Un sondage de notre laboratoire révèle que près de 58 % des Canadiens ont l’intention de faire de l’agrotourisme cette année. Pour le Québec, ce pourcentage s’élève à 72 %, soit près de trois Québécois sur quatre, malgré le fait que les touristes ont maintenant plus de choix pour voyager que l’an dernier.

L’agrotourisme fait un retour en force ces dernières années. Bien sûr, durant la pandémie, les citadins visitaient la campagne, par souci de sécurité alimentaire ou parce qu’ils n’avaient rien d’autre à faire. À mesure que la saison progressait, ils visitaient tour à tour les cultures de fraises, de framboises, de carottes, de viandes et d’aliments de base. Maintenant, les touristes visitent la campagne pour découvrir l’expertise agroalimentaire de nos régions et en profiter.

On estime qu’il existe presque 2000 entreprises agrotouristiques au Québec, et le nombre de visites atteint presque les 30 millions chaque année. Soit quatre fois plus que le nombre de visites aux terrains de golf du Québec. Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, le nombre d’entreprises agrotouristiques dans la province a pratiquement doublé de 2005 à 2020. On y enregistrait alors environ 3 % des recettes du secteur agricole, et cela, avant les effets de la pandémie.

Le niveau d’achalandage n’atteindra pas celui de 2020 ou 2021, mais les revenus des sites champêtres et les circuits gourmands pourraient bien surpasser les attentes cette année en raison d’une clientèle plus engagée et des nombreux touristes provenant d’ailleurs.

L’agrotourisme englobe les excursionnistes, ceux qui font une promenade en voiture d’une journée pour visiter des sites en campagne, et les vacanciers, ceux qui séjournent quelques jours dans un environnement champêtre. Gîtes à la ferme, spas, restaurants, tablées champêtres composées d’ingrédients frais de la ferme, kiosques vendant des produits de base ou transformés, autocueillette, tournées de vignobles, tout y passe.

L’agrotourisme représente bien sûr une belle vitrine pour notre agriculture. Pendant que bon nombre de consommateurs s’intéressent à l’agrotourisme, les agriculteurs considèrent cette activité comme une occasion d’établir une belle relation avec le public. La volonté de retourner aux sources de nos aliments et de mieux connaître le côté un peu plus obscur de notre alimentation devient plus palpable.

La recette de l’île d’Orléans

Plusieurs régions du Québec offrent aux visiteurs de belles découvertes lors d’un périple en campagne. Mais s’il y a un endroit qui maîtrise bien l’art de l’agrotourisme, c’est bien l’île d’Orléans, dans la région de la Capitale-Nationale. Une fois rendu sur l’île, on ne peut résister à son charme.

PHOTO MATHIEU BÉLANGER, ARCHIVES LA PRESSE

Cueillette de fraises à la ferme Jean-Pierre Plante, à l’île d’Orléans

Chaque arrêt offre quelque chose d’un peu différent, une appréciation unique du savoir-faire des gens de l’île. Il n’y a pas deux visites qui se ressemblent. Chacun des sites possède son propre style, sa contribution et son affectueuse passion qui rendent la région attachante.

Mais ce qui impressionne davantage, ce sont le partage et la convergence des commerçants pour mieux profiter d’un marché de passage dans l’île. Qu’il s’agisse de la Boulangerie Drouin, des Fromages de l’Isle d’Orléans à Sainte-Famille, des Saveurs de l’Isle d’Orléans à Saint-François, de la boulangerie de fantaisie et de la buvette la Midinette à Saint-Jean dans l’ancien presbytère, du Vignoble et de la distillerie de Sainte-Pétronille ou de la Chocolaterie de l’île d’Orléans, il existe une véritable symbiose entre tous ces artisans.

Peu importe où l’on s’arrête, les commerçants nous vantent les vertus de leurs produits et de ceux qui proviennent des commerces avoisinants, car chaque propriétaire vend aussi les produits des autres, sachant que tous les visiteurs ne s’arrêteront pas partout. Génial.

D’une visite à l’autre, la coopération entre chaque site nous enchante. D’autres régions tirent également profit de pratiques similaires, mais le modèle suivi à l’île d’Orléans est exemplaire. En se promenant sur les terres qu’un certain Félix Leclerc a déjà baptisées « l’Île sa maison », il est facile de se laisser bercer sous les airs d’un P’tit bonheur tout en dégustant un fromage artisanal accompagné d’un bon vin local.

Nous avons tout à gagner si l’agrotourisme d’ici et d’ailleurs gagne en popularité. Avant la pandémie, on considérait l’agrotourisme comme un « à-côté » pour la région et un passe-temps plaisant pour les consommateurs. Depuis la pandémie, les citadins renouvellent leurs amours pour les régions. Ils sont nombreux à déménager à la campagne en permanence, un peu partout au pays, mais sinon, les visites impromptues font l’affaire.

Bien sûr, selon l’Association de l’agrotourisme et du tourisme gourmand, le plus grand défi pour ces entreprises demeure la main-d’œuvre. Plusieurs personnes qui y travaillent n’ont même pas 15 ans. Peut-être sont-elles jeunes, mais voilà une belle façon de passer l’été tout en apprenant l’aspect humaniste de l’agroalimentaire.