Une PME d’Alma derrière l’impressionnant succès de Clic Santé

Comme l’immense majorité des Québécois, j’ai utilisé la plateforme Clic Santé pour obtenir mes rendez-vous pour être vacciné contre la COVID-19 et j’ai été fortement impressionné par la rapidité, l’efficacité et la simplicité de la démarche. Dans un système de santé qui évolue encore à l’ère du télécopieur et du papier-crayon, malgré des investissements pharaoniques dans la numérisation de ses opérations, la technologie québécoise développée par Clic Santé apparaît comme un véritable vent de fraîcheur et d’optimisme pour l’avenir.

Comme bien des utilisateurs de l’application de prise de rendez-vous par l’internet, je croyais au printemps dernier que Clic Santé était une technologie développée par une multinationale du numérique, que l’on s’était payée à grands frais pour répondre à l’urgence de la pandémie.

Jusqu’à ce que j’apprenne que Clic Santé avait été créée chez nous, à Alma, dans une petite entreprise de technologies de l’information, Trimoz Technologies, qui chapeaute une équipe d’une vingtaine de personnes, toutes en télétravail, dont plusieurs sont établies dans différentes régions du Québec.

Depuis le début de la campagne de vaccination, en novembre dernier, plus de 10 millions de rendez-vous ont été pris par l’entremise de Clic Santé et le site continue chaque jour de trouver une date et un lieu de vaccination à tous ceux qui lui en font la demande.

« Depuis le mois de novembre, on a dû procéder à plus de 80 nouvelles mises en production et ajouter de nouvelles fonctionnalités, sans interrompre nos services et tout en maintenant une sécurité sans faille », précise Stéphane Lajoie, PDG de Trimoz Technologies et directeur général de Clic Santé.

Depuis le début de la campagne de vaccination, Stéphane Lajoie travaille sept jours sur sept. Les journées débutent à 6 h pour se terminer à minuit, quand son équipe et lui ne passent pas la nuit à faire des modifications dans le système pour ajouter de nouvelles fonctionnalités qui seront en fonction au petit matin.

PHOTO GIMMY DESBIENS, ARCHIVES LE QUOTIDIEN

Stéphane Lajoie, PDG de Trimoz Technologies et directeur général de Clic Santé

On a commencé avec un type de vaccins, puis il a fallu en ajouter deux autres et s’ajuster sans arrêt en fonction des disponibilités d’approvisionnement et de l’ajout de nouveaux sites de vaccination et en fonction des catégories d’âge, sans affecter la fluidité du site et en limitant le temps de prise de rendez-vous à deux minutes.

Stéphane Lajoie, PDG de Trimoz Technologies et directeur général de Clic Santé

« À un moment, on avait jusqu’à 3000 sites de vaccination en service et il a fallu intégrer 1500 pharmacies », relate l’informaticien.

Puis, il a fallu ajouter les rendez-vous pour la deuxième dose du vaccin et enfin, dernier défi et non des moindres, s’engager à partir du mois de juillet à permettre le devancement du rendez-vous pour la deuxième dose.

« On a eu des journées où on a pris plus de 300 000 rendez-vous. Heureusement que l’on peut compter sur une équipe engagée et agile. Tous nos gens ont la capacité extraordinaire de trouver des solutions simples à des problèmes complexes », résume-t-il fièrement.

Ce n’est pas pour rien que Stéphane Lajoie n’avait pas beaucoup de temps à consacrer à une entrevue. Clic Santé le tient occupé à temps plein et il ne prévoit pas ralentir beaucoup avant le 31 décembre.

Spécialiste du rendez-vous

Fils d’un producteur laitier, Stéphane Lajoie se destinait à prendre la relève de l’entreprise familiale jusqu’à ce qu’il découvre l’informatique et fasse ses études universitaires en finance. Il développe en 2003 une application de commercialisation de matériel génétique pour les médecins vétérinaires, puis entreprend de migrer vers les soins de santé.

« J’ai commencé à obtenir des mandats d’établissements de santé publique de la région. À leur demande, on a développé une application de prise de rendez-vous par internet pour la vaccination contre la grippe saisonnière.

« En 2009, avec la pandémie de grippe H1N1, on a permis à plusieurs établissements de proposer des rendez-vous par internet pour éviter les files d’attente. On a développé notre expertise un établissement à la fois, une pharmacie à la fois », relate l’entrepreneur.

Au fil du temps, en passant totalement sous le radar du ministère de la Santé, Clic Santé a imposé ses solutions de prise de rendez-vous dans presque toutes les régions du Québec.

Quand est survenue la pandémie de COVID-19, en mars 2020, ce sont les dirigeants des CIUSSS et des établissements de santé qui ont fortement recommandé à Québec l’utilisation de Clic Santé pour réaliser la vaste et très efficace campagne de vaccination que l’on connaît.

Les dirigeants de la santé régionale ont été mes meilleurs vendeurs. Dès le début de la pandémie, on a offert notre solution de prise de rendez-vous pour tous les rendez-vous de prélèvements. Comme il était impossible de faire la file d’attente, on a été très sollicités dans tous les établissements de santé du Québec.

Stéphane Lajoie

La table était mise pour la suite, soit d’orchestrer la prise de rendez-vous de la plus grande opération de vaccination de l’histoire du Québec. Mais comment une PME d’Alma a-t-elle pu réussir à prendre de vitesse et d’efficacité des géants comme Accenture ou IBM ?

« On n’a pas l’habitude au Québec de travailler avec des PME en région, le réflexe est de se tourner vers des multinationales. Mais on vient de faire la démonstration que l’on avait une équipe compétente, travaillante et innovante. Une équipe qui ne travaille pas en silo », avance Stéphane Lajoie.

Est-ce qu’il souhaite monétiser la démonstration de savoir-faire que vient de réaliser Clic Santé avec sa participation efficace à la campagne de vaccination anti-COVID-19 ?

« Notre ambition est de pérenniser nos activités et de prendre de l’expansion dans le reste du Canada. On est déjà en Nouvelle-Écosse et on souhaite élargir notre plateforme de rendez-vous en ligne à d’autres services de santé. »

Clic Santé espère aussi contribuer à la numérisation du système de santé québécois. Son site internet est un beau déclic dans ce processus qui devra s’accélérer.