L’enjeu de la biodiversité est complexe. D’une certaine façon même, plus complexe que la réduction des gaz à effet de serre (GES). Si la même quantité de GES émise à Sydney a le même impact sur le problème global des changements climatiques que si elle était émise au Saguenay, il en va tout autrement pour la protection de la biodiversité.

Bien sûr, l’enjeu nécessite une mobilisation mondiale dans la prise en compte du problème et de sa gravité, et dans la recherche de solutions. Mais il requiert simultanément une mobilisation locale pour développer des analyses et des mesures concrètes qui tiennent compte des particularités spécifiques à chaque région, à chaque milieu.

C’est ainsi que, bien avant que Montréal ne soit sélectionné pour accueillir la COP15, la SNAP Québec, le Centre de la science de la biodiversité et Fondaction s’activaient pour mieux connaître la biodiversité au Québec ainsi que l’état de son intégration par la finance. Notre objectif est de développer des outils qui guideront les choix des investisseurs pour préserver et protéger la nature et ses services essentiels aux populations.

En juin, nous organisions une grande journée de réflexion, avec l’appui du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique de l’ONU : Des indicateurs de biodiversité pour les investisseurs du Québec. Pour la première fois au Canada, plus de 80 acteurs du milieu de la conservation, de la recherche, de la finance, en plus des gouvernements se sont réunis autour d’un projet de recherche visant à produire une série d’indicateurs de biodiversité spécifiques au territoire et aux investisseurs du Québec.

Des expertises variées

L’économie doit se transformer pour répondre aux besoins des personnes en respectant les limites de la planète. Pour que cette transformation devienne possible, il faut être capable de mesurer les progrès. Les financiers sont certainement des intermédiaires clés qui permettront l’accélération des changements et de la préservation de la biodiversité, pour autant qu’ils s’adaptent aux évolutions, qu’ils travaillent sur les bonnes choses, avec les bons experts, et qu’ils restent connectés aux vrais problèmes. D’où la pertinence de collaborer avec les organismes de conservation, les chercheurs et autres intéressés.

Si nos secteurs semblent imposer des distances entre nous, notre dénominateur commun nous rapproche : nous sommes déterminés à agir ensemble pour la crise du déclin de la biodiversité d’une manière proactive et porteuse de solutions pour le Québec.

Bien que le cadre réglementaire international se développe rapidement avec une multiplication d’initiatives appelées à se fédérer, il nous apparaît évident que le Québec doit développer des indicateurs locaux pour mieux mesurer les risques et opportunités découlant de la manière dont nos investissements affectent notre biodiversité.

Cette série d’indicateurs spécifiques à notre réalité géographique et sociale complétera le cadre général développé à l’international. Par exemple, en apportant une connaissance précise et en temps réel de la manière dont une activité industrielle affecte la survie de nos espèces en péril, ou la manière dont un investissement pourrait faire obstruction ou encore favoriser des objectifs de conservation au Québec.

Nous sommes déterminés à faire partie de la solution, à rassembler celles et ceux qui veulent y contribuer, et aussi à provoquer des effets d’émulation, ici, ailleurs au Canada et dans le monde.

Il n’est plus question de concurrence quand il s’agit du climat et de la biodiversité.