(Montréal) La protection des Québécois lors de grands froids efface toute autre considération lorsque vient le temps d’acheter de l’électricité sur les marchés extérieurs pour combler la demande.

De passage à Montréal, lundi, le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a balayé du revers de la main d’éventuels reproches à l’effet que l’électricité achetée sur les marchés extérieurs pourrait provenir de sources non renouvelables ou être trop chère.

Hydro-Québec a fracassé durant la courte vague de froid l’ancien record de 40 500 mégawatts, établi en janvier 2022, la demande se rapprochant cette fois de 43 000 mégawatts.

« C’est clair que la gestion de la pointe est une partie importante de la gestion de la transition énergétique », a fait valoir le ministre, qui s’est déjà exprimé à ce sujet depuis qu’il s’est vu confier le portefeuille de l’énergie.

« Il y a des gens qui vont argumenter qu’on a importé de l’énergie fossile ou peu importe la source d’énergie, mais on parle d’une pointe de deux jours », a-t-il d’abord fait valoir. Il a par la suite ajouté qu’Hydro-Québec « a dû importer à un prix vraiment très élevé. Mais bon, il fallait protéger les Québécois aussi. »

Plus de flexibilité pour Hydro

Pierre Fitzgibbon prévoit revoir le mode de fonctionnement d’Hydro-Québec, mais pour l’instant, il planche sur le projet de loi 2, qui vise à limiter les augmentations de tarifs d’électricité à 3 %.

« Il faut faire ça maintenant, sinon ça va être 6 % (en raison de l’ajustement automatique à l’inflation). Alors j’espère que l’opposition va travailler avec nous sur ça. C’est mon focus principal. »

Par la suite, il doit entamer des consultations, mais n’a toujours pas déterminé la formule ou même l’échéancier, bien qu’il prévoit toujours présenter un projet de loi avant la fin de 2023.

« On regarde avec Hydro-Québec comment alléger, rendre Hydro-Québec plus flexible. C’est leur demande et c’est le projet de loi qu’on va déposer quelque part à la fin 2023, mais il n’y a pas de date.

« Pour arriver à ça, il faut se faire une tête au gouvernement, il faut écouter la société civile, il faut écouter les gens. La forme de l’audience - web, réunion – on est en train de finaliser ça. On a du temps en masse, on va faire les choses dans l’ordre », dit-il.

Lorsqu’on lui demande s’il prévoit entendre la présidente-directrice générale démissionnaire, Sophie Brochu, dans le cadre de ses consultations, le ministre répond, avec le sourire : « Absolument. On l’écoute déjà pas mal. »

Brancher une voiture électrique sur le Plateau ?

Le ministre Fitzgibbon reconnaît, par ailleurs, que l’un des défis majeurs de la transition énergétique sera d’offrir des possibilités de recharge dans les milieux urbains où les habitants n’ont d’autre choix que de se garer sur la rue.

Il s’est d’ailleurs heurté lui-même à cette réalité, a-t-il confié lors d’un entretien avec La Presse Canadienne.

« J’ai regardé moi-même pour acheter dans le Plateau [Mont-Royal] il y a un an et c’était une des considérations. Je regardais où je voulais acheter, où étaient les bornes. Je n’ai pas de garage où il y avait des bornes et je me suis dit que ça allait être complexe, il n’y a aucun doute. »

Fort de cette expérience, il reconnaît qu’il faudra augmenter le nombre de bornes « de façon substantielle ». Il note que le Québec compte quelque 150 000 véhicules électriques, ce qui est loin des objectifs de son gouvernement.

« On vise 1,6 million pour 2030. On a du temps, mais clairement il faut investir dans l’infrastructure.

« Il y a toute une gestion du parc de bornes qui doit être revue présentement. La question est pertinente. »