Permettez-moi de vous parler de trois nouvelles sous un angle plutôt favorable, selon l’interprétation que j’en fais, alors qu’à première vue, elles apparaissent très négatives.

La première concerne le variant Delta, la deuxième traite des véhicules électriques et la troisième touche l’endettement des entreprises durant la pandémie.

Le variant Delta

À voir la remontée des cas de COVID-19 en Europe, il y a de quoi être inquiet. Une quatrième vague pourrait voir le jour ici à l’automne. Le responsable : le variant Delta, beaucoup plus contagieux que la souche d’origine.

Presque partout où le Delta domine, le nombre de cas de COVID-19 a explosé. Au Royaume-Uni, la presque totalité des cas (99 %) est associée au variant Delta, et l’on constate que ce pays est revenu au sommet mondial, avec 556 cas quotidiens par million d’habitants.

L’Espagne, le Portugal et la France sont respectivement 2e, 4e et 6e au monde, avec 551 cas, 313 cas et 267 cas quotidiens, et là aussi, le Delta domine, à 97 %, 92 % et 87 %, respectivement. L’Allemagne est le seul pays discordant (seulement 18 cas quotidiens par million d’habitants, avec un Delta à 85 %), selon les données produites dans le suivi de la Banque Nationale.

Bref, le Canada est chanceux, avec ses 11 cas quotidiens par million d’habitants (seulement 6 au Québec), mais le Delta n’est encore présent qu’à environ 30 %.

La bonne nouvelle dans tout ça ? Les hospitalisations dans ces pays restent relativement basses et les morts sont au plancher, contrairement aux vagues précédentes, où ces deux variables suivaient étroitement la courbe des cas, quelques jours plus tard.

Visiblement, plus les taux de vaccination des pays sont élevés, comme au Danemark, en Espagne, en Israël et au Royaume-Uni, moins les hospitalisations et les décès sont nombreux malgré les hausses de cas.

Bref, le Canada et le Québec risquent de faire face à une quatrième vague, mais notre fort taux de vaccination devrait préserver notre système de santé.

Consultez le suivi quotidien de la Banque Nationale

Voitures électriques

Le 20 juillet, l’Institut C.D. Howe a publié une analyse sur la décarbonation du secteur des transports d’ici 2030. Une des cibles : les véhicules des particuliers, nos autos.

Selon cette analyse, 30 % des véhicules circulant sur les routes au Canada devront être à zéro émission en 2030. Atteindre cet objectif, ce serait atteindre notre cible de réduction des GES.

Et encore, il faudrait qu’en 2030, 70 % des nouveaux véhicules vendus cette année-là soient sans émission de GES. Cette proportion est très importante, sachant qu’actuellement, ce taux est de 3,5 %.

Il y a tout lieu d’être sceptique sur les cibles ambitieuses du Canada, comme je l’ai déjà exprimé.

Lisez « Pourquoi se fixer un objectif inatteignable ? »

Cela dit, l’étude présente aussi la forte baisse des coûts des batteries pour les véhicules électriques – coûts qui expliquent les écarts de prix avec les moteurs à essence –, ce qui permet de voir les choses autrement.

Aujourd’hui, la batterie lithium-ion revient à 137 $ US par kilowattheure (kWh), prix qui est cinq fois plus bas qu’en 2013 (668 $ US/kWh). Ce coût devrait passer sous les 100 $ US en 2024 et à 61 $ US en 2030.

Ainsi, pour le modèle 3 de la Tesla, les batteries de 75 kWh (518 km d’autonomie) pouvaient coûter 50 100 $ US en 2013, mais seulement 10 275 $ en 2020 et possiblement moins de 5000 $ US en 2030, avec les nouvelles technologies.

Dit autrement, la chute des prix aidera à atteindre les objectifs de réduction des GES et pourrait permettre le retrait graduel des subventions pour l’achat de véhicules sans émission. Le prix de détail d’une Tesla 3, avant subventions, est de 48 950 $ US.

Endettement COVID des entreprises

Ces derniers temps, j’étais convaincu que la dette des entreprises avait explosé durant la pandémie. Pourquoi ? Parce que pour survivre, les entreprises ont dû emprunter, me disais-je. La réalité est plus nuancée, conclut une analyse publiée lundi par Statistique Canada.

Au premier trimestre 2021, la dette des entreprises s’élevait à 1745 milliards, ce qui représente un accroissement de 80,6 milliards en un an, ou de 4,6 % (1).

Les chiffres sont impressionnants tellement ils sont gros. Ils deviennent plus faciles à saisir lorsqu’exprimés en fonction de la taille de l’économie, mesurée par le produit intérieur brut (PIB). L’endettement des entreprises est ainsi passé de 72 % du PIB au premier trimestre 2020 à 78,1 % au premier trimestre 2021.

Jamais cet endettement n’a été aussi élevé avec cette même base de données de Statistique Canada, qui débute en 1991. L’endettement était alors à 47,5 % du PIB. Il a atteint un creux en 2006, à 44 %, avant de croître progressivement à la suite de la crise financière de 2008 jusqu’à 70 % en 2019, puis à 78,1 % cette année.

Or voilà, le portrait est moins dramatique si l’on soustrait de la dette les liquidités des entreprises, dont elles peuvent se servir comme coussin.

Ainsi, la dette est dégonflée à 46,4 % du PIB au premier trimestre 2021 et le sommet a été atteint au deuxième trimestre 2020, à 48,3 % du PIB. Un tel niveau d’endettement demeure fort imposant, mais il se compare davantage aux 47,9 % de 2019 ou aux 44 % de 1998, par exemple. Et la croissance de l’endettement avait commencé bien avant la pandémie. Le creux avait été atteint en 2006 (28,6 % du PIB), et une hausse progressive a suivi.

Statistique Canada conclut que « la faiblesse persistante des taux d’intérêt pourrait permettre aux entreprises de composer avec des niveaux d’endettement élevés tout en demeurant rentables ». Toutefois, les entreprises auraient tort de miser sur la persistance de la faiblesse des taux d’intérêt, souligne l’organisme.

Consultez l’analyse de Statistique Canada

1. Il s’agit des dettes négociables ainsi que des prêts hypothécaires et non hypothécaires des entreprises.