Emplois payés au salaire minimum, horaires à temps partiel, possibilités d’avancement limitées. Une vaste enquête portant sur la rémunération dans le secteur du commerce, commandée par Détail Québec, tend à déboulonner certains mythes persistants en démontrant que les salaires médians ont connu une augmentation pouvant aller dans certains cas jusqu’à 41 % entre 2016 et 2022.

Un préposé/conseiller au service à la clientèle gagnait 12,68 $ l’heure il y a six ans. Son salaire horaire médian s’élève maintenant à 17,96 $, une hausse de 41,6 %. Celui d’un caissier est passé de 11,73 $ à 15,46 $. Un assistant gérant a pour sa part vu son salaire médian augmenter de 33,3 %, révèle l’Enquête de rémunération globale du commerce de détail, réalisée par la firme Rémunia pour le compte de Détail Québec, le comité sectoriel de main-d’œuvre du commerce de détail. À noter qu’entre 2016 et 2022, le salaire minimum a connu une hausse de 32,6 %.

À la lumière de ces données qui seront dévoilées jeudi dans le cadre de Tag, un évènement organisé par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), le directeur général de Détail Québec, Manuel Champagne, affirme que « les employeurs ont vraiment pris les devants ».

[Les employeurs] ont grandement amélioré les conditions salariales de leurs employés. Ils se sont vraiment ajustés à la pénurie, à l’inflation.

Manuel Champagne, directeur général de Détail Québec, qui a commandé l’étude sur la rémunération

Les dernières données concernant la rémunération dans le commerce de détail au Québec remontaient à 2016.

On compte actuellement 31 935 postes vacants dans le secteur, alors qu’on en dénombrait entre 8000 et 12 000 pour 2016 et 2017. Et les détaillants ne cachent pas leurs difficultés à recruter des bras. « Il faut que les gens arrivent le matin dans le magasin en présentiel et qu’ils repartent à 18 h, ce n’est pas glamour, a souligné Charles Pépin Clément, l’un des administrateurs des boutiques Clément, dans une conférence qui se tenait mercredi également dans le cadre de Tag. Et on ne peut pas robotiser une conseillère en magasin. »

Ainsi, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’organisation de M. Champagne souhaitait avoir en main des chiffres récents afin de permettre aux détaillants d’ajuster leur grille salariale et de mettre en place des stratégies pour être plus « attractifs ». Selon lui, de nombreux préjugés entourant les emplois dans le commerce de détail nuisent au recrutement.

Il y a beaucoup de mythes, de préjugés autour du commerce de détail qui font mal au secteur. Les gens pensent que ce sont seulement des emplois au salaire minimum, à temps partiel, pourvus par des étudiants.

Manuel Champagne

Or, les résultats de l’enquête effectuée en mai auprès de 1550 établissements et 38 000 travailleurs tendent à redorer le blason des différents types d’emplois que l’on retrouve dans le commerce de détail, selon M. Champagne.

En plus des augmentations salariales, dans les différentes catégories, M. Champagne note que certains types d’emplois offrent des rémunérations plutôt alléchantes, notamment dans le domaine numérique, où peu de données étaient disponibles.

Ainsi, Manuel Champagne donne notamment l’exemple d’un gestionnaire de commerce électronique qui gagne un salaire horaire moyen de 46,91 $. Un employé qui travaille 35 heures par semaine peut ainsi empocher un revenu annuel d’environ 85 000 $. Un spécialiste des médias numériques et des réseaux sociaux est pour sa part payé 29,29 $ l’heure pour un salaire annuel de 53 000 $.

Plus de congés

En plus des salaires, l’enquête révèle également que les conditions de travail se sont également améliorées depuis 2016. Les employeurs offrent de plus en plus une quatrième, voire une cinquième semaine de vacances. Près des trois quarts des entreprises ont maintenant mis en place un régime de retraite et 82 % des employeurs offrent un régime d’assurances collectives, contre 77 % en 2016.

Mais toutes ces bonifications seront-elles suffisantes pour séduire des candidats qui se font également courtiser pour des emplois dans d’autres secteurs d’activité où on joue de créativité pour les attirer ?

« Chaque industrie se concurrence pour les meilleurs talents, reconnaît Manuel Champagne. Il faut être agile. Il faut continuer à hausser les salaires, améliorer les conditions, selon ce qui se fait sur le marché. Chaque mois, il faut faire plus. »