(Québec) Le ministre du Travail, Jean Boulet, nie être sous l’influence des lobbys dans la préparation du projet de loi concernant le travail des enfants. « Je n’ai pas de lobby intensif », a-t-il déclaré en entrevue, jeudi après-midi.

En matinée, Québec solidaire (QS) avait affirmé que des lobbyistes pesaient « très fort » sur Jean Boulet pour qu’il y ait des exceptions dans le projet de loi qui sera déposé dans quelques semaines.

« Le ministre est sous pression », a déclaré le porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, avant de brandir un mandat de lobbyisme de l’Association des restaurateurs intitulé « Empêcher l’ajout d’un âge minimum ».

« Est-ce qu’il va y avoir une exception pour les domaines de la restauration et du commerce de détail ? a demandé M. Nadeau-Dubois. Le ministre a été incapable de fournir une réponse claire.

« Il faut qu’il rassure les familles qu’il n’y aura pas d’exemption, pas de trou dans sa loi sur le travail des enfants. […] Leur place, c’est à l’école, pas dans des cuisines de restaurant. »

En décembre dernier, le ministre Boulet avait annoncé son intention de légiférer pour encadrer le travail des enfants, après avoir reçu un rapport du Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM).

Le regroupement de syndicats et d’associations patronales lui recommandait de façon unanime d’établir à 14 ans l’âge général d’admission à l’emploi.

En clair, cela voudrait dire que les jeunes de 11 ans, 12 ans ou 13 ans ne pourraient plus travailler, sauf pour des exceptions qui seraient prévues par règlement.

Le CCTM recommande également d’interdire aux jeunes entre 14 ans et 16 ans de travailler plus de 17 heures par semaine (incluant la fin de semaine) pendant l’année scolaire.

Du lundi au vendredi, ce serait un maximum de 10 heures. Ces deux dernières restrictions ne s’appliqueraient pas durant les congés et les semaines de relâche.

En pleine pénurie de main-d’œuvre, de plus en plus d’enfants se retrouvent sur le marché du travail.

Leur présence accrue en milieu de travail soulève non seulement des enjeux de santé-sécurité, les accidents ayant bondi de 36 % chez les moins de 16 ans en 2021, mais aussi de décrochage scolaire.

Jeudi, M. Boulet a réitéré son désir de « protéger » les enfants. « À 11-12 ans, leur place avant tout, c’est à l’école », a-t-il dit. Il a cependant confirmé qu’il menait une « vaste consultation » auprès d’acteurs clés.

« Les paramètres du projet de loi ne sont pas totalement définis, mais on n’est pas loin du but », a-t-il indiqué, se gardant de révéler des éléments du projet de loi afin de ne pas commettre d’outrage au Parlement.