Le monde entier peut se nourrir lui-même, en partie grâce au Québec et au Canada. Mais peu de gens s’en vantent régulièrement.

Dans quelques jours à peine, le 15 novembre, la population mondiale atteindra 8 milliards de personnes. Il aura suffi de 11 petites années pour ajouter 1 milliard d’humains sur la planète. D’ici 2025, nous estimons que la population planétaire frôlera les 10 milliards de personnes. Chaque fois que l’humanité se fait rappeler que sa population augmente, elle se demande toujours si elle a la capacité de nourrir tout le monde adéquatement et pendant combien de temps.

Étonnamment, 90 % de la population mondiale demeure dans l’hémisphère Nord et presque 40 % de la superficie de l’hémisphère Nord se compose de terre. Plus de la moitié de la population mondiale habite en Asie. Une seule visite dans cette région du globe suffit pour réaliser que l’espace au Canada constitue un atout pourtant négligé. L’abondance de cet espace définit notre qualité de vie, nos politiques et la façon dont les habitants s’y nourrissent.

Mais produisons-nous suffisamment d’aliments pour nourrir 8, 9 ou même 10 milliards de personnes sur la Terre ? La réponse est oui.

Les filières s’adaptent et développent de nouvelles technologies à un rythme étonnant. Plusieurs personnes sous-estiment la capacité de s’ajuster des parties prenantes agroalimentaires, de la ferme au consommateur. Tandis que notre planète produit suffisamment de nourriture pour alimenter les 8 milliards de personnes qui l’habitent, les inégalités systémiques et les disparités économiques conduisent à une distribution déséquilibrée des denrées agroalimentaires et à un accès irrégulier à celles-ci. Corruption, pandémies, pauvreté, manque d’infrastructure et conflits géopolitiques, comme celui entre l’Ukraine et la Russie, minent souvent la sécurité alimentaire du globe.

Nous produisons suffisamment pour nourrir toute la planète, mais les changements climatiques demeurent la plus grande menace pour nos systèmes agraires. Pendant des siècles, l’humain a su s’adapter au risque. Un problème qui émerge de manière soudaine nous pousse à trouver une solution. Inondation, sécheresse, incendie, ouragan, la liste est longue. Mais avec les changements climatiques, les risques ne disparaissent jamais vraiment, car ils sont toujours en transition constante. Alors une simple solution répondra à nos besoins de façon très temporaire. Une plus grande résilience de l’industrie passe par une adaptabilité extrême, et elle sait bien comment s’y prendre.

Et le Québec, le Canada ? Peuvent-ils faire une différence ? En fait, le rapport Barton, présenté il y a cinq ans, nous offrait une feuille de route à ce chapitre. Le rapport songeait à libérer le potentiel des secteurs clés et désignait l’agroalimentaire comme l’un d’entre eux.

Et heureusement, le Québec et le Canada n’ont pas déçu les attentes, mais on en parle rarement.

Le rapport mentionnait l’accroissement des populations dans le monde, une demande croissante de protéines en Asie et la nécessité de compter sur des marchés fiables, comme le Canada. En tant que cinquième exportateur agricole au monde, le Canada peut devenir le chef de file mondial de confiance en matière d’aliments sains, nutritifs et durables au XXIsiècle. Le rapport indiquait que le Canada avait le potentiel de devenir le deuxième exportateur en importance au monde. Deuxième, rien de moins.

Notre secteur agroalimentaire comporte plusieurs points forts, notamment un approvisionnement alimentaire fiable, la disponibilité des ressources, la position des terres arables et de solides pôles de recherche. En outre, les occasions mondiales concernent l’explosion de la demande des marchés émergents et les contraintes croissantes de l’offre mondiale en matière de terres, d’eau, d’énergie et d’émissions de carbone. Nos exportations agroalimentaires ont continué d’augmenter malgré les défis du secteur, atteignant plus de 82 milliards de dollars en 2021 et dépassant l’objectif précédent d’augmenter les exportations agroalimentaires à au moins 75 milliards de dollars d’ici 2025. Avec un meilleur réseau logistique et des chaînes d’approvisionnement résilientes, nous pouvons faire encore mieux.

Toutefois, lorsque les populations discutent de sécurité alimentaire et lorsque les principaux pays sur l’échiquier international délibèrent sur le sujet, on parle rarement du Canada. Les Pays-Bas, le Danemark, les États-Unis sont souvent cités, mais la réputation du Canada n’est tout simplement pas là. Notre image comme pourvoyeur agraire mondial manque un peu de piquant. Alors, il faut s’en vanter et souligner le plus souvent possible toutes les contributions incroyables de notre filière agroalimentaire à l’échelle internationale. Prôner les produits locaux reste louable, mais le Québec et le Canada nourrissent un monde grandissant, et il faut en être fier.