Curieusement, ça n’a pas fait grand bruit. Mais Ottawa aidera financièrement les 180 000 aînés qui doivent actuellement vivre avec une importante baisse de leurs revenus parce qu’ils ont reçu la PCU en 2020. Le hic – et il est de taille –, c’est que les chèques ne seront pas mis à la poste de sitôt, alors que ça presse.

« Politique dévastatrice » selon le NPD. « Injustice », « traitement préjudiciable et aberrant » pour le Bloc québécois. « Drame » aux yeux du Réseau FADOQ.

Pendant des mois, des élus du NPD et du Bloc québécois, des organismes communautaires et le Réseau FADOQ ont talonné Ottawa pour qu’il intervienne d’urgence. Le message a été entendu, en partie. « On est d’accord que c’est un problème et on est en train de le régler », avait affirmé la ministre des Finances, Chrystia Freeland, devant un comité parlementaire, début décembre.

Lors de sa mise à jour budgétaire, mardi, elle a quelque peu détaillé sa solution.

Une somme de 742 millions servira à effectuer « des paiements ponctuels » pour atténuer les difficultés financières de ceux qui touchent le Supplément de revenu garanti (SRG), a promis la ministre Chrystia Freeland. Elle n’a toutefois pas donné de détails sur la mécanique des versements ni sur la façon d’en calculer les sommes.

Espérons que l’argent sera versé automatiquement aux aînés floués sans qu’ils aient de démarches à faire. Ottawa connaît leur nom et n’a donc pas besoin d’inventer un formulaire de réclamation complexe. Ce serait plus simple et plus rapide.

Résumons l’affaire : la PCU n’a pas été considérée comme un revenu d’emploi lors du calcul du SRG, l’été dernier. Résultat, les paiements ont été réduits, voire éliminés, comme je l’expliquais en octobre.

Consultez le texte « Les aînés lésés doivent être devins et patients »

Selon l’Union des consommateurs, un revenu d’emploi de 10 000 $ ampute le SRG de 104 $ par mois, tandis que le même montant de PCU le réduit de 417 $. Tout un écart pour les aînés les plus pauvres au pays.

Pas avant mai

Pour ces personnes âgées qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts depuis l’été, la date du versement de la compensation promise par Ottawa est une préoccupation majeure. Or, il s’avère que ce ne sera pas rapide comme les chèques pour atténuer l’effet de l’inflation qui seront envoyés par Québec aux moins nantis dès janvier, ai-je appris.

« Les fonctionnaires nous ont dit que c’était prévu pour le mois de mai, m’a rapporté le député bloquiste Gabriel Ste-Marie, qui a suivi le dossier de près. C’est évidemment beaucoup trop long. Depuis juillet qu’ils se font couper. Ils quittent leur logement… Dans ma circonscription, on a des cas de gens qui vendent leurs meubles, qui arrêtent de prendre leurs médicaments. Peut-on vraiment attendre encore cinq mois ? Peut-on accélérer les choses ? On le demande au gouvernement. »

Son point de vue rejoint celui du Réseau FADOQ et des ACEF qui ont milité pour que justice soit rendue dans les plus brefs délais.

« Le mois de mai, c’est loin. On espère que les propriétaires vont être patients et qu’ils n’entreprendront pas de procédures devant la Régie », soupire la coordonnatrice de l’ACEF Estrie, Sylvie Bonin. La situation est déjà difficile. Des aînés peinent à payer leur loyer, mais aussi l’épicerie. Et, raconte-t-elle, certaines pharmacies dans de petites municipalités font désormais crédit à des aînés pour qu’ils puissent continuer à prendre leurs médicaments.

Au Réseau FADOQ, la présidente Gisèle Tassé-Goodman demande que l’échéance du mois de mai soit devancée, car les « témoignages de précarité financière se multiplient ». Elle demande par ailleurs au gouvernement Trudeau de « s’assurer que chaque dollar perdu soit remis aux aînés affectés par ce problème-là ». Ce serait la moindre des choses.

« Je vais être pas mal égorgée »

Les derniers mois n’ont pas été de tout repos pour Diane Lévesque, une femme qui habite seule dans sa maison en Montérégie. Ottawa lui verse maintenant 713 $, en pension et SRG, plutôt que 1200 $. Depuis l’été, cela l’a forcée à ajouter 2500 $ à son prêt personnel.

En forme, la femme de 69 ans travaillait 24 heures par semaine comme préposée aux bénéficiaires dans une résidence pour personnes âgées au début de la pandémie.

À risque, vu son âge, elle a quitté son emploi et réclamé la PCU pendant six mois, ce qui lui a donné 12 000 $. C’est plus que son revenu normal d’emploi. Mais la dame, qui a réhypothéqué sa maison il y a quelques années, n’a rien pu mettre de côté. Même si elle ne vit « pas dans le luxe pantoute », elle ne voit pas comment elle pourra se sortir de la spirale de l’endettement.

Pour elle, l’annonce de la ministre Chrystia Freeland est une bonne nouvelle. Mais « au printemps, je vais être pas mal égorgée. »

Regardez des témoignages d’aînés au sujet de leur précarité financière

Le FICAV a commencé à rembourser

Bonne nouvelle pour les voyageurs qui attendent des milliers de dollars du Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV). Les remboursements ont commencé tranquillement. Jusqu’ici, 1389 personnes y ont eu droit. Le FICAV a par ailleurs transmis un questionnaire de mise à jour, entre le 15 octobre et le 15 décembre, aux 35 000 réclamants. Parmi eux, 24 000 n’ont pas répondu et sont invités à le faire. D’autres ne l’ont fait que partiellement. Les Québécois qui n’auraient pas reçu le questionnaire peuvent écrire un courriel à ca_administration_provisoire@pwc.com. Quelque 10 000 demandes ont été retirées à la suite d’un remboursement complet par une autre source.