Le secteur des énergies renouvelables amorce un cycle de développement et d’investissement d’une ampleur sans précédent en lien avec la crise de l’énergie en Europe et la bonification des objectifs de décarbonation de l’économie. C’est ce qui ressort des discussions entre des dirigeants de grandes entreprises de l’énergie jeudi à la dernière journée de la Conférence financière canadienne Bloomberg.

Plus solides que jamais

« Nos perspectives d’affaires dans les énergies renouvelables sont plus solides qu’elles ne l’ont jamais été auparavant, avec un pipeline de projets en développement accéléré totalisant quelque 35 gigawatts en ajout de capacité d’ici quelques années », a indiqué Wyatt Hartley, chef de la direction financière et directeur associé en énergies renouvelables chez Brookfield Asset Management.

Ce conglomérat torontois détient pour 67 milliards d’actifs en énergies renouvelables, qui totalisent 21 gigawatts de capacité de production.

« Cette conjoncture très favorable pour les énergies renouvelables s’appuie sur trois facteurs principaux », a indiqué M. Hartley, lors de la conférence canadienne de Bloomberg.

« La compétitivité économique et financière des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire s’affirme de mieux en mieux, a indiqué Wyatt Hartley. Enfin, la sécurisation de sources d’énergies renouvelables qui peuvent réduire la dépendance de fournisseurs externes prend beaucoup d’importance avec ce qui se produit en Europe [en raison de l’invasion russe en Ukraine]. »

Début d’une « décennie fantastique »

« Quand on voit le gouvernement de la plus grande économie du monde aller de l’avant avec un grand programme d’incitatifs financiers et fiscaux pour amplifier le développement des énergies renouvelables, comme vient de le faire l’administration Biden aux États-Unis, c’est un autre indice voulant que le secteur des énergies renouvelables amorce une "décennie fantastique" de croissance », a soutenu Jeff Norman, directeur exécutif du développement chez Algonquin Power, lors de la conférence canadienne de Bloomberg.

Cette entreprise valorisée à 10 milliards à la Bourse de Toronto gère 16 milliards en actifs de production et de distribution d’électricité de sources renouvelables en Amérique du Nord.

Du gaz naturel aux énergies renouvelables

« En tant que plus grand transporteur et distributeur d’énergie conventionnelle, nous croyons à la transition énergétique vers des énergies à faible émission et de sources renouvelables. D’ailleurs, nous y investissons depuis une dizaine d’années et nous prévoyons y investir au moins 5 milliards d’ici 2025 », a indiqué Vern Yu, vice-président exécutif et chef de la direction financière chez Enbridge, qui a annoncé jeudi l’acquisition de l’entreprise américaine Tri Global Energy, spécialisée en développement de projets d’énergie éolienne et solaire. Enbridge gère pour 172 milliards d’actifs en oléoducs pétroliers et gazoducs.

« Même en plein essor, le développement des énergies renouvelables s’annonce encore insuffisant pour répondre à la demande qui, par exemple, pourrait être suscitée par une électrification massive de l’économie », a souligné le chef financier d’Enbridge lors de la conférence canadienne de Bloomberg.

Transition compliquée dans les transporteurs

« L’électrification des véhicules automobiles est une solution de transition énergétique de plus en plus viable et accessible pour les consommateurs, mais ce n’est pas encore le cas parmi les transporteurs commerciaux et l'aviation », selon Marcel Teunissen, vice-président principal et chef de la direction financière chez Parkland Corporation. L’entreprise de Calgary gère 14 milliards d’actifs en raffinage et en distribution de produits pétroliers, dont le réseau d’essenceries Ultramar au Québec.

« La plupart de nos gros clients de carburants dans le secteur des transports et de l’aviation ont établi leurs propres objectifs de réduction de leurs émissions de carbone. Mais ils sont encore freinés dans leurs efforts par des préoccupations de compétitivité commerciale et financière », a indiqué M. Teunissen lors de la conférence canadienne de Bloomberg.