(Québec) Le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) soutient que l’augmentation des redevances sur l’eau, prévue dans le projet de loi 20, sera un « choc tarifaire » pour le secteur des pâtes et papiers.

Selonson président-directeur général, Jean-François Samray, cette hausse aura un impact de 11,2 millions dès 2024 sur cette industrie. « Il s’agit d’une hausse drastique et rapide », a-t-il lancé.

M. Samray demande une hausse plus progressive afin que son impact sur la compétitivité des usines des pâtes et papiers soit moindre, et pour leur laisser le temps de s’adapter.

Il affirme également que 90 % de l’eau captée par l’industrie est retournée dans les cours d’eau après avoir été filtrée et demande donc que le gouvernement adopte une approche basée sur la « consommation réelle de l’eau ».

Pour les industries qui captent l’eau sans la garder, le projet de loi 20 fera passer les tarifs de 2,50 $ à 35 $ le million de litres.

M. Samray avance également que, contrairement à d’autres entreprises, le secteur des pâtes et papiers ne peut pas refiler la facture à ses clients pour atténuer les coûts associés à la hausse des redevances, car les prix sont fixés par le marché.

Le président-directeur général est même allé jusqu’à demander que le secteur qu’il représente soit exempté de payer des redevances, comme c’est le cas en Ontario.

Charette garde le cap

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, n’a pas été ébranlé par les arguments de l’industrie et assure que la hausse des redevances reste « justifiable ».

« Vous conviendrez qu’à 2,50 $ le million de litres, c’est donné. C’est un prix qui ne fait pas de sens et qui n’a pas été haussé depuis plusieurs années », a répondu le ministre.

M. Charette refuse aussi de consentir à leur demande d’exemption. « Vous êtes déjà assujettis depuis plusieurs années. On ne reculera pas ».

Il a rappelé que l’eau utilisée par les usines de pâtes et papiers, bien qu’elle n’est pas conservée, est tout de même altérée. « L’eau que vous retournez n’est pas dans l’état où vous l’avez prise […], il reste encore des contaminants », a-t-il dit.

Un constat accepté par le vice-président et directeur général de Papier White Birch, Sylvain Girard, également présent lors de la consultation. « On respecte les normes, mais ce n’est pas une eau qui est potable », a-t-il consenti.

Les acteurs de l’industrie présents lors de la consultation ont demandé à ce que de l’argent investi dans le Fonds bleu – qui sera créé aussi avec le projet de loi 20 – puisse servir à moderniser les usines. Le ministre Charette a rappelé que cela sera possible, mais que le montant qui sortira du fonds pour une entreprise ne pourra pas être supérieur à celui qu’elle a investi.

Les consultations sur le projet de loi 20, qui vise à augmenter les redevances sur l’eau de 900 %, ont débuté mardi.