Aux Jeux olympiques de la vente au détail, Walmart trône toujours au sommet du podium. Ses revenus pharaoniques lui assurent une confortable longueur d’avance sur ses adversaires aux quatre coins du monde. Mais voilà qu’une entreprise chinoise à l’ascension fulgurante s’amène pour la première fois dans le peloton de tête.

Soixante ans après sa création, la chaîne de magasins Walmart est loin de mal vieillir. Son concept continue d’attirer les consommateurs au point que, chaque jour, ce sont presque 2 milliards de dollars qui entrent dans ses coffres. Ça en fait, des transactions !

Grâce à la pandémie et à diverses innovations, le géant américain a vu ses ventes en ligne bondir de 79 % à son plus récent exercice⁠1.

Si je vous parle de la domination de l’empire de Sam Walton, c’est parce que le cabinet comptable Deloitte a dévoilé son traditionnel palmarès annuel des 250 plus grands détaillants du monde, selon les ventes. Il est toujours intéressant de scruter ce document à la loupe et de retourner voir les éditions passées pour y déceler des tendances de consommation dans le monde.

Consultez le rapport de Deloitte (en anglais)

L’hiver dernier, j’avais été frappée par la progression fulgurante d’Amazon, qui venait de gagner le 2e rang, délogeant ainsi Costco. Imaginez, en 2011, l’entreprise de Jeff Bezos occupait la 35e position du classement avec des ventes inférieures à celles de l’épicier canadien Loblaw (Provigo et Maxi).

Lisez le texte « Jusqu’où ira Amazon ? »

Un Amazon chinois appelé JD.com

Voilà qu’un autre détaillant en ligne monte les marches avec des enjambées de géant : JD.com. Inconnue ici, l’entreprise chinoise vend de tout – maquillage, vêtements, épicerie fine, meubles – et noue des partenariats avec des marques aussi diverses que Dior, Michael Kors et Walmart.

PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ASSOCIATED PRESS

Siège social de JD.com, à Pékin

JD.com a fait son entrée dans le palmarès de Deloitte assez récemment, soit en 2014, avec son ancien nom Beijing Jingdong Century Trade (142e rang). Cette année, elle occupe déjà le 9e rang.

Quelle belle coïncidence, JD.com a dévoilé, jeudi, les résultats de son exercice suivant celui utilisé pour établir le top 250. Vous l’aurez deviné, le bond est spectaculaire. Dans la devise locale, les ventes ont crû de 28 % pour atteindre l’équivalent de 190 milliards de dollars canadiens (au taux de ces jours-ci). Ce résultat pourrait lui permettre de grimper encore l’an prochain.

Les entreprises chinoises sont surtout reconnues pour approvisionner les détaillants du monde entier grâce à leurs usines. Mais avec l’accroissement de la richesse de ses travailleurs, des géants de la vente au détail émergent en Chine. Et ceux-ci progressent rapidement sans même sortir du pays grâce à son immense population. D’ailleurs, JD.com ne vend que dans un seul pays, contre 26 pour Walmart et 21 pour Amazon.

Nous n’avons donc pas fini d’entendre parler de détaillants chinois qui croissent rapidement. Parmi les 50 enseignes dont les ventes ont le plus augmenté, cinq sont établies en Chine.

Les États-Unis occupent le sommet de ce classement avec 11 entreprises. Le Canada en compte 2 (Lululemon et Save-On-Foods, un épicier de l’Ouest canadien).

Home Depot et Target grimpent

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que l’enseigne Home Depot a profité de l’engouement des Nord-Américains depuis le début de la pandémie pour la rénovation domiciliaire. Cela lui a permis d’accroître son chiffre d’affaires de 20 % et de gagner deux places dans le palmarès.

L’entreprise Target affiche exactement le même résultat (+ 20 %) et revient ainsi dans le top 10. En comparaison, les ventes de sa rivale la plus directe, Walmart, ont augmenté de 6,7 %. Ce n’est pas parce que Target a vécu un échec retentissant au Canada qu’elle ne réussit pas bien de l’autre côté de la frontière…

Deux entrées canadiennes

Un mot maintenant sur la présence canadienne dans le top 250 mondial. Fait rare, elle s’est accrue avec l’arrivée de deux nouveaux noms d’un coup.

Il s’agit de la LCBO, l’équivalent ontarien de la SAQ, et du détaillant de vêtements de Vancouver Lululemon, qui a plus que doublé ses ventes en ligne dans un environnement pourtant difficile.

Deloitte précise d’ailleurs que parmi les 32 entreprises du secteur du vêtement, 23 ont enregistré une baisse de leurs revenus dans les deux chiffres. Pour les grands magasins américains Macy’s, Nordstrom and Dillard’s, elle s’établit à environ 30 %.

Ces entrées portent à huit le nombre d’entreprises canadiennes du palmarès. Parmi elles, deux sont québécoises, Metro et Alimentation Couche-Tard, dont les ventes d’essence ne sont pas prises en compte.

Il est intéressant de noter que, hormis Canadian Tire, qui n’a pas bougé, toutes les entreprises canadiennes ont grimpé dans le classement, principalement grâce à la pandémie qui a modifié les habitudes de consommation (volontairement ou non). Quels seront les effets de la deuxième année de confinement ? La réponse dans un an.

1. Ventes au détail uniquement, pour le dernier exercice complet terminé entre le 1er juillet 2020 et le 30 juin 2021