La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a terminé 2022 avec un rendement négatif de 5,6 %, supérieur à son portefeuille de référence à - 8,3 %, et supérieur aux principaux indices boursiers et obligataires.

En comparaison, les régimes de retraite canadiens ont obtenu un rendement annuel médian de - 10,3 %, selon le sondage de RBC Services aux investisseurs et de trésorerie paru à la fin de janvier.

Ce que je regarde, c’est qu’en 2021, on a eu des marchés haussiers, la Caisse a surperformé. En 2022, on a eu des marchés baissiers, la Caisse a surperformé, ça m’indique à moi que la construction de portefeuille à la Caisse de dépôt est bien faite et qu’on fait du bon travail.

Eric Girard, ministre des Finances du Québec

La Caisse a néanmoins perdu sur papier 24,6 milliards lors de son exercice financier. L’actif net est remonté à 402 milliards. Il s’agit d’un premier résultat annuel négatif à la Caisse depuis 2008.

La valeur ajoutée de sa performance par rapport au marché provient en grande partie de la bonne tenue de ses investissements dans les placements privés, dans l’immobilier et dans les infrastructures.

Les huit grands déposants de l’institution, parmi lesquels figurent le Régime de rentes du Québec (RRQ) et le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, obtiennent des résultats allant de - 3,9 % à - 8 % sur un an. Dans le cas du RRQ, les rendements sont de - 3,9 % pour le régime de base et de - 5,7 % pour le régime supplémentaire.

« Le premier semestre a d’ailleurs été marqué par la pire correction simultanée des marchés boursiers et obligataires en 50 ans, qui ont affiché des rendements négatifs de l’ordre de - 10 % à - 30 %. Face à ce contexte hors norme, toutes nos catégories d’actifs ont réussi à surpasser leurs indices, alors qu’il y avait peu d’endroits où se réfugier pour les investisseurs », a expliqué Charles Emond, président et chef de la direction de la CDPQ, dans un communiqué.

Dans la catégorie des titres à revenu fixe, la Caisse affiche un rendement négatif de 14,9 %, comparativement à - 16,4 % pour son indice de référence. La Caisse détient des obligations de longue échéance pour un meilleur appariement avec le passif des déposants. Le prix des obligations de 30 ans baisse plus fortement à la suite d’une remontée des taux obligataires que celui des obligations de court terme.

« Conserver nos obligations jusqu’à échéance nous permettra de récupérer automatiquement ces pertes sur papier. D’ici là, on profite d’un rendement courant très élevé qui se chiffre désormais à 6,9 % par année », a tenu à expliquer M. Emond, devant les journalistes.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Nathalie Palladitcheff, présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé Cambridge, Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), et Vincent Delisle, premier vice-président et chef des Marchés liquides à la CDPQ

Surperformance également du côté des actions : la Caisse a obtenu - 5,7 %, tandis que l’indice de référence est de - 6,9 %. Les gestionnaires de l’institution ont égalé l’indice (- 11 %) dans le cas des titres cotés à la Bourse, dans une année marquée par une grande volatilité.

« Le portefeuille marchés boursiers est prudent et axé sur le long terme avec un positionnement dans les secteurs défensifs tels les assurances, les pharmaceutiques et les télécoms », a souligné Vincent Delisle, premier vice-président et chef des Marchés liquides.

C’est la performance des placements privés qui s’est démarquée avec un rendement positif de 2,8 %, pendant que l’indice comparable est à 0 %. « Ce portefeuille arrive à maturité avec un actif net de 80 milliards. Au cours des deux dernières années, on a été des vendeurs au net », a précisé M. Emond. La pondération des placements privés devrait se maintenir à 20 % du portefeuille global de la Caisse dans un avenir prévisible.

Les actifs réels en immobilier et en infrastructures, dans lesquels la Caisse a des participations, ont connu une performance hors du commun avec un rendement positif de 12 %. L’indice avec lequel l’institution se compare obtient un rendement de 5,2 %.

Les infrastructures ont fait 11,5 % devant un indice de référence à 0,8 %. « Nos investissements en énergies renouvelables, sur 5 ans, on parle de 20 % de rendement annuel composé, s’est réjoui M. Emond. Dans le pétrole, c’est 7 % ; trois fois plus pour le renouvelable. »

Ses avoirs investis au Québec se chiffrent à 78,4 milliards, dont le Réseau express métropolitain (REM). Il est toujours prévu que son antenne de la Rive-Sud soit mise en service au printemps 2023. L’institution a rappelé la cible de 100 milliards d’actif au Québec d’ici 2026.

Avec Fanny Lévesque, La Presse