On dirait que les Canadiens veulent simplement rendre service aux agriculteurs et aux entreprises agroalimentaires lors de leurs achats. C’est l’un des problèmes fondamentaux de l’achat local. Les consommateurs ne voient pas, de toute évidence, comment les aliments locaux peuvent leur apporter directement des avantages personnels.

Tous les gens veulent acheter local, mais peu le font. Bien sûr, les aliments locaux ont fait l’objet de plusieurs discussions sur la souveraineté et l’autonomie alimentaires pendant des décennies. La plupart des sondages révélaient que bien que les consommateurs veuillent acheter des produits locaux, la plupart du temps, très peu achètent ou recherchent des produits alimentaires locaux lorsqu’ils font leurs courses ou lorsqu’ils mangent au restaurant. Notre laboratoire, en partenariat avec Angus Reid, a publié les résultats d’un sondage sur la perception des aliments locaux partout au pays.

L’enquête a généré des résultats intéressants dans l’ensemble. Nous avons d’abord demandé aux Canadiens si les aliments locaux à l’épicerie constituaient une priorité. Sans surprise, la plupart des Canadiens estiment que les aliments locaux sont importants pour eux. Au Québec, on observe le niveau de soutien le plus élevé, tandis que le niveau de soutien le plus bas se retrouve à la fois en Saskatchewan et au Manitoba.

Les questions liées à la restauration et aux restaurants ont généré des résultats très similaires. En ce qui concerne la gestion des repas, nous avons demandé aux gens sondés quelle était la priorité accordée aux aliments locaux au cours d’une semaine donnée. Les données révèlent que les Britanno-Colombiens et les Québécois gèrent leurs repas tout en tenant compte des produits alimentaires locaux. Au total, 17 % des personnes interrogées de ces deux provinces donneront la priorité aux aliments locaux pour la plupart de leurs repas chaque semaine. Les participants de la région de l’Atlantique semblent s’intéresser aux aliments locaux, mais la fréquence n’est pas aussi importante. Les résultats suggèrent que les femmes s’avèrent légèrement plus enclines à considérer l’importance du produit local que les hommes, mais la différence en pourcentage se maintient sous les 5 %. L’instruction et le revenu ne représentaient pas non plus des facteurs déterminants importants.

À l’épicerie, de façon générale, l’importance accordée aux aliments locaux varie légèrement entre les groupes d’âge. Les consommateurs plus âgés semblent considérer les aliments locaux importants pour eux. Alors que 45 % des consommateurs de 55 ans et plus considèrent que les aliments locaux à l’épicerie sont importants, 37 % des consommateurs de 18 à 34 ans partagent le même avis. Au restaurant, toutes les tranches d’âge partagent le même sentiment. Les aliments locaux sont considérés comme importants par 36 % à 37 % des gens, selon le groupe d’âge. Les différences n’étaient pas significatives.

Le fait que les déterminants démographiques ne se révèlent pas significatifs est surprenant. Mais il est clair que le Québec et la Colombie-Britannique ont eu de nombreuses discussions sur la provenance des systèmes alimentaires, et cela se voit dans les données.

Nous avons demandé aux Canadiens pourquoi ils choisissent un produit local. Généralement, les Canadiens qui achètent des produits locaux le font principalement pour soutenir l’économie et les agriculteurs. Les Canadiens sont motivés à acheter des aliments locaux pour diverses raisons, mais nous leur avons demandé de n’en choisir qu’une seule parmi tant d’autres.

La raison la plus importante sous-jacente à l’achat de produits locaux est de soutenir les agriculteurs, suivie par la volonté d’encourager l’économie locale. Dans toutes les régions, appuyer la durabilité environnementale constitue le troisième choix des participants. Toutefois, très peu d’entre eux pensent que les aliments locaux sont d’une meilleure qualité ou plus nutritifs, plus abordables ou même plus sûrs.

Autrement dit, l’image des produits alimentaires locaux doit être retravaillée. On dirait que les Canadiens veulent simplement rendre service aux agriculteurs et aux entreprises agroalimentaires lors de leurs achats. Les Canadiens ne voient pas comment les aliments locaux peuvent leur apporter directement des avantages personnels. C’est l’un des problèmes fondamentaux de l’achat local.

Très peu de Canadiens croient que les aliments locaux sont de meilleurs produits. En ce qui concerne l’abordabilité, seulement 5 % des Canadiens croient que les aliments locaux se vendent moins cher. Selon une étude récente, les aliments locaux ne sont pas toujours plus chers.