(Interlaken) « Le monde a encore besoin de charbon », affirme le patron de Glencore, malgré les critiques de ses actionnaires et l’effet délétère sur le climat, parce que les pays en développement doivent pouvoir accéder à l’énergie à un prix abordable.  

« Nous voulons que le monde se décarbone. C’est la bonne chose à faire », a déclaré Gary Nagle, qui dirige le géant des matières premières, lors du Swiss Economic Forum.  

« Mais nous ne pouvons pas échapper à la réalité qui est que le monde a toujours besoin d’énergie, en particulier dans les nations en développement qui sont très dépendantes des énergies fossiles » pour soutenir leur essor économique, a ajouté M. Nagle.

« Nos activités dans le charbon vont dans ce sens », a-t-il affirmé.  

« Nos actionnaires sont très à l’aise avec l’idée que Glencore conserve son charbon », a-t-il assuré, en dépit d’un récent vote de défiance d’une partie de ses actionnaires lors de son assemblée générale annuelle.  

Un groupe d’actionnaires, rassemblant notamment les sociétés de gestion d’actifs britanniques Legal & General Investment Management et HSBC Asset Management, avaient engagé un bras de fer avec le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, pour exiger des explications concernant sa stratégie dans le charbon.  

À la différence de concurrents comme Rio Tinto ou Anglo American qui se désengagent du charbon, Glencore défend bec et ongle cette ressource, disant vouloir gérer ses mines de manière responsable jusqu’à ce qu’elles arrivent à épuisement.   

Discussions avec les actionnaires

Ce groupe d’actionnaires avait déposé une résolution pour demander des explications à Glencore. Il visait à recueillir au moins 20 % des votes, le seuil à partir duquel le groupe doit engager des discussions avec eux en vertu des règles de la Bourse de Londres où Glencore est coté. Leur résolution avait obtenu 29,2 % de voix favorables.  

« Nous engagerons des discussions avec nos actionnaires », a indiqué Gary Nagle lors de ce forum à Interlaken.  

Le groupe prévoit de fermer une douzaine de mines de charbon dans le monde d’ici 2035, ce qui devrait réduire sa production de 50 % d’ici là. Mais cette stratégie peine à convaincre les investisseurs qui ne veulent plus de charbon dans leurs portefeuilles de placements.  

Durant la conférence, le patron de Glencore a par contre esquivé les questions concernant l’offre controversée au groupe canadien Teck Resources. Cette entreprise minière a rejeté à deux reprises une proposition de Glencore visant à fusionner leurs activités dans le charbon et les métaux puis les séparer ensuite dans le cadre d’une transaction très complexe.  

Les deux plus gros actionnaires de Teck Resources s’y étaient aussi opposés, mais l’offre de Glencore avait séduit d’autres actionnaires, ce qui avait fini par forcer le groupe canadien à renoncer à son propre projet de scission de ses activités.

Glencore avait fait une première offre valorisant Teck Resources à environ 22,5 milliards de dollars, représentant une prime de 20 % par rapport au cours de l’action avant sa proposition, puis avait envisagé de l’améliorer. Il avait proposé un versement en numéraire aux actionnaires qui ne souhaitaient pas recevoir une participation dans la branche spécialisée dans le charbon qui aurait été mise en place si son offre avait été acceptée.

Selon l’agence Bloomberg, le géant américain des produits agricoles Bunge serait par ailleurs en discussion pour fusionner avec son concurrent Viterra, qui compte Glencore parmi ses actionnaires.  

Contacté par l’AFP, le groupe suisse n’a pas souhaité faire de commentaire.