Les entrepreneurs en manque de capitaux et d’expertise pour soutenir la croissance de leur entreprise orientée vers la transition énergétique ont une nouvelle option à considérer.

Deux investisseurs québécois annonceront mardi la création d’un fonds de 250 millions à déployer dans des entreprises qui développent des technologies propres.

« Ce fonds sera probablement le plus gros au Québec et un des plus gros au pays au niveau de l’impact climatique », soutient Pierre Larochelle, co-associé-directeur chez Idéaliste Capital, une firme de gestion d’actifs fondée cette année.

Au moins 50 % du capital amassé par le fonds sera investi dans des entreprises du Québec, dit l’ex-haut dirigeant chez Power Corporation et actuel président du conseil d’administration des entreprises québécoises Lion Électrique et Lumenpulse.

Au cours des quatre prochaines années, une dizaine d’entreprises devraient bénéficier de l’aide du Fonds d’Impact Climatique Idéaliste pour accélérer la commercialisation de solutions « validées » qui génèrent un impact climatique positif.

Actif dans l’écosystème des changements climatiques depuis une douzaine d’années, Pierre Larochelle était aux premières loges pour apprécier les progrès réalisés au fil des ans tant sur le plan de la reconnaissance scientifique que de l’évolution des technologies.

« Explosion » d’occasions

Témoin privilégié des investissements dans le secteur des technologies vertes, il a pu observer autant les échecs que les avancées.

Pierre Larochelle anticipe une « explosion » d’occasions dans les 20 à 30 prochaines années. « Le potentiel est gigantesque pour le storage d’énergie », dit-il.

Des technologies « prouvées » commencent à être économiques, ce qui favorise une adoption, ajoute-t-il.

En solaire par exemple, en 2010, si tu voulais faire un parc de 1 mégawatt, ça coûtait 5 millions. Aujourd’hui, ce parc coûte 1 million.

Pierre Larochelle, co-associé-directeur chez Idéaliste Capital

Pierre Larochelle explique que beaucoup de capital de risque (des enveloppes de moins de 25 millions) est consacré au développement de nouvelles technologies, mais qu’encore très peu de capital de croissance (des enveloppes de 25 à 100 millions) est investi dans une entreprise ayant une solution « prouvée » pour lui permettre d’amener sa technologie à un autre niveau.

Les gestionnaires du fonds d’Idéaliste Capital débloqueront entre 25 et 75 millions pour chacune des 8 à 10 entreprises dans lesquelles ils comptent investir.

« On va prendre des participations de 20 à 40 %. Parfois, on prendra le contrôle. On va vouloir avoir une influence importante », ajoute Steeve Robitaille, co-associé-directeur chez Idéaliste Capital.

Le premier investissement devrait se concrétiser d’ici quatre ou cinq mois.

Pierre Larochelle soutient notamment être en discussions avec deux entreprises – dont une québécoise – qui développent des technologies de batteries.

« On cherche une technologie prouvée ayant un impact climatique important. On va s’attendre à voir des revenus, mais pas nécessairement des profits à ce stade-ci », dit Steeve Robitaille.

Un « pipeline pour les caisses de retraite »

La taille du marché potentiel sera aussi un critère déterminant pour un investissement du fonds.

« On va aider les entrepreneurs à s’organiser pour qu’ils aient éventuellement accès à des capitaux plus importants provenant, par exemple, de grandes caisses de retraite canadiennes qui ont parfois de la difficulté à investir des montants plus petits dans des entreprises qui ne sont pas encore tout à fait organisées, mais qui ont des solutions fantastiques », dit Steeve Robitaille.

« On va permettre aux entrepreneurs d’avoir accès à ce marché-là. Nos discussions nous permettent de croire qu’on sera perçus comme un pipeline par les caisses de retraite », précise l’ex-associé au sein du cabinet Stikeman Elliott.

La production d’énergie, l’électrification des transports et la décarbonation des industries (emballage durable, gestion des déchets, bioénergie, matériaux industriels verts, etc.) sont les secteurs cibles.

Si 250 millions ont jusqu’ici été amassés dans le fonds, ce capital devrait doubler pour atteindre un plafond d’un demi-milliard de dollars d’ici la fin de mars avec l’apport de nouveaux investisseurs.

Le capital jusqu’ici récolté par le fonds provient notamment de Desjardins, d’Investissement Québec, de Fondaction, de la Banque TD et de la Banque Nationale.