Certains produits alimentaires devraient recommencer à coûter plus cher dans les épiceries du Canada, alors qu’un gel des prix couvrant la période des Fêtes prend fin ces jours-ci.

L’automne dernier, les Compagnies Loblaw ont annoncé qu’elles gèleraient les prix de tous leurs produits de marque Sans nom jusqu’au 31 janvier, tandis que Metro a indiqué qu’elle maintiendrait les prix de la plupart de ses produits de marque maison et de marque nationale jusqu’au 5 février.

La fin de ce gel des prix survient dans un contexte d’indignation croissante des consommateurs face à la flambée des prix des produits d’épiceries au Canada et à un examen de plus en plus minutieux des solides bénéfices trimestriels des épiciers.

Mais les chaînes de magasins d’alimentation font valoir que leurs marges sont restées stables et qu’elles ne font que répercuter la hausse des prix des fournisseurs.

« L’inflation alimentaire s’est poursuivie et le coût de stockage de nos étagères a augmenté, mois après mois », a expliqué la porte-parole de Loblaw, Catherine Thomas, dans un courriel.

La société, qui exploite plusieurs enseignes, dont Provigo et Maxi au Québec, « continuera de maintenir de nombreux prix fixes », et le recours à la marque Sans nom permettra à la famille moyenne de sauver des milliers de dollars cette année, a fait valoir Mme Thomas.

Le grand patron de Metro a récemment indiqué que la chaîne d’épiceries établie à Montréal avait reçu plus de 27 000 augmentations de prix de la part de ses fournisseurs en 2022, soit en moyenne plus de 10 % seulement pour les marchandises sèches, soit trois fois le taux annuel habituel.

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« Nous ne pouvons pas prédire l’inflation à venir, car de nombreuses demandes d’augmentations de prix des fournisseurs continuent d’affluer et les causes profondes, indépendantes de notre volonté, sont toujours présentes », a affirmé le chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Une prolongation du gel à l’étranger

Malgré tout, au moins un épicier, dans un autre pays, a choisi de prolonger un moratoire sur les hausses de prix.

En Australie, le géant des supermarchés Coles a prolongé son gel des prix sur certains produits, qui devait se terminer le 31 janvier.

« Ils ont dit que c’était pour aider les Australiens à traverser cette inflation des prix alimentaires », a expliqué Michael von Massow, professeur d’économie alimentaire à l’Université de Guelph en Ontario.

« Ils ont choisi des articles de base, un peu comme le gel des prix (de la marque) Sans nom, mais ils sont peut-être allés un peu plus loin et l’ont prolongé. »

On ne sait pas exactement dans quelle mesure les prix des aliments au Canada pourraient augmenter au cours des prochains mois, à mesure que l’inflation se poursuivra.

Des facteurs tels que la guerre en Ukraine, les inondations en Californie et la vigueur du dollar canadien pourraient tous jouer un rôle, a observé M. von Massow.

Il y a beaucoup de facteurs imprévisibles, mais il y a de la place pour l’optimisme

Michael von Massow, professeur d’économie alimentaire à l’Université de Guelph en Ontario

Alors que les prix des produits vendus dans les épiceries ont augmenté de 11 % d’une année à l’autre en décembre, M. von Massow a souligné que l’augmentation d’un mois à l’autre n’était que de 0,3 %, soit environ 3,5 % sur une base annualisée.

« C’est encore élevé, mais il y a des signes avant-coureurs d’un soulagement », a-t-il estimé.

En outre, à mesure que le printemps approche et que la dépendance du Canada à l’égard des fruits et légumes importés diminue, les coûts dans l’allée des produits frais devraient diminuer, a poursuivi M. von Massow.

Une frustration mal dirigée

Quant à la réaction croissante des consommateurs contre les épiciers, il ne s’en étonne pas — même si leur frustration est mal dirigée.

« Les épiciers font des profits records et pourtant certaines personnes ont du mal à manger. […] Je peux comprendre la colère des gens », a-t-il précisé.

L’augmentation des profits des épiciers est due à une foule de facteurs, notamment les Canadiens qui cuisinent davantage à la maison pour économiser de l’argent et l’augmentation des ventes d’articles non alimentaires, qui offrent des marges plus fortes, a-t-il expliqué.

« Tout le monde cherche une réponse simple à ce problème et malheureusement, il n’y en a pas, a affirmé M. von Massow. Les épiceries pourraient-elles mieux gérer ces perceptions ? Oui. Ces perceptions sont-elles justes ? Probablement pas. »