Entre les débats sur le « troisième lien », les déclarations-chocs sur l’immigration et les vidéos de danse TikTok de certains chefs de parti, l’enjeu des forêts n’a pas monopolisé beaucoup d’attention pendant la campagne électorale. Un débat sur cette question à l’Université Laval a même dû être annulé, faute d’intérêt des candidats, a appris La Presse. Que proposent les cinq partis ?

Coalition avenir Québec

Le parti de François Legault a proposé peu de nouveaux engagements concrets en foresterie, après quatre ans au pouvoir. Le premier ministre sortant souhaite investir 120 millions de dollars « afin d’appuyer l’industrie forestière et d’assurer la pérennité de nos forêts au cours du prochain mandat », a-t-il affirmé au Congrès annuel de la Fédération québécoise des municipalités, la semaine dernière. Cette somme inclurait 60 millions pour doubler le financement du programme Innovation bois, « pour des produits, des technologies et des procédés innovants dans l’industrie forestière », et 60 millions en sylviculture, « pour planter des arbres ». Le ministre sortant des Forêts, Pierre Dufour, a reconnu que le régime forestier en place depuis 2013 mériterait d’être modernisé.

Parti libéral du Québec

Le PLQ compte revoir le régime forestier, « qui n’a pas produit les effets escomptés ». Un projet de loi serait déposé à cet effet d’ici 2024. « Il faut assurer une plus grande prévisibilité des travaux sylvicoles, sur une période de cinq ans plutôt que de trois, ainsi qu’un soutien financier récurrent. Ces actions doivent s’accompagner d’une politique d’aménagement durable de la forêt, établie pour garantir une bonne protection de la ressource, tout en répondant aux besoins des Québécois en bois », explique-t-on. Le parti de Dominique Anglade s’engage par ailleurs à protéger « ce qui doit être protégé, tout en exploitant la ressource à son plein potentiel ». Parmi les autres engagements : soutenir la production de produits moins polluants issus du bois, comme des emballages en carton, et augmenter l’utilisation du bois dans les projets de construction.

Québec solidaire

Le parti de gauche souhaite mettre en place un nouveau « contrat social » qui entraînerait une réforme du mode d’exploitation des forêts. QS souhaite garantir l’accès à la nature à tous les citoyens et s’engage « à ce qu’une portion de 30 % représentative du territoire et de sa diversité écologique soit protégée d’ici 2030, particulièrement dans le sud du Québec ». La formation pilotée par Gabriel Nadeau-Dubois élargirait le réseau de parcs de la SEPAQ et protégerait mieux les bois existants ainsi que les milieux humides, en « tenant compte des initiatives citoyennes ». QS souhaite aussi établir des cibles pour l’utilisation du bois dans la construction et la rénovation de bâtiments.

Parti québécois

Le parti indépendantiste propose une « clause Québec », selon laquelle l’État imposerait à l’industrie que le bois recueilli dans ses forêts publiques « serve en priorité les besoins des Québécois et non pas les exportations vers les États-Unis ». Le PQ s’engage aussi à réformer « en profondeur » le régime forestier, pour « régler une fois pour toutes la question de la planification ». À cette fin, la formation de Paul St-Pierre Plamondon scinderait en deux le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs pour consacrer un ministère uniquement à la question des forêts. Le PQ s’engage enfin à mettre en place des mesures incitatives pour promouvoir l’utilisation du bois comme matériau de construction.

Parti conservateur du Québec

La formation d’Éric Duhaime miserait davantage sur le privé dans l’industrie forestière. Le PCQ remarque que « beaucoup de superficies boisées privées sont inexploitées puisque les revenus ne sont pas intéressants » pour les producteurs. Il propose de « créer des incitatifs fiscaux pour ne pas gaspiller du bois mature qui est facilement accessible pour la transformation, réduisant ainsi l’impact sur l’environnement et les coûts de transport », et s’engage à commander une étude en bonne et due forme à cet effet. Le parti souligne aussi que la coupe sélective d’arbres est « saine » pour la forêt et pourrait entraîner des retombées économiques additionnelles pour l’État.