(Ottawa) Des groupes d’aide internationale qui luttent contre la faim et la propagation des maladies à l’étranger, entre autres, estiment que les fonds alloués à leurs missions dans le budget fédéral présenté mardi ne sont pas suffisants.

Le troisième budget de la ministre des Finances Chrystia Freeland prévoit près de 6,9 milliards en aide au développement international au cours de la prochaine année fiscale, ce qui représente une baisse de 16 % par rapport à l’an dernier.

Malgré tout, le premier ministre Justin Trudeau a demandé à son ministre du Développement international, Harjit Sajjan, d’augmenter ses dépenses chaque année.

En 2019-2020, soit la dernière année fiscale avant la pandémie, le gouvernement avait prévu dans son budget 6,6 milliards pour l’aide internationale. Avec les mesures liées à la pandémie et à l’invasion russe en Ukraine, ce chiffre a bondi à plus de 8 milliards l’an dernier.

Cependant, avant le dévoilement du budget, mardi, des responsables gouvernementaux avaient prévenu le milieu de l’aide humanitaire que la somme du budget 2021-2022 était exceptionnelle, en raison de circonstances particulières. Les libéraux avaient donc fait savoir que le chiffre pour la prochaine année allait se situer plus près de celui de 2019, plutôt que de celui de l’année dernière.

Pour la directrice générale de Coopération Canada, Kate Higgins, ce choix du gouvernement fédéral fera en sorte que certains organismes vont cesser de planifier des projets à long terme, d’autant plus qu’ils sont aussi aux prises avec la hausse de l’inflation.

« Cette décision ralentit les progrès et nuit à la contribution du Canada en matière de développement ailleurs dans le monde », a-t-elle dénoncé.

« Elle compromet notre sécurité en tant que pays et la contribution que nous apportons à la lutte contre les crises mondiales qui s’aggravent, qu’il s’agisse du changement climatique ou du recul des droits de la personne et de la démocratie. »

Mme Higgins a aussi noté que le budget ne précise pas la proportion des fonds destinés à l’Ukraine, qui, selon elle, a cruellement besoin d’aide, par rapport au montant prévu pour d’autres crises ailleurs dans le monde.

« Il y a des crises dans d’autres parties du monde, que ce soit dans la Corne de l’Afrique ou au Moyen-Orient, sur lesquelles nous devons avoir l’œil et auxquelles nous devrions répondre », a-t-elle rappelé.

« Notre préoccupation est donc qu’il faut s’assurer de pouvoir répondre avec audace à la guerre en Ukraine, sans oublier les crises ailleurs dans le monde. »

À long terme

D’autres groupes ont quant à eux martelé que les libéraux doivent confirmer le financement pour les années à venir, afin qu’ils puissent mieux planifier leurs projets à l’étranger.

« Il faut être en mesure de montrer à nos partenaires internationaux que nous sommes là pour le long terme, afin que nous puissions également influencer d’autres gouvernements à nous rejoindre », a soutenu le président de Save the Children Canada, Danny Glenwright.

L’organisme Au-delà de nos frontières a de son côté noté qu’il y a un risque particulier pour cet exercice financier, puisqu’il est le dernier du cycle de financement de cinq ans qui comprend les engagements pris par le Canada lorsqu’il a accueilli le Sommet du G7 en 2018.

« Si cet investissement n’est pas renouvelé, quatre millions de filles et de jeunes femmes dans le monde se retrouveront avec un avenir incertain, car les projets d’éducation soutenus par le Canada prendront fin dans les mois à venir », a prévenu l’organisation.

Le directeur d’UNICEF Canada, David Morley, a mentionné dans un communiqué que le budget ne tenait pas compte du fait que les enfants sont confrontés aux conflits, au changement climatique, à « la montée en flèche des taux de malnutrition et aux conséquences socio-économiques persistantes de la pandémie ».