Postes Canada distribuera un nouveau cahier publicitaire de Transcontinental sur le territoire de Montréal, en remplacement du Publisac, à partir du 15 mai, malgré l’opposition de la Ville, mais invite les citoyens à signaler leur refus s’ils n’en veulent pas.

« La population et les entreprises montréalaises peuvent s’attendre à ce que Postes Canada continue de livrer tout leur courrier après le 17 mai 2023 », indique la société d’État, dans une « déclaration » diffusée lundi en fin de journée.

Le 17 mai est la date d’entrée en vigueur du nouveau règlement de la Ville de Montréal qui interdit la distribution d’articles publicitaires de porte en porte aux gens qui ne l’ont pas demandé.

L’emballage des dépliants publicitaires dans du plastique est également banni, ce qui a sonné le glas du Publisac dans la métropole.

Pour contourner le règlement municipal, Transcontinental s’est tourné vers Postes Canada pour distribuer à Montréal les publicités qu’il imprime. La société de la Couronne dit ne pas avoir à se conformer au règlement décrété par la Ville.

L’automne dernier, les facteurs ont distribué le Publisac pendant huit semaines, mais le poids du sachet publicitaire a entraîné une hausse des accidents de travail et des heures supplémentaires, ce qui a incité Postes Canada à mettre l’expérience sur pause.

« Ça a été catastrophique pour les travailleurs », souligne Alain Robitaille, président de la section montréalaise du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui n’avait pas encore été informé des modalités de distribution du nouveau produit publicitaire.

Fini le plastique

Transcontinental a dévoilé au début du mois ce qui remplacera le Publisac à Montréal : un mince cahier plié en quatre qui combine les circulaires de plusieurs détaillants en un seul imprimé d’un nombre de pages limité, sans emballage de plastique. Il sera complété par une plateforme numérique où les consommateurs pourront trouver des offres promotionnelles.

« La recherche démontre qu’une majorité des consommateurs continuent de se fier aux circulaires papier pour planifier leurs visites en magasin », soulignait alors Patrick Brayley, vice-président principal chez Transcontinental, dans un communiqué. « Les circulaires permettent aux Montréalais de lutter contre l’inflation avec des économies allant jusqu’à 1500 dollars par année. »

« Nous avons pris connaissance du nouveau dépliant que Transcontinental est en train d’élaborer. Le format respecte nos exigences et le dépliant sera livré », indique Philippe Legault, responsable des relations avec les médias de Postes Canada, dans une déclaration écrite.

Entorse à l’adhésion volontaire

Mais la société d’État invite ceux qui ne veulent pas de ce dépliant à l’indiquer sur leur boîte aux lettres, comme prévu par le programme Choix des consommateurs, qui permet d’éviter de recevoir du courrier publicitaire sans adresse. Postes Canada fera mieux connaître ce programme dans la région de Montréal, précise M. Legault.

« Pour ne plus recevoir de courrier publicitaire sans adresse, apposez une note sur votre boîte aux lettres indiquant que vous ne souhaitez pas en recevoir, de façon à ce qu’elle soit bien visible pour votre facteur ou factrice. Si votre courrier est livré à une boîte postale communautaire, à une boîte postale multiple ou à une case postale, placez la note sur le rebord intérieur de la porte », explique le site web de Postes Canada.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

En avril 2022, la mairesse de Montréal Valérie Plante annonçait un système à adhésion volontaire.

Le règlement municipal de Montréal prévoyait que les citoyens qui désirent recevoir des publicités apposent un autocollant sur leur boîte aux lettres (« opt-in »), alors que Postes Canada fait l’inverse (« opt-out »).

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante a fait savoir son mécontentement à la suite de la décision de la société d’État. « La poursuite de la livraison du publipostage par Postes Canada bafoue la volonté fermement exprimée de la population montréalaise, qui souhaite l’arrivée du modèle visant la réduction du gaspillage, soit l’adhésion volontaire », indique l’attachée de presse de la mairesse, Catherine Cadotte, dans une déclaration écrite.

« Le modèle du statu quo proposé par Postes Canada date d’une autre époque et n’a pas réussi à empêcher la livraison de publipostage non sollicité. Si ce modèle avait fonctionné, la population montréalaise n’aurait pas eu à se mobiliser aussi fortement pour demander sa révision. Notre administration a mis en place un règlement clair et on s’attend qu’il soit respecté par tous, incluant Poste Canada, qui doit être un citoyen corporatif exemplaire. »