Les bulletins des élèves du secondaire et du primaire s’en viennent d’un jour à l’autre. Les parents ont hâte ! En attendant, il est fort instructif de regarder celui des adultes de 35 à 54 ans en matière de retraite et de finances. Il est sorti cette semaine. Et la note globale est un petit 37 %.

C’est l’Institut sur la retraite et l’épargne (IRE) de HEC Montréal qui a fait passer l’examen d’un bout à l’autre du pays.

En tout, les 3002 Canadiens interrogés devaient répondre à 38 questions. Celles-ci portaient sur la Pension de sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, l’épargne à l’abri de l’impôt (REER et CELI), les régimes de retraite d’employeur et diverses connaissances financières générales.

Bien sûr, tout le monde n’a pas besoin d’être un expert en finances. Et ce n’est pas un drame collectif de ne pas avoir 92 % au test de l’IRE. Mais pour bon nombre de travailleurs, de faibles connaissances peuvent avoir de sérieuses conséquences.

Le directeur exécutif de l’IRE, David Boisclair, donne l’exemple de ceux qui gagnent un revenu sous la moyenne et qu’on encourage à investir dans un REER. Une fois à la retraite, ces personnes pourraient avoir droit au Supplément de revenu garanti. Mais les retraits du REER/FERR réduisent cette prestation versée par Ottawa. Un CELI aurait été plus judicieux.

Les erreurs peuvent être très coûteuses. […] Ça peut avoir des conséquences quand même importantes sur les choix qu’on fait et sur notre niveau de vie plus tard.

David Boisclair, directeur exécutif de l’Institut sur la retraite et l’épargne

Cela nous rend par ailleurs vulnérables. « On est un peu à la merci de tous les conseils, à la banque, du beau-frère, du voisin et sur Facebook », note M. Boisclair.

Même si le niveau de littératie financière des Canadiens est relativement faible, il est « comparable aux niveaux mesurés dans d’autres pays industrialisés », précise l’IRE. Au moins, l’exercice de comparaison nous console.

Ce qui est plus intéressant, c’est qu’aucun pays ne se démarque par un niveau nettement plus élevé que les autres. Autrement dit, personne n’a trouvé de recette magique. « C’est un enjeu de nature humaine », explique David Boisclair. Nous ne retenons tout simplement pas les informations qui ne nous semblent pas utiles dans notre quotidien. Et pour beaucoup, la retraite est quelque chose de vraiment très, très loin. Dans leur tête, du moins.

Sans surprise, donc, les résultats année après année changent peu. En 2020, les Canadiens avaient obtenu 38,2 %.

Parmi les autres provinces, le Québec est dans la moyenne, avec 37,7 %. Les Ontariens ont droit à la première marche du podium grâce à une note de 38,7 %. Dans l’Atlantique, on traîne la patte avec une moyenne de 32,5 %.

Bonne nouvelle, plus les personnes se rapprochent de la retraite, meilleures sont leurs connaissances. Mais encore là, l’écart n’est pas énorme. Même chez les 50 à 54 ans, la barre de 40 % de bonnes réponses n’est pas franchie (39,5 %).

La scolarité et le revenu familial ont significativement plus d’impact que l’âge, comme le montrent les graphiques ci-dessous.

Ce qui inquiète particulièrement, c’est le niveau de connaissance des régimes de retraite d’employeur.

Cette catégorie de questions a obtenu les plus faibles notes. Un devoir d’instruction s’impose. Les comités de retraite doivent mieux informer les participants. Des employés qui ne savent pas s’ils cotisent à un régime à prestations ou à cotisations déterminées, ça existe ! Comment peuvent-ils alors bien planifier leur retraite alors que ce n’est pas du tout la même chose ?

En revanche, les sujets les mieux maîtrisés ont été la RRQ (RPC dans les autres provinces), le REER et le CELI. Il faut dire que les régimes enregistrés d’épargne sont l’objet d’intenses campagnes publicitaires de la part des institutions financières en janvier et en février. Leur stratégie a le mérite d’améliorer les connaissances du grand public. Mais la différence entre les deux véhicules de placement demeure mal comprise.

Je vous laisse sur quelques questions. Prenez une bonne gorgée de café. La calculatrice est permise, et bonne chance, comme on dit à l’école !

1- Supposons que vous devez 1000 $ sur un prêt et que le taux d’intérêt qu’on vous facture est de 20 % par année composé annuellement. À ce taux d’intérêt, combien d’années faudra-t-il pour que la somme de votre dette double si vous n’effectuez aucun remboursement ?

  • a. Moins de 2 ans
  • b. Au moins 2 ans, mais moins de 5 ans
  • c. Au moins 5 ans, mais moins de 10 ans
  • d. Au moins 10 ans

Bonne réponse : b

Taux de bonne réponse au Canada : 38,6 %

2- Les cotisations versées à un REER ou à un CELI sont-elles déductibles du revenu imposable ?

  • a. Oui, pour le REER seulement
  • b. Oui, pour le CELI seulement
  • c. Oui, pour le REER et le CELI
  • d. Non, ni pour le REER ni pour le CELI

Bonne réponse : a

Taux de bonne réponse au Canada : 52,1 %

3- Avec quel type de régime les paiements à la retraite dépendent-ils des rendements obtenus sur les marchés financiers ?

  • a. À prestations déterminées
  • b. À cotisations déterminées

Bonne réponse : b

Taux de bonne réponse au Canada : 21 %

4- Une hypothèque sur 15 ans requiert habituellement des paiements mensuels plus élevés qu’une hypothèque sur 30 ans, mais l’intérêt total payé sur toute la durée du prêt sera inférieur.

  • a. Vrai
  • b. Faux

Bonne réponse : a

Taux de bonne réponse au Canada : 74,5 %

5- Les prestations du RRQ sont…

  • a. Imposables au fédéral seulement
  • b. Imposables au provincial seulement
  • c. Imposables, au fédéral et au provincial
  • d. Non imposables

Bonne réponse : c

Taux de bonne réponse au Canada : 33 %

6- Un bénéficiaire éventuel peut commencer à recevoir des prestations de Supplément de revenu garanti lorsqu’il atteint…

  • a. 60 ans
  • b. 65 ans
  • c. 70 ans
  • d. 35 années de cotisation

Bonne réponse : b

Taux de bonne réponse au Canada : 33 %