Après chaque présidentielle américaine, le cerveau prospectif de la CIA livre au président désigné une synthèse des défis mondiaux à relever au cours des prochaines années. Des forces structurelles aux dynamiques émergentes, tout y passe. Dans le plus récent rapport publié en 2021 en français, les meilleurs experts scrutent l’horizon de 2040.

« Bienvenue dans la 7e édition du rapport sur les tendances mondiales du Conseil national du renseignement. Publié tous les quatre ans depuis 1997, [ce document] évalue les principales tendances et incertitudes qui façonneront l’environnement stratégique des États-Unis au cours des deux prochaines décennies. »

L’objectif ? Se préparer aux futurs possibles. Le monde est de plus en plus connecté, mais il est aussi plus divisé et plus fragmenté que jamais. Un vrai paradoxe ! L’industrie de l’« internet des objets », qui représentera 64 milliards de dollars en 2025, devrait atteindre plusieurs milliers de milliards d’ici 2040.

« Cette connectivité accroîtra l’efficacité, la commodité et le niveau de vie des populations, mais elle créera aussi et exacerbera des tensions à tous les niveaux, aussi bien dans les sociétés divisées sur les valeurs fondamentales que dans les régimes utilisant la surveillance numérique pour contrôler les populations », peut-on lire dans ce rapport.

À cela s’ajoutent les faiblesses de la coordination internationale en temps de crise et le décalage entre les attentes de la population et les capacités des gouvernements. De quoi mettre à l’épreuve les fondements mêmes de la société !

Démographie

Du point de vue démographique, il faut s’attendre à des changements qui pèseront sur les économies et sur les gouvernements. Le ralentissement de la croissance de la population et l’augmentation de son âge médian pourraient favoriser certaines économies en développement. En revanche, le vieillissement rapide et les tendances migratoires pourraient affaiblir la croissance des économies développées et renforcer la pression sur les gouvernements pour qu’ils augmentent les investissements publics et le contrôle de l’immigration.

Environnement

Les changements climatiques – et les risques accrus au chapitre de l’alimentation, l’eau, la santé et la sécurité énergétique – sont bien réels : un jour ou l’autre, les États seront forcés d’agir. L’enjeu principal ? Réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone. Cependant, les débats risquent de s’intensifier sur les moyens à déployer et sur le rythme à adopter pour y arriver, car les charges et les responsabilités seront toujours inégalement réparties. De quoi accroître la concurrence et l’instabilité.

Économie

La tendance sera à la hausse de la dette nationale, à la complexification et à la fragmentation des relations commerciales, à l’expansion mondiale des services, à la perturbation de l’emploi et au renforcement de la puissance des mégaentreprises. Bonne nouvelle : les taux de croissance seront en hausse dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et en Asie (qui poursuivra sa croissance, mais à un rythme plus lent).

Technologie

Au cours des prochaines décennies, de nombreux pays voudront intensifier les changements numériques qu’ils orchestrent et concentrer ainsi leurs pouvoirs afin de dominer le marché. Tous chercheront à acquérir les talents et les compétences pour y arriver. De nouveaux leaders et des hégémonies technologiques apparaîtront, mais cette scène risque d’être encore dominée par la rivalité entre la Chine et les États-Unis. En 2040, les grands gagnants seront les leaders visionnaires capables d’investissement à long terme !

National Intelligence Council, Le monde en 2040 vu par la CIA – Un monde plus contesté, préface de Piotr Smolar, Paris, Éditions des Équateurs, 2021, 255 pages.

* Cet article est publié grâce à un partenariat avec le magazine Gestion HEC Montréal, où il est d’abord paru.