Investissement Québec et ses milliards de dollars sont-ils responsables de la croissance du plus important facteur économique moderne, soit la productivité des entreprises ?

Son PDG, Guy LeBlanc, croit que oui, en partie, bien qu’il soit incapable de faire un lien direct. Ce qui est clair, néanmoins, c’est que la société d’État a injecté des milliards dans l’innovation des entreprises depuis quatre ans, d’une part, et que la productivité a bel et bien augmenté au Québec, d’autre part.

On l’a dit souvent, notre plus grand défi n’est plus la création d’emplois, mais la croissance de la productivité, gage de notre niveau de vie et solution à la pénurie de main-d’œuvre. La productivité passe par l’innovation, par l’investissement et par le virage vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée.

Or, les plus récents chiffres de Statistique Canada, repris par Investissement Québec mercredi, montrent une hausse significative de la productivité des entreprises du Québec depuis quatre ans.

Ainsi, la production des entreprises du Québec par heure travaillée a bondi de 3,3 % par année entre 2016 et 2020, en moyenne, contre 2,7 % en Ontario. Et si l’on retranche l’anormale année pandémique 2020, la productivité annuelle moyenne a bondi de 2 % au Québec, contre 0,8 % en Ontario et 1,1 % en Colombie-Britannique.

Bref, le Québec semble enfin avoir pris le virage tant souhaité, après des années de contre-performance à ce chapitre.

En 2016, Investissement Québec (IQ) a lancé le programme Manufacturiers innovants, dans le but, justement, de hausser la productivité des fabricants de biens. En 4 ans, le bras investisseur du gouvernement a participé à la réalisation de 1153 projets totalisant 8 milliards de dollars, dans lesquels elle a injecté 2,4 milliards en financement.

Et pour le seul secteur manufacturier québécois, visé par le programme, la productivité est en hausse moyenne annuelle de 1,9 % au Québec, contre un recul de 0,4 % en Ontario et de 1,1 % en Colombie-Britannique.

« J’aimerais pouvoir dire que nous sommes responsables à 50 %, mais dans la réalité, c’est peut-être 10 %. On ne sait pas, mais il y a un impact », avance M. LeBlanc, lors d’une entrevue virtuelle.

En tout cas, pour ce programme Manufacturiers innovants, lancé avant son arrivée, IQ vient d’être récompensé par l’International Economic Development Council, lors de la conférence au Tennessee.

L’an dernier, Investissement Québec a élargi ce programme à d’autres secteurs d’activité, en quelque sorte, en lançant le programme Productivité innovation. Et depuis un an, l’organisation a participé au financement de 2,7 milliards de dollars de nouveaux projets, grâce à une injection de 421 millions venant de ses fonds propres et 530 millions du Fonds du développement économique (FDE) du gouvernement du Québec.

Parmi les entreprises participantes, mentionnons Premier tech, Canam Ponts, Emblème canneberge, Métal 7 et Quali-T-Groupe, par exemple.

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Usine Canam, à Québec

Ces 951 millions de dollars d’injections publiques équivalent à 40 % de l’objectif sur 4 ans que s’est donné IQ (2,4 milliards). Et Guy LeBlanc affirme qu’il trouvera les fonds si la demande dépasse l’objectif, rappelant que IQ peut disposer à sa guise des profits d’environ 1 milliard de dollars réalisés l’an dernier.

Il y a l’argent, mais aussi l’accompagnement et la promotion dans toutes les régions du Québec, notamment avec nos 18 labs Productivité innovation.

Guy LeBlanc, PDG d'Investissement Québec

L’innovation et l’amélioration des procédés permettent notamment de réduire les besoins de main-d’œuvre qualifiée. Le gouvernement du Québec annoncera d’ailleurs des mesures pour diminuer la pénurie de main-d’œuvre, dans son mini-budget du 25 novembre. À ce sujet, IQ a été consulté sur le rôle qu’elle pourrait jouer, dit M. LeBlanc.

La filière des batteries électriques

Par ailleurs, la filière des batteries électriques occupe Guy LeBlanc tous les jours. Le patron d’IQ assure qu’il y aura des annonces d’investissements en 2022 et qu’au bout du compte, il faut maintenant envisager des investissements totaux avoisinant les 8 à 10 milliards sur quelques années.

« Il y aura des annonces à faire au niveau des fabricants de cathodes et de cellules d’ici 6 à 12 mois », dit-il.

Le Québec est en concurrence avec les États-Unis et des pays d’Europe, mais il serait le plus vert et le moins coûteux en Amérique du Nord. Il se bat aussi contre l’Asie, leader dans le domaine.

Le Québec a l’avantage d’avoir des ressources (lithium, fer, phosphate, nickel, etc.), une main-d’œuvre abordable et une énergie bon marché. Le site industriel de la ville de Bécancour, avec son port, est un emplacement jugé exceptionnel. Des entreprises de la filière y réservent des lots, actuellement, et des transactions d’achat sont en négociation, dit-il.

« Il y a encore plus d’options que la dernière fois qu’on s’est parlé [en juin]. C’est très positif, mais en même temps, il y a un travail à faire au niveau des sites, des permis, de la chaîne de production. Les fabricants veulent avoir leurs clients et fournisseurs à proximité », explique Guy LeBlanc.