Le nouveau code de conduite canadien pour les épiciers, dont la version finale devrait être déterminée dans les prochaines semaines, devrait contribuer à améliorer la relation entre les fournisseurs et les épiciers, croit le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche.

Le grand patron de Metro reconnaît que les relations avec certains fournisseurs ont connu des moments de tensions. « Pas tout le monde, de façon générale, les relations sont bonnes », a-t-il nuancé en mêlée de presse, jeudi, en marge d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal.

Metro et d’autres membres de l’industrie ont travaillé à l’élaboration d’un code de conduite volontaire. Une proposition de version finale fait actuellement l’objet d’un processus de consultation jusqu’au 30 mai.

Le document comprend un processus pour résoudre les différends. S’il ne prévoit pas l’imposition d’amendes, un certain nombre de mesures de dissuasion potentielles pour encourager la conformité, telles que la communication potentielle au public des « mauvais comportements », sont prévues.

Le code de conduite des épiceries dirigé par l’industrie a été proposé comme moyen de résoudre des problèmes de longue date tels que les frais arbitraires, les augmentations de coûts imposées sans préavis et les retards de paiement.

« Je pense que ce qui est là-dedans, ça va être porteur pour avoir plus de transparence et puis les choses vont être plus claires entre les différents joueurs », a commenté M. La Flèche.

En offrant des lignes directrices, le code fournira un guide de conduite qui contribuera à réduire les « mauvaises surprises » et les « décisions unilatérales », selon le dirigeant.

Il donne en exemple les commandes non livrées comme une situation qui serait clarifiée par le code. « Quand on fait une commande qui n’est pas remplie, puis nous, on ne peut pas livrer en magasin et on frustre nos clients, parce qu’on n’a pas le produit, qu’est-ce qui arrive ? Est-ce qu’on peut charger une pénalité ? Si oui, dans quelles circonstances. Alors ça va être plus clair pour tout le monde. »

« Personne ne veut se faire imposer des augmentations unilatérales pour rien, sans justification, a-t-il ajouté. Eux [les fournisseurs] ne veulent pas qu’on leur impose des frais unilatéralement, sans justifier non plus. Alors c’est de la négociation qui va être transparente. Je pense que ça devrait fonctionner. »

Pas de frais unilatéraux

Metro se défend d’avoir imposé de manière unilatérale des frais à ses fournisseurs dans la foulée du lancement du nouveau programme de fidélité Moi. En janvier, des fournisseurs ont fait part de leurs frustrations en raison des frais demandés pour participer au programme, dans un article de La Presse.

Lisez la chronique de Marie-Eve Fournier « Les cadeaux ne sont pas gratuits »

« Ce ne sont pas des frais imposés, affirme le dirigeant. C’est un programme volontaire. Il n’y a pas un fournisseur qui est obligé de faire affaire avec nous, puis d’embarquer dans le programme Moi. C’est sûr qu’il va peut-être faire de meilleures affaires avec nous s’il participe au programme. »

Les témoignages de fournisseurs mécontents ne refléteraient pas l’humeur de la majorité, juge M. La Flèche. « La plupart embarquent là-dedans avec le sourire et enthousiasme. »

La mise à jour du programme de fidélité étend sa portée aux autres enseignes de l’entreprise, en incluant notamment les pharmacies Jean Coutu et Première Moisson.

Le programme permettrait de mieux cibler les comportements des clients qui visitent plus d’une enseigne de la société montréalaise. « On pense qu’on offre plus à nos fournisseurs, dit le patron de Metro. On a une information plus riche à travers notre réseau. Ça vaut quelque chose. Si les fournisseurs veulent avoir accès à ça, eh bien, ça vaut quelque chose. S’ils veulent travailler des promotions ciblées avec nous, ça vaut quelque chose. »

Signes d’accalmie de l’inflation

Au cours de sa conférence, M. La Flèche a dit qu’il voyait des signes d’une modération, mais qu’il aimerait que la flambée des prix s’éteigne plus rapidement.

En réponse aux critiques qui ont montré du doigt les épiciers pour la hausse des prix des aliments, le patron de Metro a réitéré que l’épicerie était le dernier chaînon de la chaîne d’approvisionnement.

La hausse des prix est visible à l’épicerie, mais la pression inflationniste est présente à chaque étape, comme la production et le transport, souligne-t-il.

Au cours de l’exercice 2022, Metro avait enregistré près de 27 000 demandes de hausse de prix de plus de 10 % en moyenne de la part de ses fournisseurs uniquement pour les aliments secs (ce qui exclut la viande et les fruits et légumes frais), avait rapporté le dirigeant en janvier dernier.

Depuis, il dit voir des signaux d’une modération. « La quantité de demandes baisse, le taux d’augmentation de la demande a aussi baissé, précise-t-il en mêlée de presse. Il y en a encore, mais c’est certainement un signe de ralentissement des augmentations. »