Le Québec peut oublier Volkswagen et son usine de batteries pour véhicules électriques. C’est un peu plus à l’ouest – en Ontario – que ce mégaprojet devrait voir le jour si les négociations aboutissent entre Ottawa et la multinationale allemande, a pu confirmer La Presse. Le gouvernement Legault est déjà résigné.

En fait, la province n’a jamais véritablement été dans la course même si le constructeur allemand s’est abstenu, pour le moment, d’envoyer des signaux à ce sujet.

« L’usine va être construite en Ontario, affirme à La Presse une source gouvernementale bien au fait du dossier, mais qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. Le Québec avait trop de retard par rapport à l’Ontario. »

Volkswagen a levé le voile sur ses intentions le 1er décembre dernier après avoir accueilli le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. Ce dernier avait rencontré le conseil d’administration de la multinationale établie à Wolfsburg.

L’entente entre le gouvernement Trudeau et le géant allemand prend la forme d’un accord non contraignant. Cela signifie qu’il y a encore bien des étapes à franchir avant que l’on assiste à une annonce en bonne et due forme.

Signe que les négociations vont s’accélérer, Volkswagen vient de s’enregistrer au registre fédéral des lobbyistes.

Selon la fiche de l’entreprise, elle sollicite une « subvention », une « contribution » ou « tout autre avantage financier » pour potentiellement implanter une « usine de fabrication et d’approvisionnement en matières premières ». Le nom de l’entreprise n’apparaît toutefois pas encore dans le registre des lobbyistes de l’Ontario.

Cette usine de batteries, si elle voit le jour, serait la première construite par Volkswagen à l’extérieur du continent européen. Son chef de la direction, Oliver Blume, avait souligné, le 1er décembre dernier, que le Canada constituait une « option logique » pour accueillir le complexe nord-américain envisagé par le constructeur automobile.

Les démarches de lobbyisme devraient s’effectuer auprès du ministère de M. Champagne, du cabinet du premier ministre, de la Banque de développement du Canada ainsi que de la Banque de l’infrastructure du Canada, notamment.

Un terrain fertile

D’après nos informations, les investissements colossaux du gouvernement Ford annoncés dans le secteur automobile dans la dernière année – de concert avec Ottawa – afin d’accélérer la transition vers la construction de véhicules zéro émission jouent en faveur de l’Ontario.

Si le gouvernement Legault répète qu’il parle à tous les acteurs du secteur automobile à propos de la filière batterie, il concède que les chances de voir Volkswagen s’installer au Québec sont très minces.

« Il est possible que ça soit l’Ontario, a dit à La Presse le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, interrogé sur le sujet dans le cadre d’une récente entrevue.

Quand je regarde mon appétit pour les celluliers, ce n’est pas Volkswagen qui est en haut de la liste.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

La concentration de l’industrie automobile dans la province voisine lui procure un « avantage comparatif » sur le Québec, reconnaît M. Fitzgibbon. L’Ontario a été la première province à accueillir une usine de batteries pour voitures électriques. En mars dernier, Stellantis et LG avaient annoncé un complexe de 5 milliards dans la région de Windsor. Ce type de projet présente des enjeux d’approvisionnement énergétique. Toutefois, l’Ontario entend se tourner vers les petits réacteurs modulaires afin de produire de l’énergie « sûre et fiable » et « sans émissions », ce qui lui permettrait de garantir des volumes aux acteurs de la filière des batteries.

Les déclarations de M. Champagne laissent croire que le Canada est assuré d’obtenir l’usine nord-américaine de Volkswagen pour fabriquer des batteries. Reste à voir si l’Inflation Reduction Act (IRA) de l’administration Biden pourrait venir jouer les trouble-fêtes. Cette loi est dotée d’une enveloppe de 370 milliards US pour notamment financer tout ce qui entoure la production de batteries pour véhicules électriques.

Ottawa considère l’IRA comme une menace, mais on ignore encore exactement de quelle façon sa riposte s’articulera. Le plan du gouvernement Trudeau devrait figurer dans le contenu du prochain budget fédéral.

En savoir plus
  • 15 milliards
    Facture des projets annoncés dans la dernière année au pays entourant la filière des batteries
    Source : gouvernement du Canada