Les accédants à la propriété qui espéraient que le gouvernement québécois lance des initiatives pour stimuler la construction de logements seront déçus.

Dans un contexte de taux hypothécaires haussiers, le budget est silencieux sur les mesures pour stimuler la construction domiciliaire ou la rénovation résidentielle, mis à part l’ajout de sommes consacrées à la construction de logements sociaux.

Résultat : le nombre de mises en chantier va reculer un peu plus chaque année de 2023 à 2027, selon les prévisions économiques du gouvernement. Ce dernier prévoit 50 000 mises en chantier en 2023, mais seulement 42 000 en 2027.

Or, plusieurs organismes, dont la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), ont démontré que le rythme annuel des mises en chantier devait doubler pour rééquilibrer le marché et rendre les maisons plus abordables.

« On a un déficit de 100 000 habitations au Québec, souligne Paul Cardinal, directeur du service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Avec les rares mesures qu’on voit dans le budget, c’est nettement insuffisant. On va simplement exacerber le problème. »

L’APCHQ est aussi déçue de ne pas voir des crédits d’impôt visant à stimuler la rénovation résidentielle. « Pour ce qui est du parc locatif, ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu d’incitatifs pour essayer de redonner de l’amour à notre parc locatif qui est vieillissant et énergivore », poursuit M. Cardinal.

Une ministre à l’écoute

« Effectivement, le nombre de mises en chantier ne va pas dans le bon sens. Je suis d’accord avec vous, a convenu la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, lors du huis clos budgétaire. Les 500 unités abordables du secteur privé [annoncées dans le budget] vont peut-être contribuer à ça, mais on ne réglera pas tout avec 500 unités. Je continue les discussions avec le secteur privé pour voir quelle sera la meilleure façon de les aider s’il y a lieu. »

Pour accélérer l’offre, il y a des mesures budgétaires, mais il y a aussi des assouplissements au niveau des municipalités pour accélérer l’émission des permis. On regarde aussi des règles au niveau de la Commission de la construction du Québec. Là aussi, il y a des éléments qui peuvent être modifiés pour permettre d’accélérer les choses. C’est l’ensemble de l’œuvre qu’il faut regarder.

France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation

Récemment, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont présenté un plan de mesures pour stimuler l’offre de logements.

En conférence de presse, le ministre des Finances, Eric Girard, a indiqué qu’augmenter l’offre de logements n’est pas simple à faire. Il a souligné que l’Ontario et la Colombie-Britannique font face à une pénurie de logements depuis plus longtemps que le Québec et que les deux provinces n’avaient pas encore trouvé de solutions.