, un marché du logement robuste, une période prolongée où les taux d’intérêt demeuraient extrêmement bas jusqu’à tout récemment et une profusion de subventions gouvernementales soutenant certains secteurs.

Les compensations liées aux accords commerciaux, qui ont dépassé les 5 milliards de dollars accordés aux secteurs soumis à la gestion de l’offre comme les produits laitiers, la volaille et les œufs, ont surcapitalisé de nombreuses exploitations agricoles, obligeant plusieurs d’entre elles à acheter des terres. C’est un problème dont peu de gens parlent.

Au Canada, à peine 7 % de toutes nos terres se consacrent à l’agriculture. Voilà qui est bien peu, et la superficie des terres cultivées diminue.

En 2011, 166 millions d’acres de terres se consacraient à l’agriculture pour soutenir plus de 245 000 fermes. Aujourd’hui, cette étendue tourne autour de 150 millions d’acres pour environ 188 000 fermes. Les fermes deviennent plus grandes, plus ingénieuses et plus efficaces.

Oui, les terres agricoles au Canada deviennent plus chères, mais les agriculteurs canadiens gagnent également plus d’argent. Encore une fois, selon Statistique Canada, les rentrées de fonds ont atteint les 36 milliards de dollars en 2001. Ce montant a dépassé les 83 milliards en 2021, et 2022 devrait devenir une autre année record.

En conséquence, nous constatons que près de 50 % des agriculteurs louent des terres au lieu de les posséder. Certains peuvent y voir une menace pour les modes plus traditionnels de production alimentaire et de soutien à l’agriculture, mais la stratégie n’est pas nécessairement mauvaise.

En fait, le plus grand propriétaire de terres agricoles au pays n’est même pas un agriculteur. Robert Andjelic a acheté plus de 225 500 acres de terres, un portefeuille d’une valeur allant de 500 à 700 millions de dollars. En plus de son capital, son équipe a offert une expertise efficace, aidant plus de 250 agriculteurs-locataires. Andjelic a la mission de s’assurer que ses locataires gagnent de l’argent, sinon, il n’est pas payé – aussi simple que cela. Cette nouvelle façon de penser peut rendre l’agriculture canadienne plus rentable.

Il existe un immense potentiel agroalimentaire au Canada, et les terres agricoles ont toujours représenté un bon investissement.

Un nombre croissant de groupes et d’investisseurs qui comprennent la façon de faire fructifier leur capital font une différence. L’intention des investisseurs de l’extérieur du secteur agricole vise à renforcer notre agriculture. Les agriculteurs qui font partie du système depuis des décennies, voire des générations, ont beaucoup à offrir et ils le font toujours.

Mais produire et investir en même temps devient de plus en plus ardu, ce qui pousse lentement les experts agricoles à se spécialiser. Les marchés de capitaux et la communauté des investisseurs du monde entier ont radicalement changé au cours des cinq dernières années seulement. Voilà pourquoi plus de la moitié des jeunes agriculteurs canadiens louent maintenant des terres pour leurs cultures.

La corrélation entre le prix des terres, les taux de location et les revenus agricoles est assez forte. Selon un rapport de Financement agricole Canada l’an dernier, les trois éléments ont tendance à augmenter de manière synchrone au fil du temps.

Avec plus de spécialisation, tout le monde y gagne. Les jeunes agriculteurs voient également la valeur de la location et du partenariat avec des investisseurs. Il s’agit simplement de voir l’agriculture d’une façon différente. Tant que nous ne vendons pas de terres agricoles à des investisseurs étrangers, le paysage des terres agricoles du Canada deviendra plus fort que jamais.