La Banque Nationale a annoncé mercredi à ses employés son intention d’accélérer le retour au bureau. Au lieu d’imposer un nombre de jours pour le personnel en mode hybride, c’est un pourcentage de temps passé au bureau qui est exigé.

« On s’attend à ce que les employés de la majorité de nos équipes passent en moyenne 40 % de leur temps au bureau », indique Brigitte Hébert, première vice-présidente à la direction, expérience employé, à la Banque Nationale.

La plus grande institution bancaire du Québec ne prescrit donc pas un nombre précis de jours par semaine, par mois ou par trimestre. « On donne le pouvoir aux équipes de tenir compte de leur réalité opérationnelle », explique Brigitte Hébert.

Si en fin de trimestre, par exemple, un employé doit passer plus de temps au bureau ou si un employé a des rencontres à faire avec des clients durant une période précise de l’année, il pourra concentrer ses présences en conséquence.

Le meilleur des deux mondes ?

« On commence à monter le volume maintenant pour atteindre un rythme de croisière pour la nouvelle année financière qui débutera le 1er novembre », dit Brigitte Hébert.

Elle ajoute que la banque souhaite ainsi élever le niveau des discussions pour les porter davantage vers d’autres éléments.

On veut donner du sens à ce qu’on désire accomplir ensemble comme organisation au lieu de mettre l’[accent] sur un nombre de jours strict.

Brigitte Hébert, première vice-présidente à la direction, expérience employé

En ce moment, le retour en présentiel est un sujet qui divise les troupes plutôt que les unir, souligne-t-elle. « On veut engager nos employés et bâtir des relations à long terme tant avec nos clients qu’avec les employés et les membres de la communauté. On veut une culture d’équipe et un milieu de travail stimulant. »

Le message qui se dégage est que la banque constate qu’il est plus difficile d’y parvenir dans un environnement et un contexte essentiellement à distance.

Brigitte Hébert soutient que la banque tente d’aller chercher le meilleur des deux mondes. « On veut aussi des conditions flexibles. On est convaincu que c’est un levier de rétention », dit-elle.

« C’est un moment important qui nous demande de voir comment on organise le travail. On doit créer de nouvelles habitudes de travail. On a de bons ingrédients, mais on doit faire la recette ensemble. On teste. On ajuste. On apprend. On continue d’avancer », ajoute-t-elle.

Toutes les organisations cherchent la recette magique. Mais personne ne l’a trouvée. Il faut rester ouvert et humble.

Brigitte Hébert, première vice-présidente à la direction, expérience employé

À la Banque Nationale, près de 4000 des 12 500 employés en mode hybride travaillent déjà au bureau au moins deux jours par semaine, dit Brigitte Hébert. « On est revenus à des seuils de début d’été. »

Entre 5000 et 6000 employés doivent quant à eux se déplacer tous les jours sur les lieux de travail. On peut notamment penser aux employés des succursales.

Bureaux neufs

La politique de retour en présentiel est annoncée alors que les employés du siège social s’apprêtent à travailler dans des bureaux neufs.

La construction du nouveau siège social à l’angle de la rue Saint-Jacques et du boulevard Robert-Bourassa est avancée. Les employés pourront commencer à y travailler dès l’an prochain. Le déménagement est prévu de façon graduelle durant la deuxième moitié de 2023. La tour d’une quarantaine d’étages comptera 7000 postes de travail et pourra accueillir jusqu’à 12 500 employés en mode hybride.

La construction de ce gratte-ciel avait été annoncée en 2018 à un coût évalué à plus d’un demi-milliard de dollars.

Cette initiative avait été lancée dans le but de moderniser les espaces de travail des employés afin qu’ils soient plus collaboratifs et technologiques dans une optique de rétention et de recrutement de personnel fournissant un avantage comparatif à la banque.

En avril, le PDG Laurent Ferreira avait indiqué à La Presse que dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, l’employeur devait s’adapter, mais que les sièges sociaux avaient une responsabilité de faire vivre les villes (restaurants, petits cafés, etc.).

Il avait aussi dit qu’il encourageait les employés à venir au bureau et que la coordination et l’innovation étaient « des choses qui ne se planifient pas sur Zoom ».

Chez la concurrence

Au Mouvement Desjardins, la direction dit ne pas avoir adopté une règle uniforme pour la rentrée. « Ça dépend de chaque équipe. Les gestionnaires ont déterminé le nombre de jours au bureau selon les besoins des employés. » Avec 57 000 employés, il n’y a pas de règle One size fits all, nous dit-on.

À la Banque Laurentienne, un modèle de travail hybride où le télétravail est privilégié a été adopté pour les tâches qui peuvent être effectuées à distance. La direction propose aux employés de choisir ce qui leur convient le mieux pour être le plus productif possible sans qu’ils soient obligés d’être présents physiquement au bureau. « C’est une stratégie qui favorise la rétention et la productivité en plus de nous donner un avantage concurrentiel sur le marché de l’emploi », indique la direction.