Notre société vit des bouleversements majeurs qui nécessitent une attention de tous les instants. Le plus grand d’entre eux est certes le réchauffement climatique. C’est naturellement celui que l’industrie aéronautique a décidé de prendre à bras-le-corps et dans lequel le secteur privé, en plus des divers gouvernements et autorités de gestion du transport aérien, a un rôle majeur à jouer.

Rappelons que de nombreuses innovations viennent aujourd’hui rendre crédibles les ambitions d’un avion à zéro émission dans un horizon de 15 ans.

C’est une lutte collective et l’ensemble du secteur aéronautique mondial s’est engagé à concrétiser le voyage de demain. Loin d’une promesse sans fondements, la feuille de route vers cette destination durable est robuste, et on ne compte plus les personnes, entreprises et organisations qui se rallient à cette ambition.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Benoît Schultz

Depuis toujours, l’industrie aéronautique a prouvé qu’elle savait s’adapter, se transformer et innover. En 25 ans, nous avons trouvé les moyens de réduire les émissions de CO2 de nos avions de l’ordre de 80 % et les oxydes d’azote par 90 %. Le progrès technologique comptera de surcroît pour 35 % à 40 % des réductions d’émissions de GES de l’aviation civile mondiale d’ici 2050 ; les carburants d’aviation durables, pour 50 % de réduction, mais ceux-ci demeurent à un stade embryonnaire et sont difficiles à se procurer ici.

Le remplacement des flottes actuelles d’anciennes générations (représentant 80 % des avions en service) par des avions de nouvelle génération est également un préalable. C’est le choix de nombreuses compagnies qui investissent aujourd’hui massivement dans des avions plus performants écologiquement.

Des avions comme l’A220, développé et assemblé au Québec, font aujourd’hui partie des nouvelles générations d’appareils capables de concilier le transport international par avion et les appréhensions climatiques. L’A220 est l’avion le plus écoresponsable au monde dans sa catégorie, avec une réduction des émissions de CO2 d’au moins 25 %. Ainsi, une flotte de 20 avions A220 contribuera à réduire les émissions de CO2 d’une compagnie aérienne de l’ordre de 1,1 million de tonnes sur 15 ans, en comparaison à l’opération d’une flotte d’avions d’ancienne génération.

Chez Airbus, nous nous sommes engagés à mettre en service un avion zéro émission d’ici 2035. Mais nous ne pouvons agir seuls. Tous les acteurs de l’écosystème doivent faire partie de la solution.

Lors du Salon aéronautique de Farnborough qui s’est tenu en juillet, Airbus a annoncé sa décision d’investir dans le plus important fonds d’investissement au monde en ce qui a trait aux infrastructures d’hydrogène propre. Nous révélions également un programme d’essais en vol visant à étudier les traînées de condensation produites par un moteur à hydrogène. De plus, nous avons annoncé l’engagement de nombreuses compagnies aériennes, dont Air Canada, Airbus et la société britanno-colombienne Carbon Engineering, par la signature d’une lettre d’intention visant à acheter 400 000 tonnes de crédits de CO2. On estime que cette dernière, en développement, sera en mesure de capter près d’un million de tonnes de CO2 chaque année. Nous saluons aussi les engagements pris par nos homologues de l’industrie.

Au début du mois, Aéro Montréal a réuni de grands acteurs de l’industrie aérospatiale à Montréal pour discuter d’innovation et de comment nous pouvons travailler ensemble vers cet horizon décarboné. Toujours en septembre, l’OACI tiendra son assemblée, ici même à Montréal, et la décarbonation sera certes au cœur des discussions. Les aéroports et les compagnies aériennes sont également engagés. Nous les voyons mettre en place des projets concrets pour réduire leur empreinte. C’est une excellente nouvelle.

Cet engagement pris par l’industrie, c’est de poursuivre un rêve multigénérationnel et d’assurer un transport aérien de la manière la plus décarbonée qui soit. Le défi est réel et requiert que nous accélérions le pas. Assurons-nous de travailler ensemble dans la même direction, de façon encore plus soutenue et avec des objectifs clairs. Je suis convaincu que notre industrie qui a su relever de nombreux défis au cours de son existence possède toutes les capacités nécessaires pour que voyage en avion et décarbonation soient à l’unisson.