(Paris) Les surfaces semées ont diminué et la récolte de céréales et d’oléagineux en Ukraine devrait encore baisser en 2023, pour atteindre « 53 millions de tonnes », contre 65 millions en 2022, selon les estimations de l’Association céréalière ukrainienne.

« Nous sommes en guerre. Nous continuons à produire des céréales, mais les récoltes vont baisser. Pour les agriculteurs, ce n’est plus rentable de produire des céréales », a déclaré jeudi Nikolay Gorbachov, président de l’Ukrainian Grain association (UGA) lors d’une conférence sur les céréales organisée par Argus Media à Paris.

Il a souligné que les agriculteurs ukrainiens ne retiraient en bout de chaîne que 80 dollars par tonne de maïs, alors que le grain jaune s’échange autour de 300 dollars sur les marchés, essentiellement du fait de la hausse considérable du coût du transport.

Après les 106 millions de tonnes récoltées en 2021, un record historique, et une récolte estimée à environ 65 millions de tonnes pour 2022, il évalue à « 53 millions de tonnes » la production en 2023.

Avant l’invasion russe, l’Ukraine était le quatrième exportateur mondial de maïs et le pays était en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

La campagne de semis 2022 a été entravée, du fait des combats, du manque de carburant et de la destruction d’une partie des machines agricoles et des infrastructures de stockage. Cela a conduit à la réduction d’environ un quart de la surface cultivée par rapport à l’année précédente, selon l’UGA.

Si l’ouverture d’un corridor maritime pour les exportations ukrainiennes, après un accord signé fin juillet par Kyiv et Moscou sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, a permis de sortir près de 20 millions de tonnes de produits agricoles, cela n’est pas suffisant pour Nikolay Gorbatchov.

Le président de l’UGA a déploré la lenteur des inspections des navires dans le Bosphore, accusant les inspecteurs russes « de fouiller jusqu’à l’eau des ballasts ».

Il s’est dit inquiet quant aux exportations de la prochaine campagne : « Pour la sécurité alimentaire nationale ukrainienne, ça ira. Mais si l’Ukraine ne peut pas exporter ces 40 ou 50 millions ? Les prix vont augmenter. L’Europe peut se le permettre, mais pas les pays en développement », a-t-il affirmé.  

Dans la salle, un importateur jordanien a plaidé pour un renouvellement du corridor en mars, estimant que la situation des importateurs de blé du bassin sud de la Méditerranée serait « catastrophique » sans l’apport des céréales de mer Noire, du fait de la hausse « insoutenable » des prix.