La nostalgie de Marine Industrie remonte à la surface à Sorel-Tracy lorsqu’on évoque le chantier maritime Davie. Dans cette ville de la Montérégie, la construction de brise-glaces en territoire québécois représente l’occasion de renouer avec ce qui était jadis son épine dorsale économique : la construction navale.

On ne recommencera pas à construire des navires aux abords de la rivière Richelieu, concède le maire de la municipalité, Patrick Péloquin, en entrevue avec La Presse. Mais des « à-côtés », comme des parties de cabines, des passerelles et d’autres pièces qui entrent dans la fabrication des nombreux modules nécessaires à la conception d’un navire, cela est possible, croit le politicien.

« L’écosystème qui existait autour de Marine Industrie existe encore, dit M. Péloquin. Les entreprises qui étaient autour existent encore, mais elles se sont tournées vers autre chose. »

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE SOREL-TRACY

Patrick Péloquin est maire de Sorel-Tracy.

L’inclusion de Davie dans la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) a « sonné des cloches » à Sorel-Tracy, affirme son maire. Rapidement, la Ville a réalisé qu’elle pourrait bénéficier des 8,5 milliards en contrats potentiels qui pourraient émaner d’Ottawa pour la construction de sept brise-glaces destinés à la Garde côtière canadienne.

M. Péloquin fait d’ailleurs partie de la mission commerciale européenne organisée par l’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada, qui se déroule jusqu’à vendredi. Avant de s’envoler, il a donné un aperçu de ses ambitions en compagnie de David Plasse, directeur général de Développement économique Pierre-De Saurel, ainsi que Nancy Annie Léveillée, directrice de la Société des parcs industriels Sorel-Tracy.

« Nous avons environ six millions de pieds de disponibles – notamment dans le parc industriel Ludger-Simard, où se trouvait autrefois Marine Industrie – pour du développement industriel, souligne M. Péloquin. Nous sommes entre Montréal, Trois-Rivières et Québec/Lévis. Ce qui nous distingue, c’est que dans la construction maritime, on est parfois dans des pièces surdimensionnées. Il faut que le transport s’effectue par l’eau. Et on a les infrastructures. »

Longue histoire

Le chantier naval où se trouvait Marine Industrie a démarré vers la fin des années 1930. Situé sur la rivière Richelieu, à proximité du fleuve Saint-Laurent, l’endroit a connu ses heures de gloire après la Seconde Guerre mondiale, où quelque 10 000 personnes y travaillaient.

Après avoir changé de propriétaire dans les années 1970, le chantier naval a cessé de construire des navires en 1988, ce qui avait entraîné la perte de plus de 1500 emplois. L’entreprise a disparu pour de bon en 1991.

« Cela avait été un grand drame dans la région quand tout avait arrêté, rappelle M. Péloquin. À un certain moment, dans l’histoire de la ville, Marine Industrie employait la moitié des ouvriers ici. »

PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE PIERRE-DE SAUREL

Le chantier de Marine Industrie en 1944 à Sorel-Tracy

Depuis quelques semaines, la possibilité de voir le secteur de la construction navale générer des retombées à Sorel-Tracy a émergé.

« Si l’on avait dit, il y a quelques années, que le boom économique de la région pourrait venir de la construction navale, il n’y a personne qui nous aurait crus. »

Plus qu’une visite

Au-delà des terrains industriels disponibles et des infrastructures portuaires toujours présentes, Sorel-Tracy dispose également de voies ferrées privées qui procurent un accès au réseau de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN).

Ce sont ces atouts que M. Péloquin veut faire miroiter sur le Vieux Continent aux entreprises européennes intéressées à faire partie de la chaîne d’approvisionnement du chantier Davie.

« Les pièces [des brise-glaces] doivent être produites au Canada, rappelle le politicien. Je ne m’en cache pas : pour nous, il y a aussi une mission de recrutement pour des compagnies qui voudraient participer à la stratégie fédérale. Une entreprise française ne pourrait pas produire des pièces en France et les expédier au Canada. Ils doivent venir s’installer chez nous. »

M. Péloquin dit ne pas vouloir damer le pion à Lévis et aux environs en ce qui a trait à la chaîne d’approvisionnement de Chantier Davie. Il estime que sa ville peut jouer un rôle complémentaire. En entrevue avec La Presse, le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, avait par ailleurs indiqué être à l’étroit dans sa municipalité en matière de terrains industriels.

La construction navale génère encore des retombées à Sorel-Tracy, mais celles-ci passent sous le radar. Selon Développement économique Pierre-De Saurel, Acier Richelieu fabrique de « petites pièces » de navire pour des entreprises comme Groupe CSL, Fednav et Groupe Desgagnés.

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  • 36 100 personnes
    Population estimée de Sorel-Tracy
    gouvernement du Québec