C’est fou l’impact que peut avoir un seul petit trimestre sur la performance financière d’un gestionnaire de fonds.

L’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP), la société responsable des caisses de retraite de la fonction publique fédérale, vient de le démontrer, en révélant mercredi avoir généré un rendement global de 18,4 % au cours de son dernier exercice financier. Un résultat qui peut sembler à première vue nettement supérieur à ceux dévoilés plus tôt cette année par les autres grands gestionnaires de fonds canadiens.

Mais, contrairement au Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (Teachers) ou à la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui ont rapporté il y a plus de trois mois les résultats de leur année financière 2020, Investissements PSP vient de le faire pour son exercice 2021, qui s’est terminé le 31 mars dernier.

Si son rendement de 18,4 % rapporté mercredi apparaît bien au-dessus des 7,7 % générés par la Caisse et des 8,6 % générés par Teachers, c’est que les forts gains obtenus cette année par PSP ne viennent que compenser les plus lourdes pertes que le fonds a enregistrées l’an dernier par rapport à ses semblables.

La Caisse de dépôt et Teachers ont été en mesure de générer des rendements de 10,4 % en 2019, alors que PSP a terminé son précédent exercice avec un rendement de - 0,6 %.

Investissements PSP a dû absorber la forte dégringolade des marchés boursiers de mars 2020 qui a effacé tous les gains qu’il avait réalisés durant l’année. Son portefeuille d’actifs immobiliers a dû lui aussi subir une brusque dévaluation de 4,4 %, ce qui l’a conduit à terminer son exercice avec une perte de 0,6 %.

Le rendement global de 18,4 % de son plus récent exercice reflète donc le rattrapage boursier que le gestionnaire a été en mesure de réaliser à partir d’avril 2020 jusqu’au 31 mars 2021. Son portefeuille de marchés des capitaux a enregistré une plus-value de 26,6 % durant le dernier exercice, alors que son portefeuille immobilier s’est apprécié de 3,8 %, et ce, en dépit de la pandémie.

« On n’a pas été frappés par la désertion des centres commerciaux parce qu’on est peu investis dans ce secteur de l’immobilier. Les centres commerciaux où l’on détient des participations sont davantage orientés vers les services et les commodités courantes que la mode ou les commerces qui ont dû cesser leurs activités », m’a précisé mercredi Neil Cunningham, PDG d’Investissements PSP.

En fait, le portefeuille immobilier de PSP est bâti principalement autour de la logistique et des activités industrielles et résidentielles, soit un peu le modèle d’actifs vers lequel la Caisse de dépôt souhaite migrer au cours des prochaines années. « Même si les tours de bureaux ont été affectées par la pandémie, nos locataires ont continué de payer leur loyer. On va voir comment le retour au bureau va se dérouler avec la nouvelle réalité du télétravail », poursuit le PDG.

Une activité stabilisée

Même si les exercices financiers d’Investissements PSP et de ses comparables ne sont pas concordants, il faut souligner que PSP a tout de même réussi à obtenir de bons rendements sur les marchés boursiers en dépit de la domination des grands titres technologiques qui ont généré l’essentiel des rendements l’an dernier. Le portefeuille Marchés des capitaux a généré un rendement de 26,6 %.

« On était bien alignés avec les marchés, mais on adapte toujours nos portefeuilles selon l’évolution de la situation. L’important est de garder une vision à long terme et, à cet égard, on est très contents de nos rendements sur cinq et dix ans », précise Neil Cunningham.

Après la mauvaise performance de 2020, les résultats de 2021 ont permis de faire progresser les actifs du groupe de 20,4 % à 204,5 milliards.

Sur cinq ans, PSP affiche un rendement annualisé de 9,3 % et de 8,9 % sur dix ans, surpassant pour chaque période son indice de référence. Le rendement de 18,4 % a été le plus élevé des dix dernières années.

Cela dit, Neil Cunningham assure que la situation s’est stabilisée au sein de la haute direction de PSP au cours des deux dernières années. On se rappellera que de 2015 à 2018, sous la présidence d’André Bourbonnais, quelque 50 cadres de la firme avaient été licenciés. La cheffe de la direction financière, Nathalie Bernier, et le chef des opérations, Alain Deschênes, ont subi le même sort en 2019.

« On a une équipe de haute direction qui affiche une très forte cohésion et on a des gens de l’interne à tous les niveaux qui sont là depuis des années et qui font le succès de notre organisation », estime Neil Cunningham, qui compte lui-même 15 années au sein de PSP.

Avec ses 800 professionnels de l’investissement à son bureau principal de Montréal, Investissements PSP, qui gère aussi les actifs de la GRC et des Forces armées canadiennes, est un acteur important de Finance Montréal, la grappe financière du Québec.