La bière est bel et bien taxée à 46 % en moyenne au Canada, assure Philippe Roy, porte-parole québécois des brasseurs industriels.

Comme il s’agit d’une moyenne canadienne, le pourcentage varie d’une province à l’autre. Selon les chiffres de 2022, il dépasse les 56 % à l’Île-du-Prince-Édouard, mais ne s’élève qu’à 36 % au Québec, le plus bas au pays.

Dans la Belle Province, l’arsenal fiscal se compose de la taxe d’accise fédérale, qui revient à 2,91 $ la caisse de 24 bouteilles, de la taxe spécifique sur l’alcool du Québec, à 5,16 $ sur le même emballage, puis des TPS et TVQ, des taxes sur les taxes.

La moyenne de 46 % a en effet été contestée dans le passé par des chercheurs qui l’estimaient plutôt entre 20 et 30 % selon les provinces. Le journaliste André Noël a fait écho à leur travail dans un article paru sur le site Pivot en avril dernier.

Le texte de l’ancien journaliste de La Presse faisait suite à la décision du gouvernement Trudeau de plafonner à 2 % la hausse sur la taxe d’accise sur la bière. Depuis 2017, la taxe augmente le 1er avril en fonction de l’évolution annuelle de l’Indice des prix à la consommation (IPC) de l’année précédente. Le 1er avril 2023, elle aurait dû augmenter de 6,3 %.

L’Association des brasseurs du Québec, qui défend les intérêts de Molson Corors, AmBev (Labatt) et Sapporo (Sleeman), a tenu à réaffirmer lundi la véracité de sa moyenne de 46 %.

Le Canada a les taxes sur la bière les plus élevées parmi les pays membres du G7, selon elle. Le Japon est à 44 % et le Royaume-Uni, à 41 %. Les États-Unis ferment la marche à 17 %.

L’industrie brassicole en a contre la formule d’escalateur automatique de la taxe d’accise du gouvernement fédéral, introduite en 2017. Le débat sera en effet à reprendre l’an prochain alors que l’inflation tourne autour de 4 % en 2023.

« Dans une démocratie, le principe que je connaissais était que si on veut augmenter les taxes, on va au Parlement et on va faire voter une augmentation, a confié le patron de Molson Coors Canada, Frederic Landtmeters, aux journalistes vendredi en marge d’un évènement. En 2017, ce que Bill Morneau [ministre des Finances à l’époque] a fait voter, c’est une augmentation annuelle pour l’éternité sans devoir revenir demander la permission à qui que ce soit. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Déjeuner-causerie de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le vendredi 2 juin, avec, à droite, Frederic Landtmeters, président de Molson Coors Canada, et, au centre, Andrew Molson, membre du conseil d’administration de Molson Coors

Pas de droits d’accise sur les bières sans alcool

À la suite de la parution de notre article samedi, des lecteurs nous ont demandé pourquoi la bière sans alcool se vend au même prix que la bière ordinaire, si la taxe d’accise et la taxe spécifique ne s’y appliquent pas. « C’est une question de stratégie marketing », a répondu diplomatiquement Philippe Roy.