Plus de deux ans après la création du site Le Panier bleu, qui visait à stimuler l’achat local, les consommateurs peuvent finalement y effectuer des transactions.

« Enfin transactionnel », pouvait-on lire mercredi sur la page d’accueil de la nouvelle version du site, un investissement de 22 millions de dollars, quelques minutes avant que le directeur général du Panier bleu, Alain Dumas, prenne la parole lors une conférence tenue dans la cadre de Tag, un évènement organisé par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

« Le site est ouvert en ce moment, a-t-il lancé. [Pendant un certain temps], il y a beaucoup de gens qui ont perdu la trace du Panier bleu. On n’a pas été très visibles », a reconnu M. Dumas pendant son allocution, ajoutant dans la foulée que des tests ont été effectués tout l’été par 2000 des consommateurs qui ont eu accès au nouveau site transactionnel en version bêta.

Des bottes pour la pluie aux outils en passant par les vêtements de sport, les jouets et les pots de caramel, le nouveau site – que l’on présente comme une solution de rechange pour ceux qui veulent encourager les commerçants d’ici – affiche actuellement quelque 40 000 produits offerts par 125 marchands. D’ici la fin de novembre, 250 autres détaillants seront inscrits. « On compte beaucoup sur les Fêtes pour apprendre », a indiqué Alain Dumas. Après Noël, la nouvelle place de marché accueillera une nouvelle « vague » de marchands.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Alain Dumas, directeur général du Panier bleu

Après plus de deux ans d’attente, craignait-on que les gens aient cessé de croire en la possibilité que Le Panier bleu transactionnel, qui était perçu à l’origine comme un simple répertoire de marchands, voie le jour ? La nouvelle version devait au départ voir le jour à l’automne 2021, mais le projet n’a pu se concrétiser.

La façon dont Le Panier bleu a été annoncé au départ, ç’a créé des attentes qui étaient inatteignables. Les gens, ce qu’ils ont vu, c’est que ça allait sauver le commerce de détail. On se garde une petite gêne.

Alain Dumas, directeur général du Panier bleu

« On est une start-up trop connue, soutient-il. On ouvre le site et on va déjà avoir le trafic qu’un site mature génère. »

C’est ce qui explique pourquoi on a décidé d’accueillir au départ un plus petit nombre de marchands pour s’assurer que toutes les étapes de l’achat en ligne se fassent sans embûche. Pour faire leurs emplettes, les consommateurs, comme c’est le cas sur d’autres sites, n’ont qu’à se créer un compte et à remplir leur panier. Les délais de livraison varient entre deux et cinq jours ouvrables et le montant minimal d’achat pour permettre à l’utilisateur de recevoir son colis gratuitement oscille entre 39,99 $ et 99,99 $, selon les marchands. Il est également possible de choisir l’option cueillette en magasin.

Pour la première année, les commerçants inscrits n’auront aucuns frais à payer. Par la suite, ils devront effectuer des paiements mensuels. Par contre, Le Panier bleu retiendra une commission sur chaque transaction pouvant varier entre 7 % et 15 %, selon la catégorie. Ainsi, dans le secteur de l’alimentation, la plateforme recevra 7 % du montant de la facture et dans le cas des vêtements, par exemple, 14 %.

Selon les prédictions de M. Dumas, le site atteindra la rentabilité d’ici trois ou quatre ans. D’abord lancé en avril 2020 sous forme d’organisme à but non lucratif par le gouvernement de François Legault, Le Panier bleu appartient maintenant à Plateforme Agora inc. Cette société privée, fondée en février 2021 selon le Registraire des entreprises du Québec, est constituée d’actionnaires minoritaires dont Desjardins, le Fonds de solidarité FTQ, l’entreprise Lightspeed, qui se spécialise dans le commerce électronique, et le gouvernement du Québec (Investissement Québec).

La nouvelle version du site représente un investissement total de 22 millions de dollars. À titre d’OBNL, le site avait reçu 4,4 millions en subventions de la part de Québec.

Consommateurs ciblés

La nouvelle place de marché vise au départ les consommateurs qualifiés par Alain Dumas de « purs et durs » de l’achat local. Ce sont, « ces gens qui monteraient les marches de l’oratoire Saint-Joseph à genoux pour acheter québécois », a-t-il lancé à la blague lors de la conférence.

Or, selon des données recueillies par CROP et présentées mercredi par M. Dumas, ces consommateurs ne représentent que 4 % de l’ensemble des gens qui font des achats. On souhaite également aller chercher ceux qui font des « efforts élevés pour acheter québécois », ce qui représente 18 % des consommateurs.

Une étude réalisée par NETendances en 2021 révélait que 48 % des achats en ligne des Québécois se sont faits sur le site d’Amazon, contre 19 % chez des marchands québécois en ligne. Près de 46 % des répondants ont toutefois affirmé avoir l’intention de magasiner sur le site du Panier bleu lorsqu’il serait transactionnel.

Produits québécois

Par ailleurs, bien que les détaillants bénéficiant d’une vitrine sur Le Panier bleu doivent être québécois, les produits qui y sont vendus viennent d’ici… et d’ailleurs. Les utilisateurs peuvent notamment y acheter des ordinateurs et des montres intelligentes. À cette remarque souvent formulée, M. Dumas avait une réponse toute prête. « Je préfère qu’un consommateur achète un téléviseur d’un marchand québécois, plutôt qu’il l’achète d’un marchand étranger. »