Athos Services commémoratifs a acquis l’entreprise funéraire Memoria, une autre enseigne de longue existence qui entre dans le giron du groupe créé en 2010 pour répondre aux assauts des multinationales sur le marché québécois.

L’initiative vient de Memoria, qui a entamé à l’automne dernier les démarches de la transaction conclue le 25 janvier.

« C’est une opportunité de participer à l’effort d’Athos et de s’assurer que Memoria demeure québécoise », a commenté Julia Duchastel-Légaré, qui était vice-présidente de l’entreprise dirigée par sa mère, Jocelyne Dallaire-Légaré. « Je pense que c’est un réseau intéressé par ce que Memoria peut apporter, un groupe québécois qui est ouvert à notre sens de l’innovation et des idées. »

Memoria y trouvera pour sa part les ressources et la synergie d’un grand groupe.

« On est touché comme toutes les entreprises par les problèmes de main-d’œuvre, explique Yvan Rodrigue, président et chef des opérations chez Athos. Il y a beaucoup d’informatique qu’on doit implanter. On est un petit peu en arrière sur la technologie – je parle de toutes les entreprises funéraires. On a besoin d’investir beaucoup de sous. Toutes ces choses faisaient qu’on était un partenaire intéressant pour eux. »

Au sein d’Athos, Memoria rejoint d’autres enseignes bien connues et aux traditions séculaires comme Urgel Bourgie, fondée à Montréal en 1902, et Lépine Cloutier, dont les origines remontent à 1845. Les deux chaînes ont été acquises par Athos en 2012.

« Le fait qu’ils travaillent en différentes bannières, on trouve ça vraiment chouette », souligne Julia Duchastel-Légaré, se réjouissant ainsi que l’entreprise familiale conserve son identité Les Espaces Memoria.

Histoire de famille

Memoria trouve son origine dans le salon funéraire ouvert dans les années 1930 par Alfred et Aline Dallaire. Leur fille Thérèse Dallaire et son mari Paul-Émile Légaré y avaient adjoint un vaste réseau de succursales.

À son tour aux commandes de l’entreprise, leur fille Jocelyne Dallaire-Légaré avait créé l’enseigne Memoria en 2003 pour mieux refléter l’évolution des us et services commémoratifs. La fille de celle-ci, Julia Duchastel-Légaré, ingénieure de formation, a commencé à travailler à temps plein pour l’entreprise familiale en 2006.

Les deux femmes ne craignaient en rien pour la survie de Memoria, loin d’être à l’article de la mort.

« Il n’y avait aucune inquiétude, assure Julia Duchastel-Légaré. Je ne veux pas me vanter, mais je pense que ma mère et moi, on était très bonnes dans ce qu’on faisait. On avait surtout une équipe extraordinaire pour nous épauler. »

Pas d’inquiétude rationnelle, « mais je suis enfant unique », précise-t-elle. « Memoria, c’est ma mère et moi. »

La pandémie les a incitées à une réflexion sur la pérennité de l’entreprise et sa place dans leur vie.

« On a été aux premières loges, dans la première vague, d’une détresse incroyable, exprime-t-elle. Ça fait réfléchir à la façon dont on veut voir la suite pour soi et pour l’entreprise familiale. »

Memoria compte 11 succursales et cinq complexes funéraires et cinéraires dans la grande région montréalaise, qui s’ajoutent aux 21 établissements et aux cinq cimetières déjà détenus par Athos.

Pour l’instant, les établissements de Memoria et ses quelque 70 employés ne semblent pas menacés par une restructuration.

« On n’était pas beaucoup en compétition avec ces gens-là, soutient Yvan Rodrigue. Ils sont dans des secteurs où on était moins bien représentés. C’est pour ça que c’est intéressant de travailler ensemble. On ne cannibalisera pas nos différentes succursales. »

Jocelyne Dallaire-Légaré et Julia Duchastel-Légaré apporteront leur concours au groupe Athos à titre d’administratrices. Cette dernière devient également cheffe de la responsabilité sociale de l’entreprise.