Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, a convoqué mardi tous les acteurs du secteur porcin afin de souligner que le temps presse pour parvenir à réduire le cheptel de 1,1 million de bêtes d’ici janvier 2024.

Des dirigeants de l’Union des producteurs agricoles (UPA), des Éleveurs de porcs, de la Financière agricole et du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) se sont réunis à sa demande dans les locaux de l’UPA à Longueuil.

« Ce qui était important, et c’est pour cela que j’ai convoqué cette rencontre-là, c’est que tout le monde comprenne qu’il y a un sentiment d’urgence, un sentiment d’urgence dans le sens qu’il y a un calendrier. Et là, à un moment donné, il ne faut pas qu’on se fasse attraper par le calendrier », a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse après la rencontre.

Le 27 mars dernier, le syndicat agricole des Éleveurs de porcs a voté en faveur de la mise en place d’un programme de rachat pour les agriculteurs qui souhaitent se retirer de la production pour au moins cinq ans. Doté d’un fonds de compensation de 80 millions, il vise à répondre à une réduction du volume d’abattage demandé par les transformateurs, qui éprouvent des difficultés financières. Le Québec produit annuellement environ 6,8 millions de porcs.

La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec – un tribunal administratif – devra toutefois donner son aval afin que le mécanisme de retrait de la production soit mis en place.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Or, près d’un mois et demi plus tard, le plan de retrait n’a toujours pas été soumis à la Régie. « Ça va être fait incessamment », a souligné le ministre, qui s’est dit satisfait de la rencontre.

« Je voulais voir jusqu’à quel point les gens étaient au diapason et mobilisés pour atterrir ça à la bonne place. »

Une aide de Québec ?

Le mécanisme de retrait volontaire de la production sera financé par une cotisation spéciale qui s’élèvera en moyenne à 2,85 $ pour chaque bête mise en marché par les producteurs qui décideront de poursuivre leurs activités.

Une partie importante du fonds de 80 millions risque cependant d’être payée par les contribuables.

Les Éleveurs de porcs du Québec souhaitent que les producteurs puissent inclure le montant de la cotisation spéciale dans leurs frais de « mise en marché ».

La cotisation leur sera alors remboursée par le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Gérée par la Financière agricole du Québec, l’ASRA est financée aux deux tiers par les contribuables québécois.

S’agit-il du véhicule approprié pour appuyer les producteurs ? Le ministre pourrait-il verser une aide directe aux producteurs ?

D’abord, il faut que le plan soit déposé, il faut qu’il soit analysé et il faut qu’il soit jugé conforme aux orientations, et après ça, on va voir quel est le véhicule pour accompagner ce plan-là.

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

De façon plus générale, le ministre a demandé que le plan soit équitable pour tous les types d’entreprises, qu’il ne se fasse pas au détriment des agriculteurs de la relève et qu’il reconnaisse les investissements effectués en matière de productivité.

« Au-delà d’une réduction de production, on veut qu’une fois fait, le secteur soit plus fort qu’il l’est aujourd’hui. Et ça fait partie des considérations de savoir qui va quitter et qui va être accompagné. »

Partir ou rester ? Les Éleveurs de porcs du Québec feront parvenir bientôt un « formulaire d’intention » à leurs membres afin d’avoir un portrait de la situation, a indiqué leur porte-parole, Tristan Deslauriers.

« Depuis plusieurs mois, les Éleveurs travaillent étroitement avec la Financière agricole du Québec et le MAPAQ pour discuter des principes du programme et valider les balises et les critères. On a fait plusieurs modifications au projet initial des Éleveurs en fonction de leurs commentaires. La version que nous avons pu remettre aux partenaires [mardi] matin correspond aux attentes de tous les partenaires et sera bientôt adoptée par le conseil d’administration des Éleveurs et transmise pour approbation à la Régie des marchés agricoles. »

L’histoire jusqu’ici

  • 27 mars : Réunis en assemblée générale extraordinaire, les Éleveurs de porcs votent en faveur de la mise en place d’un programme de rachat pour les éleveurs qui souhaitent se retirer de la production pour au moins cinq ans.
  • 14 avril : Le transformateur de viande Olymel annonce la fermeture de son usine d’abattage de Vallée-Jonction. Près de 1000 travailleurs sont touchés par la décision.
  • 18 avril : Les éleveurs et les transformateurs signent une convention de mise en marché du porc. Les abattoirs continueront de payer les bêtes en deçà du prix du marché pour les deux prochaines années.